Samedi 27 avril 2024

Politique

Voyage au cœur de la désolation

Voyage au cœur de la désolation
Ibrahim Uwizeye: « Le gouvernement ne ménagera aucun effort pour que le pays soit toujours approvisionné adéquatement »

Questions, angoisse, peur du lendemain … la population ne sait plus à quel saint se vouer après l’annonce ce lundi, 11 septembre 2023 d’une nouvelle hausse des prix du carburant. Iwacu a rencontré une population désabusée.

L’information a fait frémir. Désormais, à Bujumbura, le prix du carburant à la pompe est de 4550 BIF par litre pour l’essence super ; 4250BIF par litre pour le mazout et 4135 BIF par litre pour le pétrole. « Le carburant n’est pas produit localement et les prix sont fixés au niveau mondial, le Burundi subit des chocs exogènes liés aux variations du prix sur le marché international », a expliqué Ibrahim Uwizeye, ministre de l’énergie, lors d’un point de presse.

D’après le ministre, des facteurs exogènes ont motivé cette énième hausse : « Le gouvernement n’a cessé de prendre des mesures convenables en vue de faire face à ces augmentations des prix au niveau international en abandonnant certaines taxes et droits de douane sur le carburant.»

Il a ajouté que des échanges avec les partenaires ont permis de canaliser les efforts de tout le monde, y compris les importateurs. « C’est pour cette raison que les prix de ces produits sont restés plus abordables au Burundi que dans le reste des pays de la sous-région. »

M.Uwizeye a reconnu que, malgré ces efforts, la révision des prix du carburant est devenue impérative « pour garantir le fonctionnement normal des Institutions de la République et le transport des biens et des personnes ».

Le ministre Uwizeye a promis que le gouvernement ne ménagera aucun effort pour que le pays soit toujours approvisionné adéquatement.

Au ministère du Commerce, celui de l’Administration territoriale et de la Sécurité publique, il leur a demandé de conjuguer les efforts pour décourager toute éventuelle manœuvre qui viendrait perturber l’approvisionnement du carburant. « Le gouvernement tranquillise la population que tout devra être fait pour que l’approvisionnement en carburant et produits pétroliers réponde à ses attentes et garantisse la poursuite de l’activité économique en toute quiétude. »

Pour rappel, avec presque les mêmes motifs, le 21 juillet 2023, le gouvernement du Burundi avait revu à la hausse le prix du carburant : à Bujumbura, le prix d’un litre pour l’essence super avait été fixé à 3.985BIF, celui du gasoil à 3.795 BIF tandis que 1 litre du pétrole était à 3.930BIF.

L’autre révision avait eu lieu, en avril 2022 où le prix de l’essence était passé de 2 700 à 3 250 BIF, celui du mazout de 2 650 à 3 450 BIF et celui du pétrole de 2 450 à 3 150 BIF, en marie de Bujumbura.

Le prix du ticket de transport revu à la hausse

A Bujumbura, la nouvelle hausse du prix du carburant n’a pas été bien accueillie

Ce mercredi 13 septembre 2023, le ministère du Commerce, du Transport, de l’Industrie et du Tourisme a rendu publics les nouveaux tarifs du prix du ticket du transport en mairie de Bujumbura et pour l’intérieur du pays. Pour ce ministère, c’est pour donner suite à la récente augmentation des prix du carburant et compte tenu de l’intérêt général de toutes les parties prenantes.

A titre illustratif, désormais, le prix du ticket de transport par bus en mairie de Bujumbura est fixé à 650BIF. Du centre-ville vers les quartiers périphériques, les tarifs ont changé. Selon cette ordonnance ministérielle, pour se rendre à Maramvya, commune Mutimbuzi, province Bujumbura, on doit débourser entre 1100 BIF et 1350BIF. Pour Ruziba, Busigo et Rubirizi, le prix du ticket est à 1100 BIF.

Du centre-ville vers Buterere ou Carama, le passager doit débourser 900BIF, pour se rendre à Kiriri, il va désormais payer 800 BIF tandis que pour Gatumba, c’est 1200 BIF.

