Samedi 24 mai 2025

Politique

Une campagne électorale qui ressemble à une présidentielle

Une campagne électorale qui ressemble à une présidentielle
Évariste Ndayishimiye : « Allez dans les montagnes et enseignez les projets et programmes que nous apportons pour le pays, dites-leur de ne pas gaspiller les voix. »

Depuis le 13 mai 2025, la campagne électorale pour les élections législatives et communales du 5 juin prochain se déroule. Nombre d’observateurs se posent une question : élections législatives et communales ou élection présidentielle ? Dès le début de la campagne, ce sont le président de la République, le secrétaire général du CNDD-FDD et les autres présidents des partis politiques en compétition qui dominent la scène. Pour certains, il fallait laisser la place aux candidats à la députation et aux conseils communaux.

Dimanche 17 mai, la coalition Burundi Bwa Bose (« Burundi pour tous ») tient son meeting sur le terrain de la zone Kinama, commune Ntahangwa, au nord de Bujumbura. Après un défilé commencé depuis la Gare du Nord, c’est vers 14 heures que les centaines d’hommes, femmes, taxis-vélos arrivent au lieu de rassemblement.

Patrick Nkurunziza, président du parti Frodebu et de cette coalition, est en tête. Dans la foule, on peut identifier aussi Phénias Nigaba, vice-président du parti Frodebu, Kefa Nibizi, porte-parole de cette coalition, etc. Dans la seule tribune d’honneur pour les invités, Léonce Ngendakumana est présent. Il est rejoint, quelques minutes après le début des activités, par l’ancien président Sylvestre Ntibantunganya.

Une trentaine de points résument le programme de cette coalition selon Patrick Nkurunziza, son président. Il s’agit du développement agricole, du rétablissement des bonnes relations avec les pays voisins principalement avec le Rwanda, du rétablissement de l’accord d’Arusha, du rapatriement des réfugiés, y compris les opposants politiques et les activistes des droits de l’homme. Le programme prévoit la révision de la Constitution, la suppression des ailes des partis politiques, la lutte contre le chômage, etc.

1. Patrick Nkurunziza : « Si la coalition gagne les élections, on va se rencontrer au centre-ville. Vous aurez accès à tous les coins de la ville. »

Patrick Nkurunziza a fait une promesse aux taxis-vélos, aux motards : « Si la coalition gagne les élections, on va se rencontrer au centre-ville. Vous aurez accès à tous les coins de la ville. »

Avec cette annonce, des applaudissements fusent de partout dans la foule. « Au moins cela. Cela nous concerne directement », a déclaré un jeune présent à ce meeting. Sans dévoiler son diplôme, ce jeune homme, la trentaine, affirme qu’il a terminé l’université il y a trois ans. « On a l’impression que nos politiciens mènent une campagne présidentielle. Voilà, par exemple ici, à Kinama, les routes sont délabrées, les caniveaux bouchés, pas d’éclairage public, pas d’eau potable en permanence. Ils viennent nous chanter un programme généraliste. »

Pour lui, comme ce sont des élections législatives et communales, les partis politiques devraient avoir des programmes, des projets pour chaque coin, chaque province. « On aimerait voir les candidats s’exprimer devant nous, nous présenter leurs programmes. C’est ainsi que nous pourrions leur demander des comptes, établir le bilan. »

Se prosterner et saluer le public

Même dans les différents meetings du parti au pouvoir, la campagne se fait sur le mode présidentiel. Sur les t-shirts, les véhicules, les pancartes affichées, une photo du président Évariste Ndayishimiye trône.

En haut de la photo, on peut lire : « Turi kumwe twese » (« Tous ensemble ») et en bas, il est écrit : « Twubake Uburundi buteye imbere » (« Construisons un Burundi développé »). Un slogan très proche de celui du président Évariste Ndayishimiye annoncé en 2020 lors de la campagne présidentielle.

Que ce soit à Kiremba, province Butanyerera, Muyinga, Gitega, Makamba en province Burunga, le président de la République était présent. Ce mardi 19 mai, c’était le tour d’Ijenda, en commune Rwibanga, de la nouvelle province de Bujumbura.

Là, en l’absence du secrétaire général du parti de l’Aigle, c’est Cyriaque Nshimirimana, son adjoint, qui a présenté le programme du parti au pouvoir. Une sorte de bilan de ses 20 ans au pouvoir et des perspectives.

