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Bavures policières : « Il faut séparer les brebis des lions », selon le président de l’ACAT

05/05/2013 Commentaires fermés sur Bavures policières : « Il faut séparer les brebis des lions », selon le président de l’ACAT

Le 15 mars de chaque année, célébration de la journée internationale de lutte contre la brutalité policière. Rencontre avec Maître Armel Niyongere de l’Association Action des Chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT).

<doc7470|right>{Quelle actualité de la brutalité policière au Burundi ?}

Elle est visible dans notre société et les victimes sont nombreuses. Cette situation n’est pas toute nouvelle, mais aujourd’hui, elle a pris une ampleur inquiétante. Rappelez-vous du comportement affiché par les policiers en lançant des gaz lacrymogènes lors d’une manifestation pacifique des journalistes dans la matinée du 19 février 2013. Ces derniers ne demandaient que la libération de leur confrère Hassan Ruvakuki. Regardez dans les rues de Bujumbura les coups de matraque assénés à ces braves femmes qui font le commerce ambulant de fruits et légumes pour subvenir aux besoins familiaux après l’incendie du marché central de Bujumbura.
Il y a aussi cette manie d’arrêter les taxi-motos à l’aide d’une corde sans parler des taxi-vélos. Et cela ne cesse de coûter la vie à des gens innocents. Le camp le plus récent est celui du 5 février 2013 où un homme a succombé à ses blessures après avoir été renversé par un policier à l’aide de cette fameuse corde.
Ici, il faut signaler ce qui vient de se passer sur la colline Businde, en commune Gahombo dans la province Kayanza (au nord du pays) où la police a tiré sur une foule d’adeptes d’Eusébie Ngendakumana après leur prière matinale. Il y a eu 9 morts et 38 blessés. Un autre élément très important est le cas de torture qui démontre aussi le degré de brutalité policière. 115 cas de torture ont été enregistrés en 2011 et cela est pratiqué dans certaines prisons ou postes de police pour extorquer des aveux, etc.

{Quelles sont les causes et les conséquences ?}

Ce phénomène est lié en premier lieu au manque de formation des éléments de la police. Avec la fusion des éléments des anciens groupes rebelles, certains policiers n’ont pas été suffisamment formés sur le comportement à adopter dans certaines situations. Il n’y a pas eu un temps suffisant pour leur inculquer un peu de civisme leur permettant de bien collaborer avec la population. C’est encore lié, peut-être, aux comportements individuels. Il faut également noter l’impunité. Quand un policier commet une bavure et qu’il n’est pas poursuivi et puni, il peut rééditer son forfait ou récidiver. Il y a donc une sorte de complicité, la tentative de se protéger mutuellement est perceptible. La conséquence directe : la population ne fait plus confiance aux corps de sécurité. La police est sentie comme une menace et non une protection à cause de l’irresponsabilité de certains agents impliqués dans des cas de torture, de vols, de viols, etc.

{Que faire pour changer cette situation ?}

Il faut séparer les brebis des lions. Le gouvernement doit s’impliquer pour punir les policiers coupables de torture, de certains délits,… Il faut que cette solidarité négative manifeste entre les hauts gradés de la police et les subalternes cesse, et commencer à appliquer le code pénal. Dans le nouveau code pénal du 22 avril 2009, il est bien précis dans les articles 204 et 209 que les policiers coupables de brutalité ou d’autres délits doivent être sanctionnés. Normalement, la police est là pour sécuriser la population et en cas de manifestation, en cas de violation de la loi, la police doit user de toutes les tactiques pour arrêter cette manifestation sans causer des dégâts humains. Et si elle est légale, la police doit être là pour protéger les manifestants. Nos policiers ont besoin d’une formation en civisme. Et c’est au gouvernement d’organiser ces genres de recyclage. Il faut que la justice se montre indépendante pour poursuivre les auteurs de tous les crimes sans distinction. Il faut donc réformer ce corps de sécurité pour s’aligner aux normes internationaux.

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