Samedi 12 octobre 2024

Économie

Une possible relance de l’investissement direct étranger au Burundi ?

13/09/2021 4

Le Burundi est parti d’un chiffre très bas pour faire une montée les années 2013 et rechuter les années 2015 et 2016. Plusieurs défis hantent encore cette variante importante de l’économie d’un pays.

Les investissements directs étrangers sont définis par le Code de l’investissement burundais comme étant tout investissement dont l’apport dans le capital social d’une entreprise est plus ou moins égal à 10%.

Toutefois, les entrées nettes de l’investissement direct étranger représentent dans les calculs les transferts de fonds venant de l’étranger, les transferts de technologie, c’est-à-dire les machines, les ordinateurs, et tout autre matériel destiné à la réalisation des différents projets, ainsi que le capital humain, et par capital humain on sous-entend la prise en charge du personnel venant de l’étranger pour travailler au Burundi.

Selon les données fournies par la banque mondiale, les entrées nettes de l’investissement direct étranger au Burundi ont connu un boom lors de l’année 2013, pour baisser encore une fois dans les années 2015 et 2016, lors de la crise politique qu’a connue le Burundi.

Si les entrées étaient au summum pour l’année 2013, certains experts économistes les lient aux contrats signés entre le gouvernement burundais et les sociétés d’extraction minières.

Ces dernières amènent pour leurs travaux des engins technologiques et des employés qui boostent le chiffre avec les transferts en termes de technologies et de capital humain qu’avec les investissements en termes d’argent injecté dans l’économie burundaise.

Plusieurs raisons à la base du désintéressement des investisseurs étrangers

L’investissement direct étranger reste faible au Burundi, et ce pour plusieurs raisons selon les témoignages recueillis auprès des hommes d'affaires installés au Burundi.

« Investir dans un pays comme le Burundi présente des avantages comme des inconvénients. Le choix revient à l’investisseur, c’est à lui de faire la balance », témoigne un étranger, propriétaire d’une entreprise de vente des produits électroniques à Bujumbura qui s’est confié à Iwacu sous anonymat.

Pour lui, des facteurs attirants au Burundi, il y a la main-d’œuvre peu chère, mais le problème réside dans l’accès aux devises. « J’ai déjà travaillé dans d’autres pays africains comme la Tanzanie, la main-d’œuvre est moins chère à Bujumbura. Il est difficile de rapatrier les bénéfices en devises dans mon pays d’origine alors que j’investis dans de monnaies étrangères ici».

Une autre femme d’affaires d’origine asiatique, installée à Bujumbura depuis 2016, pense que la rapidité dans certains services primordiaux dans le monde des affaires fait défaut : « Parfois, ici, on est obligé de faire la queue de longues heures pour payer l’OBR (Office Burundais des Recettes) par exemple. Ailleurs, le paiement se fait en ligne. Il en est de même pour la plupart des services bancaires.»

Selon l’agence pour la promotion des investissements(API), sur un total de 113 entreprises qui ont été certifiées dans le cadre des avantages fournies par le code de l’investissement entre 2018 et juillet 2021, seuls 24 sont d’origine étrangère.

54% de ces 24 entreprises d’origine étrangère sont des industries de transformation, 13% dans le domaine des énergies et mines et 8% dans les bâtiments et infrastructures.

Plusieurs entraves à l’IDE au Burundi…

La chambre fédérale du commerce et de l’Industrie du Burundi reconnaît également la non-accessibilité des devises comme un des facteurs qui font défaut à l’émergence de l’investissement direct étranger au Burundi.

Denis Nshimirimana, secrétaire général de la CFCIB, souligne également un déficit énergétique, le climat politique et sécuritaire burundais, mais aussi certains critères du « Doing business » qui ne sont pas remplis : « Le Burundi a connu une succession des crises depuis l’assassinat du prince Louis Rwagasore, ceci ne met pas des potentiels investisseurs étrangers en sécurité. Certains critères du doing Business comme la résolution des conflits commerciaux en justice freinent également les investisseurs venant de l’étranger. »

Le secrétaire général de la CFCIB cite comme exemple la Côte d’Ivoire où une affaire commerciale ne peut pas dépasser 5 mois en justice alors qu’au Burundi elle peut prendre des années pour être résolue.

Un manque de terrains disponibles pour la construction des grandes industries ainsi que le long processus pour la naturalisation des étrangers au Burundi sont aussi évoqués par M Denis Nshimirimana. « Il est difficile d’avoir par exemple 2 hectares à Bujumbura pour implanter une grande industrie ou une grande usine et pour ce qui est de la naturalisation des étrangers au Burundi, contrairement à d’autres pays, les procédures sont plutôt longues et difficiles. Dans certains pays de la sous-région, la chambre de commerce est dirigée par des étrangers, il s’agit d’une démonstration qu’il y a beaucoup d’hommes d’affaires venant d’autres pays».

Une lueur d’espoir…

Si l’investissement direct étranger est presque au point mort depuis 2016, tout porte à croire qu’on pourrait faire mieux selon toujours le secrétaire général de la CFCIB.

« On pourrait bientôt remédier au déficit grâce à la construction des barrages comme Rusumo Falls, Jiji Murembwe et le central solaire de Mubuga en province Gitega qui vont fournir une grande quantité d’énergie. Mais encore faudrait-il qu’on réhabilite les réseaux de distribution qui sont très vieux pour éviter les récurrentes coupures d’électricité », affirme Denis Nshimirimana.

Denis Nshimirimana estime que le Burundi pourrait également attirer les investisseurs étrangers par sa position stratégique par rapport au marché d’écoulement : « A part le marché local, le Burundi peut écouler ses produits à l’ouest de la Tanzanie, le sud et l’est de la RDC qui vivent de nos produits. Le Burundi est au centre de gravité des communautés économiques régionales à citer l’EAC, l’EEAC, le COMESA et bientôt dans la SADEC, c’est un avantage pour nous. »

Si la question de la non-disponibilité des devises était résolue, il y a une possibilité qu’on attire de plus en plus des investisseurs étrangers au Burundi.


Retrouvez le jeu de données traité dans cet article sur notre portail open data

Forum des lecteurs d'Iwacu

4 réactions
  1. Stan Siyomana

    « Dans certains pays de la sous-région, la chambre de commerce est dirigée par des étrangers… »
    Moi je suis curieux de savoir quels sont ces pays.

  2. Jean de dieu

    Il faut une politique Claire et nette Pour encourager l’investissement au pays et des mesures d’accompagnement aux entrepreneurs Pour evite la corruption qui gangrene le pays

  3. Ngomirakiza

    « …Si l’investissement direct étranger… »
    « …Si la question de la non-disponibilité des devises était résolue… »
    Avec des Si, Muyinga serait Bururi et Gitega Rutana !
    Mais donnons le temps au temps : pourquoi pas ?

  4. H

    Le Secretaire Général est trop bon
    Il oublie la corruption
    Nombre d, étrangers, ayant des terres des entreprises au Burundi se sont fait voler souvent par des pontes du parti au poivoir qui se sont accaparés de ces biens volés.
    Et jeté comme des mal propres, souvent expulsés
    Comment avoir confiance ?

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