Samedi 04 mai 2024

Archives

Une Police nationale jeune

16/09/2011 Commentaires fermés sur Une Police nationale jeune

La Constitution du Burundi précise que la Police Nationale du Burundi (PNB) est instrument de protection de tout le peuple, qui doit se reconnaître en elle. C’est un corps conçu, organisé et formé pour le maintien et le rétablissement de la sécurité et l’ordre à l’intérieur du pays, une mission qui n’est pas toujours appréciée au par la population. Jeune, elle se cherche encore.

Datant de 2005, la PNB (Police Nationale du Burundi) est récente, tout comme le ministère de la Sécurité publique, dont elle dépend, qui est de 2007. Cette police a d’abord été réorganisée, surtout à cause de l’origine différente de ses hommes.
La PNB a adopté un nouveau système de protection et de prévention des crimes, en mettant en place une police de proximité proche de la population. Ce système a été adopté après avoir constaté son efficacité, dans la mesure où cette police est elle-même considérée comme la population, et que la sécurité les concerne donc tous.

Cet objectif a débuté avec la réintégration des membres des ex partis et mouvements politiques armés (PMPA), et la démobilisation des anciens éléments de la police et de la gendarmerie. Dans cette logique, il fallait réorganiser les effectifs de la PNB, pour avoir une police qui a la confiance de tous, inclusive et équilibrée, au niveau ethnique et régional, selon les Accords d’Arusha. Mais, rien ne peut garantir pour autant un équilibre parfait.

Pierre Channel Ntarabaganyi, porte-parole de la PNB souligne que ce corps essaie d’être au service de tous, sans aucune discrimination. Pour lui, un équilibre parfait dans ce corps est impossible : « Même si cet équilibre serait établi, les morts naturelles, les désertions, l’âge de la retraite, et autres ne tiendront pas en compte cette proportion », souligne le porte-parole de la PNB. Pour lui, on ne pourra pas contraindre un Hutu ou un Tutsi à rentrer ou à mourir parce que son collègue de l’autre ethnie n’est plus là, prétextant maintenir l’équilibre.

La police doit être neutre et professionnelle

Pour Edouard Biha, Directeur exécutif de la ligue Iteka, il existe actuellement un disfonctionnement au niveau de la PNB, à cause du bicéphalisme entre la police et la justice. Il souligne ainsi que la police judiciaire qui travaille avec le parquet, sans que les deux n’aient pas la même compréhension des choses et des faits. En effet, souligne M. Biha, une partie de la police est administrée au niveau d’un autre ministère, que celui ayant la Justice dans ces attributions. Il doute, cependant, que le parquet puisse contrôler la police. Pour lui, l’ingérence et la collaboration des politiques dans les actions de la PNB constituent une autre faiblesse de cette force censée être neutre et professionnelle.

Un autre élément de dysfonctionnement est les exactions dont cette police serait coupable, comme les personnes arrêtées et qui sont retrouvées mortes par après. Le secrétaire exécutif de la Ligue Iteka souhaite que la police soit professionnelle, neutre et au service de la population, sans distinction aucune et sans aucune politisation.

Les avis de la population divergent

Dans certaines localités de l’intérieur du pays, la population apprécie les actions de la Police nationale ont indiqué les personnes rencontrées en commune Giheta de la province de Gitega. Félicité Banderembako, de la commune Giheta, en province de Gitega, apprécie le comportement des forces de l’ordre : « « La sécurité est bonne et les forces de l’ordre collaborent avec la population. Les gens circulent et vaquent à leurs activités en toute tranquillité», indique-t-elle.

« Nous n’avons pas connu de cas où les policiers auraient abusé de leur fonction pour menacer la population » ont indiqué les personnes rencontrées en commune Shombo, de la province Karuzi.
La population de Ruyigi apprécie ses relations avec les forces de l’ordre. Certains reconnaissent que des groupes de malfaiteurs passent parfois dans la commune Butaganzwa, comme dans d’autres communes de cette province. « Mais, la police intervient chaque fois que la population leur livre cette information », ont dit Léonidas Ciza et Gratien Ngurinzira. Pour eux, elle fait correctement son travail de protéger la population.

En Mairie de Bujumbura, le constat est tout autre. Selon plusieurs personnes, les policiers sont souvent pointés du doigt dans certains cas d’insécurité. Plusieurs citadins s’étonnent que des stupéfiants soient consommés au vu des policiers, lorsqu’ils n’en consomment pas eux-mêmes. « Or, ces stupéfiants sont eux-mêmes facteurs d’insécurité », se lamentent ces personnes. Elles n’ont pas caché que les policiers sont quelques fois impliqués dans des cas de corruption ou de vol à main armée, en insistant sur leur intervention tardive lorsqu’ils sont appelés au secours.

Pour une partie de la population de Bujumbura, il faut qu’il y ait une rigueur pour rétablir la discipline, l’ordre et le professionnalisme dans la PNB, afin de garantir la confiance de la population en ce corps.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

La soif d’aujourd’hui

Au Burundi, pays de tradition brassicole, la bière est reine. Pour la majorité de Burundais, un évènement excluant l’alcool n’en est pas un. Dans la joie comme dans le malheur, en famille ou entre amis, la bière est obligatoire. Elle (…)

Online Users

Total 2 820 users online