Dans la promotion de la culture burundaise, plusieurs associations de jeunes se donnent corps et âme mais, les défis restent nombreux. Le ministère qui a la culture dans ses attributions se manifeste comme partenaire officiel seulement. Ce qui ne suffit pas.
Rinjora, une des branches des projets de l’entreprise Gisabo Tours, est par exemple un événement initié par des jeunes qui ont soif de faire connaître la culture burundaise. A travers Rinjora, les participants ont droit à des contes, des sketchs et des proverbes comme au temps du Burundi traditionnel.
Pendant l’événement, devant un grand public très enthousiaste, une cuisine traditionnelle est improvisée. Un foyer sur lequel une marmite est posée. Dans la marmite, il y a soit des colocases ou des patates douces que les participants ont le plaisir de déguster à la fin de la cérémonie.
Des participants de plusieurs nationalités se joignent aux Burundais. Des enfants aussi. Les animateurs donnent la parole à tout le monde. Des questions sur l’histoire du Burundi sont posées au public, un moment idéal d’apprentissage pour les plus jeunes.
A travers les rangées, du maïs braisé circule. Le public se donne à cœur joie à la bière locale dite « Impeke » et au vin local « Urwarwa » servis dans des calebasses.
Les conteurs se succèdent en tenues traditionnelles. Les participants sont captivés par les récits. « Dans ‘’Rinjora’’, j’apprends à connaître le pays et ses racines. Ce qui est une grande richesse qu’on devrait garder et enseigner à nos enfants », témoigne un participant.
Une des activités qui enseigne les rites ancestraux
Florence Irakoze, coordinatrice des projets et chargée de la communication dans l’entreprise Gisabo Tours, fait savoir que l’événement Rinjora a été initié suite à l’idée de faire connaître le Burundi. « Quand je dis le Burundi, c’est le menu, les contes, les chansons, les personnages comme Samandari et Inarunyonga. »
Le premier événement a vu la participation de vingt personnes en avril 2023. Elle se rappelle des premières impressions des participants. « La satisfaction était grande, et tout le monde a apprécié l’initiative. »
Devant un grand foyer, les organisateurs ont lancé un défi aux participants. « Est-ce que les participants savent braiser le maïs, la patate douce, la colocase ? Celui qui parvenait à le faire convenablement le consommait. »
Pour elle, l’idée était, à la base, de participer à l’événement en tenue traditionnelle mais, ils ont trouvé que la grande partie des participants venaient après les heures de service. « Nous nous sommes dit que, vu l’engouement que les participants ont pour cet événement, il fallait une libre participation et ça n’a fait qu’agrandir le nombre d’assoiffés de la tradition burundaise. »
Une participante à l’événement témoigne qu’elle a pu connaître la technique, quoique théorique, de traire une vache et que ses enfants aussi en ont profité. « J’ai pu entendre comment fonctionnait le tribunal des notables collinaires, la sagesse avec laquelle les jugements étaient rendus à travers cet événement. »
Ses enfants ont été émerveillés parce qu’ils lui ont avoué qu’on ne leur apprend pas à l’école ce qu’ils vivent dans l’événement.
Plusieurs défis hantent les activités culturelles
Pour l’entreprise Gisabo Tours qui œuvre dans la promotion de la tradition burundaise, Buja sans tabou et beaucoup d’autres, le partenariat financier reste souhaité dans la réalisation de leurs activités culturelles.

Florence Irakoze souligne que des partenaires locaux se sont organisés pour soutenir l’événement dans la location des chaises, les boissons et tout ce qui fait rayonner Rinjora. « Avant, la participation était gratuite, mais nous avons réalisé qu’il faut de l’argent pour l’achat des produits dont le public a besoin, ce qui fait que nous demandons juste 5 000 BIF d’entrée. »
Elle cite aussi le problème lié à la cherté des consommables et les déplacements.
Comme dans d’autres organisations culturelles, l’appel à un soutien financier reste vibrant, notamment à l’endroit du ministère qui a la culture dans ses attributions. « Le ministère de la Culture, de la jeunesse et des sports est notre partenaire officiel, mais il ne nous a jamais donné aucun autre soutien matériel ou humain », fait-elle savoir.
Freddy Nsabimbona, directeur artistique de Buja sans tabous, qui œuvre dans le théâtre, fait lui aussi savoir que son organisation n’a que des partenaires financiers étrangers. « L’approbation du ministère de tutelle pour que nous puissions organiser des activités comme le festival nous a toujours été donnée, ce qui est une grande chose, mais nous n’avons aucun soutien financier. »
Quid du budget alloué à la culture ?
Dans la loi nᵒ 1/12 du 24 juin 2025, portant fixation du budget général de la République du Burundi, 5 % du budget du ministère reviennent à la culture, à savoir 3 825 831 824 BIF sur 84 804 825 740 BIF alloué au ministère.
La part du lion est allouée à l’emploi et à l’autonomisation des jeunes, c’est-à-dire 45 % de tout le budget du ministère.
Contactée pour des éclaircissements, Lydia Nsekera, la nouvelle ministre en chargé de la culture a fait savoir qu’elle n’a pas encore le temps de répondre aux questions.








