Vendredi 26 avril 2024

Politique

« Tentative d’assassinat » sur Charles Nditije : plan raté ou psychose ?

21/07/2014 20

Jean Bosco Nsengiyumva, un policier de la garde rapprochée du président du Sénat, est détenu à la Brigade Spéciale de Recherche. L’Uprona non reconnu par le pouvoir l’accuse de tentative d’assassinat sur Charles Nditije, son président. Le pouvoir, pointé du doigt, estime que c’est un complot. Iwacu a mené l’enquête.

Jean Bosco Nsengiyumva, celui qui se réclame le sauveur de Charles Nditije ©Iwacu
Jean Bosco Nsengiyumva, celui qui se réclame le sauveur de Charles Nditije ©Iwacu

Un inconnu armé au restaurant

Samedi 12 juillet aux environs de 17 heures, au restaurant Empire, sis sur l’avenue Gitega, en commune Rohero (Rohero1). Huit membres du comité central de l’Uprona se sont rencontrés dans le cadre des préparatifs de la réunion du comité central prévue pour le lendemain. Soudain, raconte André Habonimana, un des participants à cette rencontre, un homme en tenue civile les interrompt. Il veut parler à Charles Nditije ou à quelqu’un d’autre du groupe. Selon cet inconnu, poursuit M. Habonimana, il a reçu la mission d’éliminer physiquement l’honorable Nditije. Pourtant, il ne connaît ni l’homme et n’a nullement l’intention de le tuer. L’inconnu brandit son pistolet et demande alors si Charles Nditije est celui vêtu en chemisier blanc. Il supplie son interlocuteur de garder cette information secrète : « Elle doit rester entre toi, moi et M. Nditije seulement. Sinon, les commanditaires risquent de me tuer à mon tour.» Leur entretien, se rappelle André Habonimana, durera entre 3 et 4 minutes.
Néanmoins, M. Habonimana estime qu’il faut partager cette information avec l’équipe. « Il ne faut jamais faire confiance à un ‘assassin’ parce qu’on ne sait jamais… », se dit-il.

Aussitôt informée, l’équipe décide d’arrêter ses activités et de s’occuper de cet homme. Félix Mboneko, coéquipier de M. Nditije, tente de le prendre en photo à l’aide d’un téléphone portable. L’individu refuse et exige même que la photo prise soit supprimée.
Il est alors désarmé puis ligoté. Jusque-là, son identité n’est pas connue, puisqu’il n’a aucune pièce sur lui.
La presse et la police sont alertées. En moins de 30 minutes, elles sont là. L’inconnu est alors conduit à la Brigade Spéciale de Recherche criminelle. « C’est de là qu’il décline son identité : policier », s’étonne Charles Nditije. Il est alors interrogé puis gardé au cachot.

Edouard Nduwimana : « C’est un pure montage » ©Iwacu
Edouard Nduwimana : « C’est un pure montage » ©Iwacu

Des témoins racontent

A quelques 200 mètres du restaurant Empire, se trouve un kiosque alimentaire. Un employé dans ce kiosque, témoigne que le policier est arrivé là depuis 15 heures : « Il étanchait sa soif en compagnie d’un ami en état d’ivresse. » Notre source affirme que ses clients ont pris deux bouteilles de primus chacun puis sont partis : « Je n’ai pas suivi leur conversation parce que je n’y voyais aucun intérêt », avoue le boutiquier. Plus tard, il apprendra à sa grande surprise que l’un de ses clients était en possession d’une arme.

Quid du port de l’arme en tenue civile ? D’après des sources concordantes policières et militaires, le port de l’arme en tenue civile dans certaines missions des corps de police et de l’armée, dont la sécurité rapprochée des autorités, est permis.