Renforcement des corps de défense et de sécurité, réforme profonde de l’appareil judiciaire, la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, l’énergie, l’éducation, la protection de l’environnement, l’augmentation de la production agricole… des programmes qui tiennent à cœur au parti au pouvoir pour la prochaine législature selon M. Nshimirimana. Il a ainsi appelé les candidats aux législatives et communales en province de Bujumbura à monter sur le podium pour être présentés au public. Parmi eux, des anciens ministres, des députés en exercice aussi. Après s’être « prosternés » devant la population en signe de sollicitation du vote en leur faveur, sans dire aucun mot sur leurs projets, leurs parcours, ils passent tour à tour, commune par commune, pour juste saluer le public.

Prenant la parole, le président Ndayishimiye est revenu sur le bilan de son parti. Se focalisant sur Ijenda, il a, entre autres, signalé qu’avant la venue du CNDD-FDD, les gens vivaient dans des huttes en paille, il n’y avait pas d’hôtels, les gens étaient maigrichons, il n’y avait pas de production agricole, les gens marchaient pieds nus, etc.

Pour lui, actuellement, cette région s’est beaucoup développée. Par exemple, a-t-il souligné, la production des pommes de terre a augmenté. Pour éviter les méventes en cas de récolte, il a ainsi promis qu’une usine de transformation des pommes de terre sera bientôt construite.

En ce qui concerne la victoire, le président Ndayishimiye n’en doute point. « Nous voulons 100 %. La victoire est garantie. Même les voix du CNDD-FDD suffisent pour sortir vainqueur. Mais comme nous ne voulons laisser aucun Burundais derrière, allez dans les montagnes et enseignez les projets et programmes que nous apportons pour le pays, dites-leur de ne pas gaspiller les voix, que l’on se coalise, car je souhaite que ces élections soient un signal pour le développement du pays. Pour nous tous, ensemble. » Il a appelé tout le monde à voter pour le parti de l’Aigle.

L’UPRONA pour le partage mais…

C’est à Ngagara, commune Ntahangwa, province Bujumbura, que le parti UPRONA a lancé sa campagne pour les législatives et communales. C’était le 13 mai 2025. Cherté de la vie, manque de produits de première nécessité, carburant… des défis auxquels le parti UPRONA compte trouver une solution selon Olivier Nkurunziza, son président.

Comme projets, il a cité entre autres le développement économique, la réhabilitation de l’accord d’Arusha, la diplomatie, etc. Pas de projets spécifiques pour la province de Bujumbura ou les communes de Bujumbura.

1. Olivier Nkurunziza : « Nous allons partager les postes avec les autres partis lorsque nous serons élus. »

Olivier Nkurunziza, le président de ce parti, a promis qu’une fois élu, il occupera 60 % des places et le reste sera pour les autres partis politiques. « Il ne faut pas qu’un pays soit dominé par un seul parti politique ; cela montre qu’aujourd’hui il n’y a pas une diversité des partis politiques. L’UPRONA est contre cela. Nous allons partager les postes avec les autres partis lorsque nous serons élus. »

Le programme de campagne du parti UPRONA prévoit l’amélioration de la qualité de l’enseignement dans les écoles publiques, la revalorisation des salaires des enseignants devenus précaires, le rapatriement des réfugiés, etc.

Le RADEBU promet du lait et du carburant

Pas de grands rassemblements pour le Rassemblement des démocrates du Burundi (RADEBU). Le parti de Jean De Dieu Mutabazi utilise la stratégie dite « porte-à-porte ». Il parcourt les quartiers de Bujumbura avec des véhicules équipés de haut-parleurs.