De Kanyosha à Ruvumera, de Kamenge-Ruvumera ou de Chez Siyoni vers Mirango rond-point en zone Kamenge, tout passager payera 650BIF. Et du centre-ville vers Muyira, le ticket est pour le moment fixé à 1900BIF.

« Que le président de la République ait au moins pitié de nous ! »

Dans les rues de Bujumbura, dans les quartiers, cette nouvelle hausse n’est pas bien accueillie. Les citadins sont déboussolés et craignent pour leur futur. « Qu’allons-nous faire ? Comment allons-nous vivre, subvenir aux besoins de nos familles avec cette montée répétitive des prix ? Pensent-ils à nous, à nos familles ? Je suis t très abattu. Veulent-ils qu’on se suicide ou pas ? », se lamente Joseph, un habitant de Bujumbura, croisé au centre-ville.

Ce père de six enfants et ancien commerçant dans l’ex-marché central de Bujumbura, parti en fumée en 2013, trouve que ceux qui prennent ces décisions ne visent pas l’intérêt de la population. « Comment me dire que tu travailles pour mon intérêt en augmentant tous les prix alors que les sources de revenus s’amenuisent du jour au lendemain ? Les taxes, les stands au marché, les papiers administratifs, le riz, le sucre … Tout a été revu à la hausse », énumère-t-il, choqué.

Se référant aux nouveaux tarifs du ticket de transport, il signale que pour se rendre au centre-ville, il va dépenser au moins 1800BIF pour un seul trajet aller-retour. Cet habitant de Carama se demande comment il va avoir cet argent. A cela, il faut ajouter le ticket pour ses deux enfants qui étudient au Lycée du Lac Tanganyika.

Joseph doute que même les fonctionnaires de l’Etat payés mensuellement arrivent à s’en sortir. Leurs salaires restent inchangés. Et d’adresser un message au président de la République : « A votre investiture, vous nous avez promis que chaque poche va avoir de l’argent et que chaque bouche aura à manger. Est-ce de cette façon qu’on va y arriver ? Ayez au moins pitié de nous », plaide-t-il. Il craint qu’avec cette nouvelle hausse, les prix d’autres produits risquent de suivre.

A.N., une mère rencontrée à Bwiza, se dit dépassée. « Quand j’ai vu cela sur les réseaux sociaux, je pensais que c’est une rumeur. C’est après les informations du soir, à la radio, que j’ai finalement compris que c’est vrai. C’est un coup dur. Je ne sais même pas quoi dire ? », se plaint-elle. Elle dit ne pas comprendre comment on peut hausser les prix d’un même produit deux fois en moins de deux mois.

Cette mère, la soixantaine, indique que même à l’époque de l’embargo (après le retour de Pierre Buyoya au pouvoir en 1996, les pays voisins du Burundi avaient imposé un embargo. NDLR), le prix de l’essence n’était pas monté jusqu’à ce niveau. « C’est catastrophique. Voilà, le ticket de transport vient d’être revu à la hausse. Comment allons-nous vivre ? Nous déplacer dans ce contexte de pauvreté, de hausse généralisée de tous les prix des produits ? C’est vraiment inimaginable. On ne s’attendait pas à cela », critique-t-elle. « En tout cas, nous reculons au lieu d’avancer. Et le pire est à craindre. Que le président de la République ait pitié de nous »

Les propriétaires des véhicules sont aussi désemparés. « En tout cas, les choses vont empirer. Où allons-nous trouver tout cet argent pour approvisionner nos véhicules ? Moi par exemple, pour faire le plein, je dépensais autour de 160.000BIF. Avec ces nouveaux tarifs, ça va sans doute aller au-delà de 200.000BIF. Où est ce que je vais trouver cet argent alors que mon salaire n’est pas revu à la hausse ? », confie E.P, un fonctionnaire interrogé.

Pour lui, le gouvernement devait se soucier du bien-être de la population : « Il ne faut pas seulement penser à combler le déficit budgétaire, mais il faut aussi voir d’où vient cet argent. Si on continue à hausser les prix de tous les produits, les taxes … la population va continuer à s’appauvrir, à mourir de faim, les enfants vont abandonner les écoles, etc. Est-ce ça le Burundi émergeant qu’on vise ?»