Le restaurant Empire se situe dans le voisinage du domicile de l’ex-président Jean-Baptiste Bagaza. Son gardien assure avoir vu l’homme 20 minutes avant son arrestation : « Il essayait de s’approcher de notre portail, et je me suis levé pour suivre ses mouvements. » Il a eu l’impression, confie le gardien, qu’il s’était trompé d’adresse quand il l’a vu se diriger du côté du restaurant Empire.
Le propriétaire du restaurant affirme qu’il n’a pas su comment cet homme s’est introduit au restaurant : « J’étais occupé par les commandes des clients à la cuisine. » Et son gardien d’ajouter aussitôt : « Quand je l’ai vu entrer, je l’ai pris pour un client qui vient en premier à un rendez-vous ou qui se joint aux autres. » A sa grande surprise également, il apprendra de la part des upronistes réunis qu’il avait « la mission d’assassiner leur président .»

D’après le propriétaire de l’Empire, M. Nditije et ses compagnons ne sont pas de fidèles clients. « Je les ai vus chez moi deux ou trois fois, pas plus pour qu’ils soient identifiables par un inconnu. »

Charles Nditije : «  Quand on est attrapé en flagrant délit, la première réaction est de nier. En psychologie, c’est la dénégation » ©Iwacu
Charles Nditije : « Quand on est attrapé en flagrant délit, la première réaction est de nier. En psychologie, c’est la dénégation » ©Iwacu

Charles Nditije charge le pouvoir

Le président de l’Uprona non reconnu au ministère de l’Intérieur fait savoir que le projet de l’assassiner a été planifié par le pouvoir : « Le même jour, des motards et des agents du Service National de Renseignements grouillaient partout à l’avenue Gitega. » Pour lui,  ils étaient aux aguets pour sauver le policier après l’accomplissement de la mission.

De surcroît, dans la même soirée quand M. Nsengiyumva était sous interrogatoire, M. Nditije indique que les officiers instructeurs du dossier étaient sollicités : « Des messages écrits venus des autorités tombaient tout le temps sur leurs portables. »
Interrogé le lendemain, M. Nduwimana a déclaré que c’est un montage inventé de toutes pièces par le camp Nditije. Le porte-parole de la police se contentera de dire qu’au restaurant Empire, « le policier Jean Bosco Nsengiyumva prenait un verre. »

« Faux et archi-faux », riposte M. Nditije. La défense du pouvoir, remarque-t-il, est une fuite en avant. « Elle prouve qu’il s’accuse déjà. Pourquoi monte-t-il au créneau avant que les enquêtes ne soient menées ? »
La tentative, poursuit Charles Nditije, s’est passée au grand jour et devant des témoins. Il n’y a donc pas de place pour le montage. En outre, explique-t-il, il est déjà acquis que le policier s’est rendu sur les lieux armé et en tenue civile sans pièces d’identité et sans aucune intention de commander quoi que ce soit.

Pour le député Nditije, il n’y a pas de doute que le plan de son assassinat a été bel et bien envisagé. « Seulement, il a échoué parce qu’il a été mal conçu. » Il demande à qui de droit que le policier Nsengiyumva soit protégé pour que les enquêtes soient menées avec célérité et en toute indépendance.

Forum des lecteurs d'Iwacu

20 réactions
  1. Richard

    Je reste convaincu qu’il s’agit d’une publicité gratuite de NDITIJE, personne n’a besoin de lui car comme il le fait croire à pas mal de Burundais, il ne représente rien à l’UPRONA. C’est une marionnette qu’on déplace comme on veut. Il n’a aucun droit de décision que de se courber devant les Tutsi vrais chefs de l’Uprona.
    Il serait sage pour lui de s’occuper de la psychologie car il est difficile de faire bien deux choses à la fois, le plus souvent tu fais tout mal.
    Il est pratiquement difficile d’être un bon prof d’université qui fait sa recherche et d,être un bon président d’un grand parti politique d’opposition. Mais cela est possible au Burundi avec le culte de la médiocrité.
    Il est plus que nécessaire de faire la lumière sur cette affaire car de mon avis, cela est un simple montage car si réellement la sécurité de NDITIJE était ménacée, il aurait pu demandé en premier d’être sécurisé.