2. Jean De Dieu Mutabazi : « Si tu veux que les devises soient encore disponibles, vote pour Jean de Dieu Mutabazi. »

Lundi 19 mai, Jean de Dieu Mutabazi, président du parti, a sillonné la ville dans une camionnette aux couleurs de son parti. Des appels à voter pour Jean de Dieu Mutabazi étaient lancés par un animateur à bord : « Si tu veux boire à nouveau du lait, vote pour le RADEBU. Si tu veux que le carburant soit encore disponible, vote pour le RADEBU. Si tu veux que les devises soient encore disponibles, vote pour Jean de Dieu Mutabazi. »

Des gens alignés dans les files d’attente au parking de bus desservant les quartiers du nord de Bujumbura se sont exclamés : « Ces propositions ne sont pas claires. Il est difficile d’évaluer la pertinence de son programme par rapport aux élections législatives et communales. »

D’autres se sont interrogés : « Est-ce que nous sommes dans la campagne présidentielle ou législative ? Nous sommes confus. Est-ce qu’un seul député peut décider que le carburant soit disponible ? Quelles sont finalement les missions des députés ? »

L.B., l’une des personnes qui attendent un bus, trouve que ceux qui mènent campagne créent la confusion. « À entendre ce qu’ils disent, on dirait qu’on va élire le président de la République. Les programmes qu’ils nous présentent sont généralistes, ils ne sont pas alignés sur les compétences des mandats en jeu. Car les partis devraient formuler des programmes adaptés aux responsabilités des députés et conseillers communaux. »

Pour lui, ils devraient prioriser les enjeux locaux en mettant l’accent sur des projets concrets répondant aux besoins immédiats des électeurs dans leurs circonscriptions. « Ils devraient également distinguer clairement les projets à court terme, réalisables dans le cadre des mandats en jeu, des visions à long terme relevant d’échéances futures. »


Réactions

Faustin Ndikumana : « Le gouvernement veut s’affranchir de la pression de l’institution parlementaire »

« Premièrement, nous constatons que sur le terrain, c’est presque le CNDD-FDD qui mène campagne à travers tout le territoire national », réagit Faustin Ndikumana, directeur national de Parcem. Selon lui, cela se remarque dans les médias, surtout dans les médias publics, où l’espace médiatique est largement réservé au parti au pouvoir. « On dirait qu’un monopartisme de fait se réinstalle. Ceux qui ont connu le passé, c’est comme cela que cela se faisait. »

Faustin Ndikumana trouve que l’actuelle campagne électorale se déroule sur le mode de l’élection présidentielle. « C’est le président de la République qui sillonne tout le pays. On ne se donne pas la peine de présenter les CV des futurs parlementaires. » Selon M. Ndikumana, un parlementaire est quelqu’un qui a une expérience dans un domaine. « Il faut se poser des questions : quelle est ma valeur ajoutée ? Quelle est ma capacité ? Quel est mon CV ? Quelle est ma moralité au niveau du comportement dans la société ? C’est cela que le parlementaire doit présenter. Même si ce sont des listes bloquées, il faut prouver leur capacité de jouer le rôle d’un parlementaire. »

Et d’ajouter : « L’Assemblée nationale est une institution budgétivore. Il ne faut pas sombrer dans la corruption institutionnelle où on fait des formalités de mise sur pied des institutions alors qu’en réalité, elles ne sont pas capables de jouer leur rôle. »

M. Ndikumana rappelle d’ailleurs qu’un parlementaire a un mandat national. « Il doit jouer pleinement son rôle de contrôle de l’action gouvernementale. Ils devaient nous dire comment ils vont constituer des commissions d’enquête sur la gouvernance, la situation de la corruption, les injustices, les emprisonnements abusifs, surveiller la qualité des infrastructures, les services publics, les services sociaux, l’éducation, la santé. Comment vont-ils se battre ? Comment vont-ils surveiller les ministres ? Voter les motions de censure ? »

D’après lui, le gouvernement veut s’affranchir de la pression de l’institution parlementaire pour continuer tranquillement dans les abus que certains membres de l’exécutif commettent. « Le parlementaire a un mandat national, mais on inculque chez le parlementaire élu, de manière déguisée, qu’il a un mandat du parti. Lorsqu’un candidat est mis sur la liste et reconduit, il a une dette envers celui qui l’a mis sur la liste. »

Il ajoute : « Surtout que dans notre mentalité, c’est une façon aussi d’accéder aux avantages du secteur public. Le parlementaire élu se dit que c’est son tour d’améliorer ses conditions de vie, de construire une maison et il se moque des affaires publiques. »

M. Ndikumana recommande qu’on laisse aller les candidats à la députation devant les citoyens. « Parfois, on pourra avoir des surprises où on présente quelqu’un et la population approuve ou désapprouve. »