Réactions

OLUCOME : « Un argumentaire farfelu »


« Les arguments du ministre de l’Energie et des Mines sont loin d’être convaincants », réagit Gabriel Rufyiri, le président de l’Observatoire et de lutte contre la corruption et les malversations économiques (OLUCOME).

Selon lui, au regard des taxes et frais de cette nouvelle structure des prix du carburant, il sied de constater que le gouvernement n’a fait aucun effort. « Rien que pour les taxes, c’est environ 1000 BIF par rapport au précédent prix et plus de 631 BIF pour la TVA. Si réellement le gouvernement voulait contribuer dans la relance économique, en soutenant la population, il devrait voir comment diminuer cette énorme hausse ».

Pour lui, faire le parallélisme entre le prix du litre à la pompe au Burundi par rapport à celui des autres pays de la sous-région est une échappatoire pure et simple du gouvernement. « Parce que les pouvoirs d’achat des populations de ces pays ne sont de loin supérieurs à celui des Burundais dont le PIB/habitant atteint à peine 300 USD/an et moins d’1 USD par jour. Alors que celui des Tanzaniens dépasse plus de 3 fois celui des Burundais. Idem pour celui des Rwandais, des Congolais qui peut atteindre 3,5 USD par jour. »

Il est convaincu qu’il y a moyen d’alléger le fardeau pour la population. M.Rufyiri se demande pourquoi le gouvernement ne veut pas utiliser la voie maritime alors qu’elle est moins chère, préférant le corridor nord, très onéreux. « Y a-t-il des intérêts des uns qui seraient mis à mal ? Je n’en doute point. Mais, c’est l’intérêt général qui doit prévaloir. »

Et de hausser le ton : « Face à ses errances, nous ne pouvons pas nous taire. » Il fustige le monopole de certaines sociétés qui se sont érigées en maîtres dans ce secteur. « Si un seul fournisseur s’est accaparé de la quasi-totalité du marché, comment voulez-vous que les prix ne soient pas fixés à sa guise ? »

D’après lui, l’idéal serait de multiplier les importateurs, leur accorder les mêmes avantages et facilités.
Face à la pénurie des devises, il estime que le gouvernement doit faire feu de tout bois pour relancer l’économie en diversifiant les exportations. « Le déséquilibre de la balance commerciale plombe l’activité économique. Actuellement, les importations dépassent les 80% alors que les exportations peinent à atteindre 10%. »

M.Rufyiri plaide pour la mise en place d’une commission indépendante regroupant les grands contribuables, les consommateurs, les représentants des importateurs et ceux du gouvernement afin d’analyser ensemble comment atténuer les conséquences liées à cette hausse du carburant. « C’est cela l’urgence », insiste-t-il.

ABUCO : « Il y a un manque de transparence »


L’association burundaise des consommateurs (ABUCO) déplore un manque de transparence dans la structuration des prix. « Auparavant, cela se faisait ensemble avec toutes les parties prenantes dans la commercialisation du carburant qui sont des importateurs, le gouvernement, les consommateurs et l’association des transporteurs », explique Noël Nkurunziza, secrétaire général de cette organisation.

Pour lui, il est déplorable que cela se passe sans consulter les concernés. Il ne doute pas que les conséquences directes sont la hausse généralisée des prix d’autres produits.

« Nous interpelons le gouvernement à organiser des réunions pour la restructuration des prix du carburant. Car, même avec la montée des prix du baril au niveau international, il y a moyen de trouver des stratégies pour que l’augmentation du prix au niveau local ne soit pas exorbitante », lance-t-il.

D’après lui, avec le pouvoir d’achat actuel du consommateur burundais, il lui sera très difficile de vivre avec cette nouvelle hausse.

