Selon la vision du Burundi 2040-2060 signée par le président de la République en juillet 2023, le PIB de chaque habitant sera de 2 000 dollars par an. Deux ans plus tard, la barre semble placée bien haut, le Burundais jouissant en moyenne de 355 dollars américains en 2024 avec une croissance économique de 3,5 %. L’Olucome suggère des stratégies à mettre en œuvre.
Les prévisions contenues dans le document narratif de la vision du indiquent que le PIB sera à 2 000 dollars par habitant en 2040. Ce document montre également que la vision va impliquer une amélioration des conditions et de la qualité de vie de la population avec une croissance démographique soutenable et maitrisée.
Pour réaliser la vision, trois secteurs clés, à savoir l’agroalimentaire, l’industriel et l’exploitation minière, ont été avancés comme piliers afin d’aider dans son exécution. Au rythme actuel de la croissance économique de 3,5 %, le Burundais jouira de 616 dollars dans les quinze prochaines années. Ce qui représente moins du tiers de ce qui est projeté.
En effet, pour atteindre l’objectif de la vision, il faudra que l’économie burundaise impulse dès cette année une croissance constante d’au moins 11,5 % pour réaliser le PIB attendu en 2040.
Alexis Nimubona, chargé de la communication au sein de l’Olucome, estime que la situation actuelle du pays ne donne pas espoir aux Burundais. « Il est difficile d’atteindre les indicateurs évoqués dans cette vision si la situation reste comme elle est actuellement. Pour arriver aux résultats escomptés, le gouvernement devrait manifester sa volonté en fixant un budget d’austérité qui privilégie les secteurs porteurs de croissance comme l’agriculture et l’élevage, le développement des infrastructures, l’énergie, etc. »
Changer de stratégie et de comportement
Dans l’actuel budget, poursuit-il, les dépenses courantes représentent à peu près 51 %, tandis que les dépenses d’investissement représentent à peu près 49 %. « Cela signifie qu’actuellement, le Burundi privilégie les dépenses courantes. Il privilégie la consommation par rapport à l’investissement. D’où il y a peu d’espoir pour que le Burundi puisse arriver à la réalisation complète de ladite vision si l’État ne change pas de comportement et de stratégie. »
M. Nimubona suggère au gouvernement de s’engager plutôt dans la promotion de la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et l’amélioration de l’efficacité institutionnelle qui sont certains des éléments qui constituent le premier pilier de la vision 2040-2060.
« On ne voit aucune amélioration dans les secteurs clés de croissance ni d’autres secteurs sociaux qui faciliteraient la réalisation de la vision. Il nous faut la promotion de la cohésion sociale, la création d’un environnement des affaires stable ainsi que des entretiens avec les bailleurs de fonds du Burundi. Cela va aider le pays à remédier à certaines situations comme la carence des devises, la pénurie de carburant, les coupures d’électricité, la pénurie d’eau, etc. Le gouvernement devrait agir pour hausser la croissance économique intérieure afin d’afficher une image avantageuse pour attirer les investisseurs étrangers. »
Un défi titanesque

Pour André Nikwigize, expert en économie, un objectif de 2 000 dollars de PIB par habitant d’ici 2040 suscite à la fois un espoir et des questionnements dans les milieux économiques burundais.
« C’est un objectif qui nécessite une véritable révolution économique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Pour atteindre ce niveau de développement, le Burundi devra maintenir une croissance annuelle moyenne de 9 % pendant près de deux décennies, une performance rarement observée dans l’histoire économique mondiale. »
Au cours des vingt dernières années, poursuit-il, le PIB par habitant du Burundi a connu une croissance irrégulière et modeste, bien loin des performances nécessaires pour atteindre l’objectif fixé. « Le passage de 355 à 2000 dollars représente un changement d’échelle qui va bien au-delà d’une simple accélération de la croissance ».
