Jeudi 05 décembre 2024

Économie

La flambée des prix asphyxie les Burundais, l’Olucome en appelle à l’action

20/11/2024 7
La flambée des prix asphyxie les Burundais, l’Olucome en appelle à l’action
Gabriel Rufyiri : « Il faut assainir la gestion des devises et réduire les dépenses publiques somptuaires »

La pénurie des devises et la spéculation sur le marché noir plongent le Burundi dans une crise économique profonde. Les prix des produits de base explosent, tandis que les inégalités se creusent, accentuant la détresse des populations vulnérables. L’OLUCOME tire la sonnette d’alarme et propose des pistes de solution.

Le Burundi est en proie en une crise économique sans précédent, l’Olucome(Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques) tire la sonnette d’alarme.

Selon son président, Gabriel Rufyiri « la pénurie des devises, couplée à une mauvaise gestion du pays conjuguée à une faible importation entraine une inflation galopante », a-t-il fait savoir dans une conférence de presse tenue ce mardi 19 novembre.

Cette situation entrave les importations de produits de première nécessité, comme le carburant et les matières premières, tout en dépréciant le franc burundais à des niveaux alarmants.
« En avril 2024, le dollar américain s’échangeait à 4 500 FBu sur le marché noir, aujourd’hui, il atteint 8 000 FBu, soit une hausse de 77,7 %. Cette dévaluation, combinée à une spéculation alimentée par certains acteurs publics, les autorités du pays, a fait exploser les prix de produits essentiels comme le sucre, l’huile et le ciment », a déclaré Rufyiri.

Des chiffres révélateurs d’un désastre économique

Les données récoltées entre avril et novembre 2024 illustrent l’ampleur d’une économie à bout de souffle. Un kg de viande sans os est passé de 17 000 FBu à 30 000 FBu (+76,4 %), l’huile de cuisine (20 litres) a bondi de 79 000 FBu à 225 000 FBu (+184,8 %), le kg de sucre, vendu à 3 500 FBu en avril, coûte désormais 6 500 FBu, il avait grimpé jusqu’à atteindre les 10 000 FBu(+185,7 %).

Selon Gabriel Rufyiri, même les produits de première nécessité, comme le sel, un produit qui n’a jamais connu de hausse depuis que le Burundi est le Burundi, sauf du temps de l’embargo sous le régime Buyoya, a connu une hausse de 120%. Le pain et les services de taxi, ont vu leurs prix doubler, voire quadrupler.

« La flambée des prix frappe de plein fouet les Burundais, dont le pouvoir d’achat s’effondre. Face à cette situation, de nombreuses familles doivent vendre leurs récoltes avant la moisson, un système communément appelé « umugwazo », pour survivre », a déclaré Gabriel Rufyiri.

Parallèlement, la classe moyenne disparaît progressivement, selon le président de l’OLUCOME, aggravant les inégalités sociales.

Les institutions publiques ne sont pas épargnées: « La Mutuelle de la Fonction Publique n’arrive plus à couvrir les soins médicaux des fonctionnaires, tandis que les hôpitaux peinent à assister les plus démunis comme le centre neuropsychiatrique de Kamenge dit Chez Le Gentil qui refuse de soigner les patients en raison d’une dette du gouvernement envers ce centre », a-t-il confié.

Gabriel Rufyiri tire à boulet rouge et parle d’un « mauvais leadership en place » qui, selon lui, est à l’origine de cette crise profonde.

Il souligne notamment sur la pénurie de produits de base comme le sucre, le carburant et le ciment sur le marché officiel, tout en constatant leur abondance sur le marché parallèle, notamment à Nyamitanga en province de Cibitoke, qui est devenu un important point de vente de carburant de contrebande dans le pays.

Au cours de cette conférence de presse, le président de l’Olucome a demandé à la ministre du Commerce de démissionner si elle s’avère « incapable ».

Il s’est également interrogé sur le rôle de l’ombudsman, s’étonnant de son inaction face à cette crise : « Qu’est-ce qu’elle fait ? Elle doit plaider pour le peuple », a-t-il souligné.
Même les députés et les sénateurs n’ont pas été épargnés : « Ils sont complices, ils font la sourde oreille face à cette situation. Ils doivent sortir de leur zone de confort, s’ils représentent réellement les intérêts du peuple, et proposer des solutions », a-t-il appelé.

