Vendredi 26 avril 2024

Société

Quand l’administration viole une propriété privée

20/07/2016 8

Après une vingtaine de jours d’emprisonnement, Marc Nkezimana vient d’être relâché, ce mardi 19 juillet 2016. Il était accusé d’avoir détruit un bureau collinaire en construction sur une propriété appartenant à sa famille.

Le bureau collinaire en question sur la colline Rwamiro
Le bureau collinaire en question sur la colline Rwamiro

Professeur d’Histoire au collège communal de Murago, commune Burambi en province Bururi, Marc Nkezimana a été arrêté sur son lieu de travail, le 23 juin 2016. Dans un premier temps, il a été détenu dans les cachots de la brigade de Burambi pendant 4 jours avant d’être transféré dans les cachots de Rumonge. Il est accusé d’avoir détruit un bureau collinaire que la commune Burambi est en train d’ériger sur la localité Rwamiro, zone Murago, colline natale de Marc Nkezimana. Selon un membre de la famille du détenu, c’est un abus du pouvoir de la part de l’administration communale.

Ce feuilleton commence au mois de mars 2016. «Le chef de colline a commencé à organiser des réunions sur cette propriété. Il disait que le bureau collinaire sera érigé là coûte que coûte », confie un habitant de Rwamiro. Le chef de colline, Pascal Nivyubusa, passe à l’attaque en mai. Marc Nkezimana, pour le compte de la famille Joseph Muzehe (son père), ouvre un dossier (RC4766) au Tribunal de Résidence de Burambi. Ce dernier écrit, le 9 mai 2016, au chef de colline lui demandant de suspendre la construction de ce bureau collinaire en attendant que ce dossier soit liquidé. D’après le tribunal, la construction de ce bureau est contraire à la loi.

Et l’administrateur communal intervient

Quelques jours plus tard, le 23 mai, l’administrateur de la commune Burambi, Adelaïde Nduwimana, envoie une correspondance au président du Tribunal de Résidence de Burambi. Elle lui demande de revenir sur sa décision car «c’est un projet du gouvernement.» Pour elle, suspendre la construction, c’est être en désaccord avec l’Etat. Malgré cette interdiction du tribunal, les travaux continuent.

Le 22 juin 2016, une partie du mur est détruite par des personnes non encore inconnues. Le lendemain, Marc Nkezimana est appréhendé. Le soir même, un travailleur de la famille Joseph Muzehe et un voisin sont arrêtés. «On les accusait d’avoir reçu de l’argent de la part de Marc pour détruire le bureau. Ils ont été relâchés par après », indique D.K, un habitant de Rwamiro. «C’est un acharnement contre notre famille car personne ne le charge. Nous pensons aussi que c’est une stratégie de l’administration pour emprisonner Marc et poursuivre la construction sans gêne », s’insurge un membre de la famille.

«Cette propriété nous appartient depuis belle lurette.»

En érigeant ce bureau sur cette propriété, l’administration locale argue que c’est un domaine de l’Etat. Ce qui n’est pas l’avis de la famille Joseph Muzehe. D’après un document en sa possession, cette propriété lui a été octroyée le 19 mars 1965 par l’arrondissement de Bururi. «C’est un harcèlement car on a voulu nous prendre cette propriété à maintes reprises, mais nous avons tous les documents. Même la Commission nationale Terre et autres biens (CNTB) a donné raison à la famille.»

Le chef de la colline Rwamiro n’a pas voulu répondre aux questions d’Iwacu. Des sources à cette colline rapportent que les travaux de construction se poursuivent à la hâte afin de terminer le plus tôt possible. Adelaïde Nduwimana, elle aussi, n’a pas voulu s’appesantir sur le dossier. «Il n’est plus entre mes mains.» Interrogé, le gouverneur de la province Rumonge, Juvénal Bigirimana, indique qu’il ne peut pas s’exprimer sur cette question, pour le moment. «Ce que je sais, c’est qu’ils ont détruit le bureau.»

Marc Nkezimana s’était présenté devant la chambre de conseil, ce mercredi 13 juillet 2016. Cette dernière vient de le relâcher ce mardi 19 juillet 2016.

Forum des lecteurs d'Iwacu

8 réactions
  1. irimaso

    c’est domage!

  2. Munico

    None ga Bakali ivyo vya CNARED ubizanye gute muri iyi sujet y’umuntu yarenganijwe kombona n’umwana azi kwavura yoruca!!! Amakosa yambere yagizwe nuwo yiyita ngo ni umukuru w’umutumba kuko ntiyarikwubahuka ngo ashigikire musitanteri mukwemera ko hubakwa iyo nyubakwa mw’itongo ry’umunyagihugu kandi hatabuze ayandi matongo bokwubakamwo. Hamwe hoba habuze aho bubaka boheza bakumvikana ikiguzi bakamugurira canke bakagura ahandi!!! Ako karenganyo kama kagirwa n’ubutegetsi niko kama gakwega akarambaraye muri bene Burundi!

  3. Kimaranyi

    Et si on dit que la justice n’est pas indépendante ? Un administrateur qui change la décision d’un tribunal c’est spécifique au Burundi . Un projet du gouvernement qui viole la justice on dira que la justice travaille pour qui?

  4. Malheureux Wi.

    C’est vraiment pathétique. Et maintenant que les médias sont fermés, qui va plaider pour qui?

    VIVE LA RPA!

  5. Mthukuzi

    « Elle lui demande de revenir sur sa décision car c’est le projet du gouvernement ». Voici un des multitudes maux dont souffre le pays. Un administrateur communal incapable de distinguer le gouvernement de l’administration locale. Et qui, de surcroit, croit que la justice doit se plier à la volonté du gouvernement même en cas d’injustice avérée. Turacakubititse wallah!

    • Bakari

      @Mthukuzi
      Et comment?
      N’aho Cnared yobasubirira vyobandanya uko nyene!

      • Mthukuzi

        Comment? Uko nyene! Cnared nayo ivuye he? Injustice iguma ari un injustice naho yoba ari Mandela ayikoze. Mbe ntimuciyumvira en dehors de la dualité Gouvernemnt Vs. opposition?

        • Bakari

          @Mthukuzi
          Uramaze kubona umunsi umwe gusa ico gihugu kitagira akarenganyo kuva kibaho? No ku bami kwari iko. Turacakubititse nyene!

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