Faustin Ndikumana s’interroge : « Quelle est l’utilité de la séparation de l’élection présidentielle et des élections législatives et communales ? Le coût d’une élection est de 70 milliards de francs burundais du budget de la CENI. Sans oublier le temps, les fonctionnaires qui déserteraient les bureaux pour la campagne électorale, la population immobilisée, l’usage des véhicules de l’État dans la campagne électorale… On ne parvient pas à distinguer le budget de l’État et le budget du parti au pouvoir. C’est une confusion. Cela relève des pratiques dépassées du parti unique. »

Hamza Venant Burikukiye : « Cette campagne électorale reflète une image d’une compétition amicale et responsable »


Selon Hamza Venant Burikukiye, représentant légal du CAPES+, c’est normal que les candidats pour les législatives et les communales de 2025 soient moins visibles lors des meetings. « Comme les candidats députés et membres des conseils communaux sont issus des listes bloquées des partis politiques, des coalitions des partis et les indépendants, rien d’anormal à ce que ce soient le chef de l’État et les chefs des partis politiques qui occupent le devant de la scène dans la campagne électorale. »

Pour étayer ses propos, il indique que nul n’ignore que la Constitution et la loi électorale stipulent que les candidats sont sur des listes bloquées. Il rappelle également que ce sont des partis politiques, la coalition des partis et les indépendants qui figurent sur les bulletins de vote.

Concernant les projets des partis politiques qui revêtent un caractère national ou des promesses qui restent dans les généralités, il relativise. Pour lui, la mise en application du programme présenté au cours de la campagne électorale incombe aux élus. « Le parti qui remportera beaucoup de sièges va aligner les candidats se trouvant sur ses listes province par province. Ce sont alors ces derniers qui auront à veiller, au nom du peuple, à ce que les promesses soient honorées. »

Le représentant légal du CAPES+ indique que le déroulement de la campagne électorale fait déjà naître un espoir d’élections paisibles et crédibles. « Sauf pour certains qui seraient jaloux de cette sérénité et de l’engagement manifeste des Burundais en général et des politiciens en particulier, y compris les indépendants, cette campagne électorale en cours reflète une image d’une compétition amicale et responsable. »

Arthémon Muntunutwiwe : « À cause des listes bloquées, un candidat n’a aucun mot à dire devant le parti »


Pour sa part, Arthémon Muntunutwiwe, secrétaire général de l’Olucome, déplore que la vulgarisation des projets de société des partis et coalitions des partis politiques soit faite par des personnes qui ne se trouvent pas sur les listes. « Nous donnons l’exemple du président du Conseil des sages et du secrétaire général du parti présidentiel qui présentent les projets de société alors qu’ils ne se trouvent pas sur les listes des candidats. Les candidats en compétition devraient eux-mêmes dévoiler à leurs militants les programmes qu’ils mettront en avant s’ils sont élus. »

Il trouve qu’il faut différencier les élections législatives et communales de l’élection présidentielle. D’après lui, les autres formations politiques copient ce que fait le parti CNDD-FDD. « Nous demandons aux candidats en compétition de nous présenter ce qu’ils vont faire réellement sans utiliser des discours trompeurs. »
Toutefois, il nuance : « À cause des listes bloquées, un candidat n’a aucun mot à dire devant le parti. »

M. Muntunutwiwe fustige le comportement de certaines autorités qui ne savent pas distinguer les biens de l’État et les biens des partis politiques en utilisant les véhicules de l’État dans la campagne. « C’est de la malversation économique. Le carburant, le salaire du chauffeur, l’entretien du véhicule proviennent du budget de l’État. Les services habilités doivent veiller à ce que la loi soit respectée. »

Jean Nduwimana : « On dirait que c’est la campagne présidentielle »

« Nous sommes surpris de constater que les élections de 2025 connaissent une particularité notoire surtout au niveau de la campagne électorale. Il est prévu des élections législatives et communales, mais sur le terrain, nous remarquons que le chef de l’État, le secrétaire général du CNDD-FDD et les présidents des partis politiques prononcent des discours allant dans le sens des projets nationaux alors que ce sont les candidats qui devraient se présenter devant l’électorat de leurs localités », souligne le président de l’Association des jeunes pour la non-violence active (AJNA).