  2. Venant

    Mbe ko Ministre de la sécurité publique ataco abivugako? Siwe atwara abapolisi?

  3. Mutima

    La dénegation!!!… Ne pas reconnaître qu’on a un problème… ou qu’on est un problème !…

    Puisqu’il a « apparemment » tout avoué, où est cette dénégation? Ce qui est intéressant est ce conciliabure qui aurait eu lieu entre le policier et son « messager »… À mon avis la police est en train de cuisiner la mauvaise personne… Si on veux aller au fond, il faudra que, et Nditije, et le « messager » passent à l’intérrogatoire.

    Quant à l’Uprona qui reproche au pouvoir de fuite en avant en dénonçant un montage avant la fin des enquêtes, je leur retournerait le même compliment… Pourquoi disent-ils que c’est une tentative d’assassinat avant la fin des enquêtes?

    Et pour finir…

    La dénegation!!!… Ne pas reconnaître qu’on a un problème… ou qu’on est un problème !…

    Cela appelle à une intronspection! De qui? C’est là que se trouve la DÉNÉGATION! À chacun de choisir son « camp de dénégation ».

    N.B. : « Ceci n’est pas une expertise psychologique! »

  4. Gikwerere Concilie

    Ndabagarika!

  5. Rupande

    Rien n’est étonnant quand la presse nous reporte que Nditije souffre d’ une psychose que les Hutu veulent le tuer. Je vous assure que ce n’est pas seulement Nditije, mais c’est tout les Baporona qui ont trempé dans les massacres que l’Uprona a commandité pendant ses 40 ans de règnes.
    Quand ces Baporona massacraient les Hutu durant 40 ans, ils pensaient que ça finirais comme ça. Mais ils avaient oublié qu’ «amaraso ahuma atabora», disent les Burundais. Le résultat c’est ce psychose dont souffrent les Baporona dont Nditije.

    La seule et l’unique thérapie pour cette psychose de Nditije et des Baporona est une confession parfaite et complète devant la nation Burundaise. Le enquêtes, psychiatres ou psychologues ne peuvent rien contre cette maladie, parce qu’«ari amazi abaporona banyoye none ariko arabagaruka»
    Tout de même,
    1.J’aimerai rassurer Nditije et les autres Baporona : « Aucun Hutu n’est en train de planifier de se venger sur les actes que l’Uprona et les Baporona ont commis durant leurs 40 ans de règne. C’est regrettable qu’ils ont une psychose.»
    2.J’aimerai lancer un appel à l’intention de tous les Burundais: Cher Burundais, craignent le sang humain et de faire un bain de sang. Le sang humain est plus fort et rancunier que les humains et leur justice, de tel point que sa rancune et sa force de frappe se retourne toujours contre celui qui l’a déverser quelque soit le temps qui s’écoule après l’acte.

  6. Ntakije Désiré

    « Huit membres du comité central de l’Uprona se sont rencontrés dans le cadre des préparatifs de la réunion du comité central prévue pour le lendemain. Soudain, (…) un des participants à cette rencontre , un homme en tenue civile les interrompt (…). Cet inconnu, a reçu la mission d’éliminer physiquement l’honorable Nditije (…) ». Comment un inconnu peut-il s’introduire dans une réunion restreinte d’un parti politique sans qu’il ne soit vu. Ivyo bintu biragaragara ko ari irementanya.

  7. kireko

    mbega abarundi muri ibijuju, vous continuez à croire aux DD, igihe batanga ayashushe n’ayakanye ku mabarabara, mwibaza ko munyuma bazobaha amata. uwutazokwicwa ni nkoho, ikigoyi kizomunyara

    • Mthukuzi

      Hehe 🙂 🙂 🙂

  8. vyemere nivyo

    Mr ayuhu, franchement uriyumvira iremenkanya aba DD bagira bama babikora barikumwe naba polisi, kuko nigikoresha cabo… ahubwo c’est toi qui est vraiment ridicule kugira uvuge ivyo

  9. Mshahidi

    Que dit le présumé assassin ou son avocat? Vos enquêtes sont incomplètes je trouve..