FOLCUN-F : « L’Etat a besoin de l’argent »


« Il faut d’abord voir quelle est la situation dans la sous-région en ce qui est de la hausse du prix du carburant. Le gouvernement a été élu par les Burundais. Quand il revoit à la hausse le prix du carburant ou d’autres produits, cela dépend de ses besoins en termes des moyens financiers », réagit Gérard Hakizimana, représentant légal de Force de Lutte Contre le Népotisme et le Favoritisme au Burundi (FOLCUN-F).

D’après lui, l’Etat se réfère aux cours mondiaux. « Nous pensons que le gouvernement ne peut pas prendre une décision qui affecte négativement le citoyen. »

Pour lui, l’essentiel est que la population se mette au travail pour faire face à cette hausse du prix du carburant et du ticket de transport.
« Que les gens ne soient pas perturbés par cette hausse parce qu’il y a des gens qui en profitent pour dire du n’importe quoi afin de faire comprendre à la population que le gouvernement ne fait rien de bien pour elle. »

D’ailleurs, H. Hakizimana indique que ce n’est pas seulement le prix du carburant qui a été revu à la hausse : « Même le prix de la boisson a été haussé. Mais, les gens continuent d’en consommer. Quand l’Etat a besoin de l’argent, ça se comprend que les prix de certains produits doivent être revus à la hausse. Surtout que les aides étrangères ne sont plus disponibles et suffisantes. »

Au gouvernement, il demande de revoir à la baisse ce prix une fois que les prix chutent sur le marché mondial. « Nous lui demandons aussi de ne pas gaspiller la richesse nationale, de lutter contre la corruption, et de travailler pour l’intérêt de son électeur », souligne-t-il, reconnaissant que le pouvoir d’achat d’un Burundais est faible.

PARCEM : « Le pays devrait subventionner le prix du litre à la pompe »

« Cette hausse est une conséquence du processus d’ajustement des prix de transport du carburant », analyse Faustin Ndikumana, représentant légal de l’ONG Paroles et Actions pour le Changement des mentalités (PARCEM).

Loin de s’éterniser sur les facteurs tant endogènes qu’exogènes de la hausse, il déplore le fait que l’économie burundaise ne soit pas à mesure de faire face à ces chocs.

Il estime que, dans pareille situation, le gouvernement n’a qu’un seul recours : « Revoir à la hausse les prix. Parce que le pays n’a ni cette résilience de subventionner le prix du litre à la pompe ni ce pouvoir de maîtriser le cours du dollar. Car, les réserves en devises ne peuvent même pas couvrir trois mois. »

Et si réellement, le transport du carburant via le lac Tanganyika est moins onéreux et décent comme plusieurs observateurs le pensent, M.Ndikumana comprend mal pourquoi les opérateurs économiques traînent encore les pieds. « A moins qu’il y ait anguille sous roche, ils devraient avoir déjà soumis leurs offres. Mais, est-ce que le gouvernement en éprouve le besoin ? », s’interroge-t-il.

Concernant les conséquences, M. Ndikumana prévient : « Déjà suite à l’inflation galopante, il y a une partie de gens de la classe moyenne (fonctionnaires de l’État) parvenant à peine à joindre les deux bouts du mois qui commence à sombrer dans la vulnérabilité. Sous peu, si des mesures concrètes pour soulager la population ne sont pas arrêtées, cette catégorie de gens disparaîtra complètement. Il ne restera qu’une poignée de gens qui vit sur leur rente grâce à la corruption. »

Pour lui, il est urgent de mettre en place une série de réformes prometteuses et salvatrices prouvant la volonté du gouvernement d’inverser la tendance. Entre autres, il cite : la bonne gouvernance, la relance économique, la lutte contre la corruption, la transparence dans l’octroi des marchés publics, instauration d’un environnement favorable à la relance économique, capable d’attirer les investisseurs étrangers,
etc.

ATRABU : « Cela perturbe notre travail »


« L’augmentation du prix du carburant a un impact négatif sur notre travail elle entraîne la hausse des prix d’autres matériels dont nous avons besoin quotidiennement comme les pneus et autres pièces s de rechange, les documents, etc. », commente Charles Ntirampeba, secrétaire général de l’association des transporteurs du Burundi (ATRABU).