Il rappelle que le député est élu pour un mandat national et son rôle est le vote des lois et le contrôle de l’action gouvernementale. « Au niveau de l’élection communale, les élus essaient de résoudre certains problèmes qui hantent leur électorat. Au niveau de l’hémicycle, le député se démarque pour essayer de corriger les lois liberticides. »

Mais dans la campagne électorale d’aujourd’hui, indique-t-il, on dirait que les hommes politiques se sont écartés de leur mission. « Ce n’est pas le chef de l’État normalement qui devrait courir un peu partout dans le pays pour faire une campagne électorale. Ce sont les candidats qui se trouvent sur les listes électorales des communes ou des provinces qui doivent se présenter devant la population pour expliquer comment ils vont exercer leur mandat. »

Selon Jean Nduwimana, on dirait que c’est la campagne présidentielle. « Les candidats à la députation, on ne voit personne. Ce n’est pas le président de la République ou les présidents de partis politiques qui vont représenter les habitants de Burunga, Buterere ou autres provinces. La population doit différencier le vrai du faux. »

Selon Jean Nduwimana, l’arbitrage fait défaut. « La Commission électorale nationale indépendante devait se manifester durant la campagne pour rectifier le tir. Je pense qu’il faut expliquer le rôle des députés et celui des conseillers communaux. La population est désorientée. »

Emery-Pacifique Igiraneza : « Cette campagne électorale est un moyen pour le CNDD-FDD de manipuler l’opinion nationale et internationale »

« Comment expliquer l’état de délabrement de tous les secteurs dans un pays qui a un parlement ? », s’interroge Emery-Pacifique Igiraneza, président du Mouvement d’Actions Patriotiques (MAP-BURUNDI BUHIRE). « Depuis 2005, les conditions de vie des Burundais se sont fortement détériorées. Les Burundais sont aujourd’hui plus pauvres qu’en 2020. Tous les secteurs de la vie nationale sont complètement délabrés. Les écoliers n’ont pas de bancs-pupitres dans plusieurs communes du pays. Le Burundi vient de passer des années sans carburant. Il y avait des élus du peuple qui sont supposés contrôler l’action gouvernementale. »

Tant que le CNDD-FDD restera au pouvoir, poursuit-il, point de démocratie, point de séparation des trois pouvoirs. « On ne peut pas parler d’élections législatives tant que les candidats seront désignés ou validés par le CNDD-FDD. On ne peut pas parler de campagne électorale tant que les règles du jeu sont bafouées et non respectées. »

Selon lui, la campagne électorale est un moyen pour le parti au pouvoir de manipuler l’opinion nationale et internationale en faisant croire que le Burundi est une démocratie. « C’est un leurre. La campagne électorale en cours est tout simplement un jeu du CNDD-FDD pour légitimer sa seule vision de rester au pouvoir sans se soucier du bien-être du peuple burundais dans son ensemble, sans se soucier de l’amélioration des conditions de vie de la jeunesse burundaise et de l’ensemble de la population. »

Emery-Pacifique Igiraneza trouve que la préoccupation du CNDD-FDD n’est pas la démocratie, mais plutôt un leurre qui lui permet d’offrir des emplois à ses membres trop zélés qui entretiennent la peur au sein de la population, qui sont responsables des violations massives des droits humains et autres crimes. « Croyez-vous que le CNDD-FDD a la volonté de privilégier les collectivités locales ? »

Il indique que cette situation résulte du refus d’appliquer les principes démocratiques de séparation des trois pouvoirs, du manque de respect des textes qui régissent la République et les élections. « C’est aussi le résultat de la perte des valeurs d’Ubuntu, d’Ubushingantahe et d’une crise grave du leadership compétent, patriote, rassembleur et visionnaire. »
Le plus important, d’après lui, ce sont les règles du jeu consensuelles d’abord. « C’est le choix de l’arbitre qui veille sur l’équité et le respect strict des règles par tous les compétiteurs. »

Il exhorte l’ensemble des citoyens burundais sans distinction aucune de dépasser tous les clivages que l’on peut imaginer, principalement politiques et ethniques, de vaincre la peur et constituer un front républicain pour chasser le parti CNDD-FDD du pouvoir. « L’heure est grave quand on regarde les souffrances du peuple burundais et la pauvreté qui frappe de plein fouet la quasi-totalité des familles burundaises. »

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