  10. Jean-Pierre Ayuhu

    Si le ridicule devait tuer, Nditije ne serait plus de ce monde…Très sincèrement, je pense que cette histoire de tentative d’assassinat et plutôt un moyen de se faire une publicité gratuite. L’histoire dira certainement qu’il s’agit bien d’un montage de ces hommes et femmes de l’Uprona.
    A part ça, Nditije définit faussement la notion de « dénégation » qu’il confond à un simple fait du refus d’avouer …bravo Dr en psychologie!

    • burka

      Monsieur Ayuru, tu es tout autant ridicule comme celui que tu accuses d’être ridicule,
      tu peux imaginer un seul instant concocter un montage avec un policier? c’est propre aux DD seulement.

      • Jean-Pierre Ayuhu

        Burka na Vyemere…,

        Je présume que vous êtes vraiment naïfs…
        Avez-vous vu un rescapé d’une tentative d’assassinat brandir l’acte pour se glorifier de son immortalité ?
        Il semble qu’un rescapé de ce genre d’acte prend plutôt profil bas pour se protéger ou alors demande protection….Ba mufyinira hiyo basha.
        Irambire

        • l'histoire est en marche

          Sinzi nimba nawe uri umu psy muga analyse yawe iri pour le moins bizarre ushaka asabe protection nde? Le pouvoir?? Quand même tu n’est pas sérieux…

        • Nzobandora

          Demander protection à qui?
          Faut te faire soigner mon ami.
          Sinon, seul toi et Kabadugaritse êtes profondément aveuglés par votre militantisme DD pour croire que l’Uprona qui n’est plus dans les institutions peut comploter avec la police et surtout celle chargée de la sécurité du président du sénat.

          Soyons sérieux !!

    • KABADUGARITSE

      Quand au boulot ça ne marche plus, certains devraient avoir le courage de déposer le tablier. On voit bien que Monsieur NDITIJE n’a plus de place à la direction de l’Uprona. Tantôt accusé de détournements et de mauvaise gestion, tantôt victime du nyakurisation de son Parti, tantôt candidat exprès pour Mpanda, il devrait céder la place à un de ses fidèles lieutenants pour le bien de sa santé et la tranquillité de son sommeil.

      • Butoyi

        @ kabadugaritse
        Dans un message que je t’ai adressé mais qui n’était pas publié, je te disais que seulement tu peux te fier à la sagesse burundaise: Ruriy’abandi rutakwibagiye. Demain ou après demain je te le rappeler. Il y a beaucoup de choses sur lesquelles on peut se concentrer comme sauver l’image de ton pays en le relevant de sa pauvreté. Je te propose de lire l’image du Burundi à l’étranger et tu sauras si traquer les autres est aussi urgent que tu le penses.
        Burundi we Imana yakuduhay’ikudutungire!

      • l'histoire est en marche

        Oui il y en a qui devraient être courageux et déposer le tablier ntibasubire kutugora ngo bitoze…. nne waravye mu burundi buzima usanga ni nditije kabisa??? Ubona arivyo vyogirira akamaro igihugu gusumba???? At least urwaye amaso!!!

    • Caliente

      Pour ce qui est de «un moyen de se faire une publicité gratuite», tu le fais très bien sur ce site web en défendant l’indéfendable, tu devrais toi aussi engager un policier armé, le laisser boire quelques bières, et le demander de tenter de t’assassiner, dans un lieu où il pouvait être tué à son tour.

  11. GAKIZA Prince

    None ga yemwe ubwi bwicanyi bozodushikana he. Nta intambwe yigeze iba intama, uwamye yica azosaza yica. Igihugu kirakwiwe gutwarwa n’abakiri bato bafise amaboko n’umutima vyera, batagira amaraso n’amacakubiri mu mitima yabo!

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