D’après lui, cette mesure entraîne des pertes énormes. Il déplore que les transporteurs ne soient pas consultés avant de revoir à la hausse le prix du carburant. Il réclame d’ailleurs des états généraux du secteur de transport pour passer en revue tous les défis auxquels il fait face.

Il signale d’ailleurs qu’en cas d’augmentation du ticket de transport, le nombre de passagers diminue. « Et les entrées baissent et nos familles sont affectées parce qu’elles ont besoin de se déplacer. »

FRODEBU : « C’est inadmissible »

« Le parti Frodebu trouve tout à fait inadmissible toute nouvelle augmentation des prix du carburant au Burundi en moins de deux mois. Cette décision frappe de plein fouet les citoyens lambda qui sont déjà confrontés à de nombreuses difficultés économiques », lit-on dans une déclaration de ce parti, du 12 septembre 2023. Signée par Patrick Nkurunziza, président de ce parti, elle indique qu’une hausse de 11% pour l’essence est une véritable claque pour le budget des ménages.

Le parti de Melchior Ndadaye déplore que cette augmentation s’ajoute à une série de hausses successives des prix qui ont eu lieu ces derniers mois. « Il est inacceptable que les citoyens burundais soient contraints de supporter cette charge financière croissante alors que le coût de la vie ne cesse d’augmenter. »

Au gouvernement, il demande de prendre des mesures immédiates pour atténuer l’impact de ces hausses sur la vie quotidienne de la population. D’après ce parti, il faut mettre en place des politiques concertées pour stabiliser les prix du carburant et soutenir les citoyens telles des subventions ciblées ; la promotion des transports publics ; la diversification des sources d’énergie et la surveillance des prix. « Pour partager le fardeau, il est impératif que les dignitaires envisagent sérieusement de réduire leur train de vie. En ces temps difficiles, il est essentiel que les dirigeants donnent l’exemple en renonçant aux avantages excessifs et aux dépenses », souligne-t-il.

CODEBU : « Cela empire le quotidien de la population »

« Cela s’inscrit dans le cadre global où depuis moins de de 3 ans, on a passé à une augmentation de plus de 85% si on donne l’exemple de l’essence qui au départ était à 2400BIF maintenant il se trouve à 4450BIF. Donc une augmentation de presque de 100% », critique Kefa Nibizi, président du parti CODEBU Iragi Rya Ndadaye.

Pour lui, la raison avancée disant que cette hausse est consécutive à l’augmentation du prix à l’international n’est pas convaincante. « Car, la hausse ne suit pas la même allure. Il y a d’autres causes notamment l’inflation de la monnaie burundaise. »
Lui aussi souligne que « lorsque le prix du carburant est revu à la hausse, ça augmente le prix du transport des personnes et des biens et tous les biens suivent le même rythme que ça soit les biens importés ou locaux devant être transportés d’un endroit à l’autre. »

Comme solutions, M.Nibizi propose d’abord de stabiliser la monnaie pour qu’elle ait une valeur considérable par rapport au dollar qui est la monnaie d’importation. « Il faut aussi essayer de jouer sur les différentes impositions qu’on applique sur ce produit pour amortir le choc sur la vie quotidienne de la population. » Il trouve qu’il est aussi important de mettre en place un fonds stratégique carburant.

Gaspard Kobako : « Un signe évident d’une inflation galopante et non contrôlée »


Pour Gaspard Kobako, homme politique, l’augmentation du prix du carburant se répercute automatiquement sur les prix des autres produits y compris les denrées alimentaires.

D’après lui, le secteur énergétique a un impact sur tous les secteurs. « Ce qui signifie que la vie de la population va se détériorer. Où est ce qu’ils vont trouver de l’argent pour subvenir aux besoins quotidiens ? Car, leurs revenus et des fonctionnaires ne suivent pas le même mouvement. C’est un signe évident d’une inflation galopante et non contrôlée. C’est aussi un signe d’appauvrissement. »

Il signale que même les propriétaires des véhicules vont se retrouver incapables de se déplacer. « Ils sont obligés de réduire l’utilisation de leurs moyens de transport. On va en définitive vers la « zaïrianisation » du Burundi. C’est là où tout semblait être arrêté. »

M.Kobako se demande d’ailleurs si l’Etat a la mainmise sur ce secteur du carburant.