Comme solution, Gabriel Rufyiri propose « à court terme, d’assainir la gestion des devises, de réduire les dépenses publiques somptuaires et d’éradiquer le marché noir, tout en préconisant, à moyen terme, de revitaliser les secteurs porteurs comme le thé, le café et le tourisme pour attirer les investisseurs étrangers, et à long terme, de miser sur le potentiel minier et énergétique du pays.

Le président de l’Olucome appelle à une responsabilité collective des autorités et des citoyens face à cette crise qui perdure.

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. Hihi

    Ouï Monstc est bien
    Mais comme toujours au Burundi, vous oubliez le principal.
    A savoir changer les gouvernants
    Si pas…. rien va changer

  2. Nshimirimana

    Cher Monsieur Rufyira,
    votre expertise est juste. Le peuple est en souffrance. Le pays s’enfonce de plus en plus. La faillite est à la porte et si les fonctionnaires sont encore payés, c’est au détriment du reste de la population qui doit se saigner à travers des taxes pour le confort de nos administrateurs et nos élus.
    Que faire?
    Face à une telle crise, l’intérêt majeur pour sauver le pays doit primer sur le politique. Ainsi, le pourvoir en place doit renoncer à ses avantages et ouvrir la discussion en vue d’une bonne gouvernance de la chose publique. Aujourd’hui, le cndd-fdd n’est plus capable , à lui seul, de s’en tirer. Des assises pour une bonne gouvernance doivent rapidement avoir lieu. Elles regrouperaient tout le monde, les partis politiques , les associations de la société oeuvrant au Burundi et ailleurs, y compris ceux qui ne semblent pas être dans les bonnes grâces du pouvoir, la diospara dans ses différentes composantes et non pas la diaspora version cndd-fdd .
    En gros, il faut briser les tabous. Qui peut le faire si ce n’est le président et son gouvernement et surtout, il faut que les recommandations soient mises en oeuvre…
    De grace, ne ramenez pas la sauce « Accord d’Arusha », nous sommes dans autre chose.
    Gira amahoro

    • jereve

      Bravo @Nshimirimana pour cette bonne lecture de la situation de crise actuelle. Et surtout votre constat que le parti au pouvoir est débordé dans tous les sens par divers problèmes dont il est incapable tout seul de trouver des solutions.
      Pour s’en sortir, peut-il s’allier avec les autres (tout le monde, les opposants y compris) comme vous le proposez? A mon avis, c’est trop tard! Les élections approchent dangereusement, ce n’est pas le moment pour celui qui a géré le pays pendant des décennies d’avouer ses échecs. Il ne lui reste qu’à mettre en marche la machine à gagner les élections, même si visiblement il n’a pas grand-chose à vendre.

  3. kabingo dora

    Ce Gabriel Rufyiri est vraiment étonnant , il distribue sa critique au gouvernement et à certains de ses membres mais il fait la même chose lorsqu’il fait sa tournée en Belgique en invitant la vraie diaspora burundaise de Belgique de Belgique à participer à cette mascarade de mauvaise gérance de l’Etat . Il devrait être conséquent avec lui même. De toutes les façons personne n’est en mesure , à court terme de trouver une réponse adéquate à la question des devises. La seule réponse qui vaille est la libération de l’espace démocratique , la lutte contre la corruption et la protection des minorités ethniques . Sans cela , rien ne se produira . L’ouverture de l’espace politique et la démocratie ont une grande incidence sur la restauration du tissu économique. Elles permettent de rétablir le jeu de la concurrence et de l’efficacité économique , l’assainissement et la protection des biens des opérateurs économiques . Aucun opérateur économique ne peut prendre de risques dans une atmosphère ou ses investissements ne peuvent pas être garantis. Ce n’est pas si compliqué que cela.

  4. MJB

    Nous demandons à son Excellence de démettre les incompétents qui font le commerce spéculateur alors qu’ils sont des mandataires publics.

    • Kwizera Esperance

      Les flambées des prix sont partout ou presque. Poser la question à ceux qui vivent dans certaines provinces canadiennes: un vrai cauchemar.

      • Patrick M

        Il y a une tres grand difference entre la hausse des prix et l’absence totale du produit dont on a besoin. Je suis certain que la ou vous êtes (au Canada?), vous trouvez tout ce dont vous avez besoin peu importe le prix. Mais ici, on a beau avoir des Bif, le produit est introuvable. Mme, evitez, svp, les fausses equivalences même si vous faites parties de la diaspora CND-FDD.

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