Les secteurs traditionnels, notamment l’agriculture qui emploie la majorité de la population, devront connaître une modernisation sans précédent. « Nous devons passer d’une agriculture de subsistance à une agriculture commerciale moderne. L’industrialisation jouera également un rôle crucial. Le pays devra développer de nouvelles capacités productives, créer des chaînes de valeur complètes et s’intégrer plus efficacement dans les échanges régionaux et internationaux. Sans une base industrielle solide, il sera impossible d’atteindre une telle croissance. »
« Les investissements nécessaires sont colossaux. »
Pour lui, les infrastructures, l’éducation, la santé et l’énergie devraient bénéficier d’investissements massifs et soutenus. « Les défis sont nombreux. La volatilité du contexte international, les contraintes environnementales, la nécessité de maintenir la stabilité macroéconomique : autant de facteurs qui complexifient la réalisation de cet objectif ambitieux. »
Toutefois, certains signes sont encourageants. Le pays dispose d’atouts considérables : une population jeune et dynamique, des ressources naturelles importantes, une position géographique stratégique.
« La réussite de ce pari audacieux dépendra largement de la capacité du gouvernement à maintenir le capital des réformes sur le long terme. Le succès de cette transformation économique historique dépendra de la capacité du pays à mobiliser toutes ses forces vives autour de cette vision ambitieuse du développement. »
Enfin, les données de la Banque mondiale montrent une volatilité marquée des investissements étrangers. Ce qui illustre les défis persistants auxquels le pays fait face pour attirer et retenir les investisseurs internationaux. « Sans un afflux significatif d’investissements directs étrangers, IDE, les objectifs ambitieux de développement du Burundi, notamment le passage à un PIB par habitant de 2 000 dollars d’ici 2040, risquent de rester hors de portée. »
Ngo :’une position géographique stratégique’ ? En quoi, la position géographique du Burundi est stratégique?? C’est un petit pays enclavé qui se trouve à des milliers de km de l’Océan. Ce qui est un très grand handicap pour le commerce interntional!
la vision 2040 – 2060 est utopique.
En tout cas, c’ est la vérité. il le dit très poliment. l’ horizon 2040 est très proche et ne nous voilons pas la face. Car le Burundi n’ a pas tous les déterminants nécessaires à une croissance économique soutenue…
EXEMPLE. Ali Bongo, avait inventé l’ Émergence économique, les autres roitelets des pays africains l’ ont emboite le pas. Le Gabon est où ? un horizon de 15 ans c » est petit. Le Brésil, l’ Afrique du Sud, la Chine, la Corée du Sud…?
Il me semble que vous proposez des strategies pour atteindre ce PIB à 2000$. Allez dans l’autre sens plutôt et demandez- vous : cette cible a t-elle été fixée sur quelle base? le contexte a-il été considéré? y-aurait-il un pays qui l’a déjà fait? est ce que le Burundi peut-il etre à son ecole?toutes les forces actives de la nation sont-elles alignées?l’economie Nationale ne pouvant pas etre un ilot ou encore plus morcellée, quelle credibilité portée dans cet outil « strategique » par les acteurs economiques? Enfin interrogez les ingredients de base comme : la bonne gouvernance, l’efficacité institutionnelle, la transparency et « le partage du gateau »
vous voulez parler de revenu par habitant. il ne s’agit pas de PIB par habitant
J’ai toujours été sceptique de cette vision irréalisable. Lorsque l’on voit que le Rwanda malgré sa fulgurante transformation n’a pas pu atteindre les objectifs de sa vision 2020 et qu’il reste dans la catégorie honteuse des Pays les moins avancés (PMA) aux côtés du Burundi, je me disais que c’est impossible. Au lieu de cheminer vers le progrès j’ai plutôt l’impression que nous marchons à reculons vers la zaïrianisation (ruine économique) et la haïtisation ( pauvreté et violences éternelles).Si on avait un pays en paix, démocratique et respecteux des droits de la personne humaine, ce n’est pas l’État qui développerait le pays mais l’entreprise privée notamment les PME qui sont le véritable moteur de création d’emplois et d’innovation. A commencer par la diaspora qui rentrerait investir en masse et les exilés dont nombreux étaient des entrepreneurs utiles à l’économie nationale. Au lieu d’un pays qui décolle, je vois plutôt un peuple au bord de la crise des nerfs et une paupérisation à outrance. Beaucoup affirment que seul Dieu peut sauver le pays et les mécréants rigolent sans rien proposer à la place de Dieu. Dieu passe par des hommes.