Forum des lecteurs d'Iwacu

9 réactions
  1. Kira

    Le Burundi ne produit ni ne transforme les produits pétroliers. Il les importe sur les marchés internationaux. Il n’y a pas longtemps, le prix d’un baril de brut était autour de 75$ » Au jour d’aujourd’hui, le prix du baril de pétrole est rendu à 91,50$ (le brent de la Mer du nord est à 94,50$). Pour maintenir les prix à la hausse, l’Arabie Saoudite, la Russie et le cartel des autres pays de l’OPEP ont décidé de maintenir la production du pétrole au niveau le plus bas. Le scénario d’un baril de brut à 120$ dans 6 mois n’est pas à exclure, et celui d’un baril de pétrole à 150$ dans un an ou deux n’est pas une fiction. Conclusion: au lieu de récupérer à peu de frais une inquiétude compréhensible, au lieu de carburer à l’émotion (si j’ose me permettre), il serait plus sensé de donner aux gens des clés pour comprendre les événements qu’ils vivent et qui les affectent si durement dans leur vie de tous les jours. Et travailler à proposer des solutions pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles au Burundi. Il y a urgence. Et au risque de faire hurler certains, arrêter l’attitude masochiste (prévalant dans certains milieux) qui consiste à demander aux soutiens et aux bailleurs de fonds traditionnels de cesser les aides directes au Burundi. C’est avec (et grâce à) celles-ci que le pays pourrait non seulement alléger le fardeau des ménages et accorder des coups de pouce financiers aux plus vulnérables mais surtout, amorcer la transition énergétique dont je parlais.

    • Jean Pierre Hakizimana

      @ Kira,

      Je suis d’accord avec votre description des données du problème en question. Par contre, je ne comprends pas du tout ce que vous voulez dire par  » arrêter l’attitude masochiste (prévalant dans certains milieux) qui consiste à demander aux soutiens et aux bailleurs de fonds traditionnels de cesser les aides directes au Burundi. » There is no free lunch!

      Murphy law:  » Anything that can go wrong will go wrong, and at the worst possible time. »

      Le prix du baril continue de monter et le $ se fortifie contre le BIF. C’est des moments pareils qui montrent les sociétés qui sont dirigées par des hommes/femmes avec une vision. Des gens qui font tout pour comprendre comment la nature (des choses) fonctionne. Faire le maquis ne suffit pas pour guider un peuple!

      Tout ce qui compte c’est ceux qui ont tout fait pour s’adapter (à la nature). Sinon, c’est du « Charles Darwin nightmare. »

      L’énergie c’est la vie. La vie c’est l’énergie. Un pays surpeuplé, qui rencontre une crise énergétique. What can possibly go wrong here?

      Un sage avait dit  » It is when the tide goes down that we know who has been swimming naked ». Mr President, que direz vous quand on va commencer a avoir la famine au Burundi?

      • Kazimoto

        @Jean-Pierre Hakizimana
        Enfin un commentaire sensé.Ça rassure de voir qu’il y a des burundais intélligents qui comprennent réellement le monde dans lequel ils vivent.Ce monde y a rien de gratuit.Les aides ne font qu’enfoncere burundi et les burundais.

      • Expert

        Merci JP Hakizimana.

        Le problème est global. Même en Occident, la population souffre. Les défauts de paiement sont de plus en plus fréquents. Pour le Burundi, qui manque de leadership en plus d’être fauché, ce sera très très dur. Ils ont du pain sur la planche les propagandistes du régime comme le dénommé Kira, qui s’efforcent de peindre la situation en rose. A l’heure de l’internet, on ne peut pas cacher la médiocrité. Juste les vidéos des leaders Burundais sur whatsapp vous donnent la mesure de leur manque d’épaisseur.

