Initialement prévue sur une période de deux ans, la réhabilitation du boulevard Adolphe Nshimirimana stagne. Le taux d’exécution n’a pas encore atteint 50% après plus d’une année. Les habitants dénoncent une lenteur notoire. De leur côté, les responsables promettent que le deadline sera respecté.
Une bonne partie de la route nationale (RN9) dont fait partie le boulevard Lieutenant Général Adolphe Nshimirimana est bloquée depuis un certain temps. Les travaux de sa réhabilitation sont très lents. « C’est vraiment déplorable. Ça fait déjà plus d’une année. Mais voilà, la route est bloquée. Les véhicules ne passent pas. Seuls les vélos ou les motos peuvent s’y frayer un chemin », critique un habitant de Carama, en commune Ntahangwa de la province de Bujumbura.
Pour lui, ceux qui ont gagné le marché sur le tronçon rond-point des Nations Unies- Gikoma ne sont pas dynamiques. « On les voit sur le terrain mais, ils ne sont pas productifs. Apparemment, ils n’ont même pas assez de matériel. Ils ont souvent une ou deux machines seulement. »
Sur le terrain, le constat est que la route est bloquée à partir de l’endroit appelé Kukasoko, côté Carama en passant par Kukanka ou Kuri Main d’œuvre jusque dans environs du camp Ngagara. Il n’y a pas de circulation. Plusieurs ponts sont en cours de réaménagement. Les caniveaux ne sont pas encore aménagés surtout du côté Mutakura ou Kinama dans les quartiers Bukirasazi et Buhinyuza.
Une odeur de détournement
Les tenanciers des boutiques, des magasins, des bars et autres petits business qui longent le boulevard, ne comprennent pas pourquoi cette lenteur. « Nous pensions que les travaux allaient changer le visage de cette partie de la capitale économique. Mais, nous commençons à penser au détournement des fonds alloués à cette réhabilitation », fait savoir un tenancier d’une boutique. Nos sources déplorent d’ailleurs que certaines avenues ne sont pas accessibles.
Ils sont pessimistes. « Vraiment, ces travaux avancent très lentement. Allez voir du côté Tenga ou Rubirizi ! Ils ont commencé les travaux récemment à partir du pont Gikoma et aujourd’hui, les ponts sont terminés. Bientôt, ils vont mettre la première couche du goudron. Il n’y a plus de nids de poule ou de tas de terre en pleine route. Les caniveaux sont bien aménagés et canalisés », commente B. K, un habitant de Carama dans la partie dénommée Somalie.
D’après lui, sur le tronçon Rond-point des Nations-unies- Gikoma, une semaine ou deux semaines peuvent passer sans qu’aucun ouvrier ne se présente sur le chantier. « C’est vraiment déplorable », ajoute Alexandre Ndiyo, un habitant de Mutakura.
Les chauffeurs n’en reviennent pas non plus. « Moi, j’ai opté de ne plus prendre cette direction. Parce qu’il y a aujourd’hui beaucoup de déviations. Pour arriver au point Gikoma, on est obligé de passer dans le quartier Carama. Et là, il y a beaucoup de nids de poule, des avenues très étroites. Ces travaux sur le boulevard Adolphe Nshimirimana ont trop duré et apparemment ils n’avancent pas », avoue Idrissa, un chauffeur de bus qui dessert Tenga et Rubirizi.
Il dit ne pas comprendre comment ceux qui réhabilitent la RN9, tronçon Gikoma-Bubanza, sont très avancés alors qu’ils ont débuté les travaux après ceux sur l’autre partie. « Même lorsqu’ils étaient en train d’aménager les ponts, ils se sont arrangés pour ne pas perturber la circulation. Mais, les autres ont tout bloqué. »
Avec la saison pluvieuse, ça va être très compliqué pour les riverains. « On pensait que cette route sera terminée avec cette année. Mais, à voir l’état d’avancement, c’est impossible. Entretemps, on peine à accéder à nos maisons, à faire entrer nos véhicules chez nous. », souligne un habitant de Carama qui craint que les choses ne s’empirent.
Il faut noter que sur la pancarte installée lors du lancement des travaux, il est bien indiqué que la durée d’exécution est de 24 mois, c’est-à-dire du 1er juillet 2024 au 1er juillet 2026.
Une lenteur involontaire ?
Vincent-Bakire Nzoyisaba, coordinateur du Projet Réhabilitation du port de Bujumbura et ses voies d’accès, reconnaît que la durée pour achever les travaux sur le boulevard Adolphe Nshimirimana est de deux ans. Il signale qu’une année s’est déjà écoulée et qu’actuellement, les travaux sont à 35%. Il reconnaît qu’il y a eu une lenteur mais « involontaire ».

Il explique cela d’abord par le fait que cette route a changé souvent de conception. « Au départ, c’était la réhabilitation de la RN9. Mais, pour le moment, on est en train de faire le dédoublement. On est passé du simple au double. » Il évoque en outre le problème de déplacement des réseaux de la Regideso. A ce niveau, il parle des tuyaux, des conduites d’eau, des poteaux et des câbles électriques.
D’après lui, tout cela a retardé l’avancement des travaux. « Avec les pourparlers avec la Regideso, on est en train de résoudre pas mal de questions et les travaux avancent normalement aujourd’hui. Nous espérons qu’en 2026, ils vont prendre fin. »
En ce qui est des moyens, il indique qu’ils sont disponibles. Sans préciser le montant, il informe que le boulevard est en train d’être construit sur financement de l’Etat du Burundi, de la BAD et de l’UE.
Réagissant aux lamentations des riverains selon lesquelles la poussière envahit leurs maisons, M. Bakire leur demande d’être patients et compréhensifs. « Il est impossible d’arriver à un développement sans connaître de telles difficultés. Nous en sommes conscients mais, après les travaux, ils vont pousser un ouf de soulagement. »
Il reconnaît d’ailleurs qu’il y a même des avenues qui sont bloquées et où les propriétaires de véhicules n’accèdent plus à leurs domiciles. « On n’a pas de choix » Pour essayer de diminuer la poussière, il exige à l’entreprise d’exécution de faire l’arrosage de la route.
Pour rappel, le 9 janvier 2024, devant le Parlement, Dieudonné Dukundane, alors ministre en charge des infrastructures, avait indiqué que la réhabilitation de la RN9 dont une partie est constituée par l’avenue Adolphe Nshimirimana devait se faire en deux phases.
Il avait souligné que les fonds étaient déjà disponibles. « Ils proviennent du reliquat du budget qui était destiné à la réhabilitation du port de Bujumbura ».
Il avait aussi annoncé que les fonds de réhabilitation du tronçon Gikoma-Bubanza étaient également disponibles et que le marché a été gagné par une société chinoise.
L’ancien ministre Dukundane projetait le début des travaux début février-fin mars 2024 avec un coût de 16 millions de dollars américains.
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