      • Kira

        @ Jean-Pierre,
         »L’énergie c’est la vie, la vie c’est l’énergie »! Quelle révélation fracassante! Ce genre de laius procède d’une  »vision » à nulle autre pareille! C’est sûr qu’il va aider tout un pays, le Burundi, aux prises avec l’approvisionnement d’un produit qu’il ne produit pas mais dont le prix est en train de prendre non pas l’escalier mais l’ascenseur,pays qui de surcroît, manque cruellement de devises pour l’importer. Votre sortie va beaucoup aider la ménagère aux prises avec les prix des produits de première nécessite dont la montée des prix est plus que prévisible, elle va aider à coup sûr le fonctionnaire déjà aux prises avec le prix du transport en commun qui va grimper, ce qui va le condamner plus que jamais ‘à ‘kuharya i reggae » s’agissant de son trajet domicile-boulot…

        Ramener à des causes endogènes (mauvaise gouvernance, corruption, manque de vision) un enjeu dont la globalité crève les yeux c’est précisément manquer de  »vision ». En Occident, la première économie européenne, l’Allemagne, va très bientôt entrer en récession à cause de ce que coûte l’énergie à son économie (Eh! oui!, le pays s’est coupé du gaz russe qu’il achetait à bon marché), en France, pas mal de PMI\PME ont déjà mis la clé sous le paillasson, et les différentes mesures d’ajustement essayées par le gouvernement français, ressemblent à des cautères posées sur une jambe de bois, tellement elle sont inefficaces, Les exemples sont légion! (je ne parle même pas de la prochaine très probable crise économique qui va venir de la crise de l’immobilier de bureau en Occident -un géant de l’immobilier chinois vient de faire faillite et un effet domino n’est pas à exclure). Et vous allez nous faire croire que pour une problématique qui touche le monde entier et pour la quelle le monde entier se doit d’être solidaire, il suffirait pour le Burundi de changer de gouvernance, de mentalité, etc (ce qui comme chacun sait se fait sur un claquement de doigt), pour sortir du trou?

        Non, monsieur, ou vous m’avez mal lu, ou alors vous m’avez mal compris. Demander de faire preuve de solidarité entre les nations pour une problématique globale (tout comme les bien-pensants nous demandent de faire preuve de solidarité pour ce qui touche aux enjeux climatiques) c’est une suggestion de bon sens. Militer pour priver le Burundi d’aide soi-disant pour punir ses dirigeants, c’est la quintessence de la bêtise. Ceux qui vont souffrir, ce ne sont certainement pas ceux qui roulent dans les gros Toyota V8 énergivores, vous vous en doutez. Demander de faire preuve de créativité et d’imagination pour penser et préparer dès à présent la sortie des énergies fossiles dans notre pays ce n’est pas faire de la propagande ou du militantisme en faveur de qui que ce soit. C’est chercher à aller au-delà des vérités de Lapalisse.

        • Expert

          @ Kira,
          Vous dites: « Eh! oui!, le pays s’est coupé du gaz russe qu’il achetait à bon marché) ». Je vous contredis sur ce point. Ce ne sont pas les Allemands qui se sont coupés du gaz Russe bon marché. Ce sont les Américains qui les ont privé du gaz Russe. Nord Stream n’a pas été saboté par les Allemands. A qui profite le crime? Ne regardez pas plus loin que l’Oncle Sam. Ils vendent maintenant leur gaz aux Allemands, plus cher. D’une pierre deux coups! Ils arrêtent d’un côté la croissance de l’Allemagne et de l’autre endiguent une puissance rivale, la Russie. Les Américains traitent pareil les alliés et les ennemis du moment qu’ils menacent leur hégémonie. Ils ont réservé le même traitement aux Japonais dans les années 80 (Accords du Plazza) à un moment où l’economie Japonaise était sur le point de dépasser la leur. La Chine est dans le collimateur aussi. Les Japonais et les Allemands sont des alliés serviles. Les Russes et les Chinois se chauffent d’un bois d’une autre espèce.

          Ceci étant dit, avoir un leadership inepte quand le monde est un train de connaître des soubresauts transformationnels n’arrange pas les affaires de notre pays. Je comprends qu’ils préfèrent gambader comme des cabris sur de la musique religieuse. Et quant à vous, si vous ne faites pas de la propagande, alors vous êtes comme Mr Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir!

        • Jean Pierre Hakizimana

          @Kira, mon compatriote:
          Hope is never a good risk mitigation strategy. S’il y a un secteur dont tout est transparent, c’est bien les marchés internationaux de commodités. Si votre ministre dit qu’il est surpris par cette montée des prix, il faut le virer vite fait! Je suis certain que si vous allez au BRB, et demander au patron s’il a des models de ce qui se passe au Burundi si le Baril arrive à $60, $70, $80, $ 90, $100 et $110, tout est noir sur blanc! Savoir que « l’énergie est la vie & La vie c’est l’énergie  » est une chose, prendre cela au sérieux, c’est une autre histoire. Pourquoi croyez vous que ces gens font des guerres en Irak, Libye, Iran, etc..? Ne me dites pas que vous croyez à leur rhétorique « d’implanter la démocratie « ! Il y a aucun pays qui s’est développé sans métriser le sujet d’énergie!

          La Charité bien ordonnée commence par soit même. Je ne sais pas où vous trouvez ces idées de compter sur la solidarité mondiale. Ces pays ont leur soucis et puis leurs dirigeants ont des comptes à rendre à leurs contribuables. Je suis certain que vous savez très bien que ce qui se passe en Afrique, surtout un petit pays, enclavé comme le Burundi constitue le dernier de leur soucis. Avez vous remarqué que Mme Le Penn est aujourd’hui considérée comme modérée! Tout bouge vers l’ultra-droite!!!! Surtout que la France -AFrique devient de plus en plus maigre avec la perte du Burkina Faso, Mali, Niger &Gabon.

          Espère que vous êtes d’accord que il serai pas injuste de regarder vers le CND-FDD qui est au pouvoir depuis 2005? Donc ils prennent tout credit et blame de la situation du Burundi! Un enfant qui né quand ils sont arrivés au pouvoir a besoin d’une place au college ou Université! Nous sommes dans une urgence! Quand il pleut, tout les toits mouillent. le maisons avec des toits troués innondent.

          Si vous êtes vraiment intéressé par une discussion avec des idées pour l’avenir, aller lire les commentaire d’un(e) certain(e) PCE sur le billet de Mr Léandre Sikuyavuga sur les produits pétroliers ! Le Burundi a tout pour s’en sortir, mais il faut commencer par avoir une conversation/discussion franche entre nous et nos dirigeants et surtout arrêter cette mentalité de penser que St. Nicolas existe.

  2. Barutwanayo

    Ni akamaramaza ubwo bukene busubiye kongerekana.Ntakundi reka turye bike turyame kare twongere tuvyare bake dushobora kurera.Kuba mu gihugu cacu ninko kwiyahura kuko ibiciro biguma biduga none mwumva bizogenda gute?

    • Stan Siyomana

      @Barutwanayo
      Jewe hari akantu nabonye kuri ivyo vya « twongere tuvyare bake dushobora kurera… ».
      Mu Burundi (no muri Tanzania aho nabaye 1977-1982 na 1984/1985) usanga abantu bavyara abana hanyuma bakitega ko Reta ariyo izobaha vyose. Mugabo Tanzania yo irafise ubutunzi bwotuma yitaho abanyagihugu bayo bishemeye.
      Nk’aho numva mu Burundi ngo abanyeshuri batatu barashobora gusangira aka matelat ari batatu, ntaburyo borabako abava mumiryango yifise boza bizaniye matelat zabo?
      Ku makuru mpora numva yo muri Kenya na Uganda usanga umuvyeyi wese yitwararika ikibazo co kuronka minerval azorihira abana biwe.
      Mugabo iBurundi umuntu arakoma induru ngo Reta nimuhe ibi na biriya ngo biva mumakori y’abanyagihugu kandi nyamuntu adafise n’ikivumvu c’ibijumpu ashora kw’isoko ngo agitangeko ikori.

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