Dans plusieurs structures sanitaires publiques, les malades font face à un manque criant de certains médicaments. Les garde-malades doivent recourir aux pharmacies privées. Les responsables de ces structures disent que le problème se trouve chez le fournisseur.
Dans les pharmacies alignées tout au long de l’endroit communément appelé la Permanence, les vendeurs de médicaments se réjouissent du nombre de clients qui augmente à la suite du manque de médicaments dans une structure qui leur est proche, à savoir l’hôpital Prince Régent Charles. Presque la totalité des clients viennent d’en face, selon les tenants de ces pharmacies.
Une pharmacienne qui a requis l’anonymat fait savoir qu’elle connaît à l’avance les produits dont les locataires de l’hôpital auront besoin avant de se ravitailler. « Je sais que l’hôpital à ce moment manque de médicaments et je me ravitaille en conséquence. Le circuit des garde-malades est devenu régulier ».
Un client trouvé sur place témoigne qu’il a déjà l’habitude de sortir chercher les médicaments pour son malade. « Je n’ai plus besoin d’aller vers les pharmacies de l’hôpital parce que je sais que le produit que je cherche ne s’y trouve pas. »
Il fait savoir que, le plus souvent, les infirmières ou même les docteurs qui prescrivent les médicaments orientent les malades vers où acheter ceux dont ils ont besoin.
A l’hôpital roi Khaled, la situation de manque de médicaments se traduit par un grand nombre de garde-malades devant les boxes à médicaments, tenant lieu de pharmacies. Un garde-malade assure que beaucoup d’entre eux font souvent la queue pour rien. Ils retournent bredouilles à l’endroit d’où ils sont venus car, le médicament qu’ils cherchent est introuvable.
La peur des médicaments nocifs hante les malades
A la sortie de l’hôpital, un garde-malade fait savoir qu’il se rend dans un quartier de la périphérie pour un médicament introuvable. Il souligne que la pharmacie dans laquelle il va chercher le médicament a déjà gagné sa réputation. « C’est une pharmacie qui appartient à un étranger. On m’a dit qu’elle contient des médicaments introuvables ailleurs. »
Il dit toutefois avoir peur de tomber sur un médicament qui ne remplit pas les normes tout en reconnaissant que c’est le seul choix qui s’offre à lui. « Le pharmacien qui m’a orienté a passé plusieurs coups de fil avant de me donner l’adresse. »
Un autre garde-malade avec une carte de la Mutuelle de la Fonction publique et des ordonnances dans la main dit que sa carte ne lui sert presque à rien dans les pharmacies de la mutuelle qui sont dans les enceintes de l’hôpital : « Je sors circuler dans les pharmacies qui collaborent avec la mutuelle pour voir si je peux avoir les médicaments que je veux. Sinon, ça ne sert à rien d’être un affilié de la mutuelle. »
D’après lui, les médicaments qui coûtent chers lui semblent avoir été rayés de la liste des médicaments que la carte d’assurance couvre. « Je ne comprends pas pourquoi les médicaments dits spécialités sont introuvables quand on présente la carte d’assurance de la Mutuelle. »
Une situation déplorable
Pierre Nindereye, représentant légal de l’Association burundaise pour la défense des droits des malades, fait savoir que cette situation est très préoccupante. « C’est très déplorable de voir qu’un malade hospitalisé manque de médicaments. »
Pour lui, ce manque de médicaments met en doute la qualité des soins et il fait savoir qu’en temps normal, le malade ne devrait pas sortir du lieu d’hospitalisation pour chercher lui-même les médicaments dont il a besoin.
Il lance un appel auprès des responsables des structures sanitaires publiques, de tout faire pour assurer la bonne disponibilité des médicaments afin de garantir les soins de qualité. « Sans ces médicaments, les malades risquent de présenter des complications s’ils ne sont pas traités à temps et efficacement. »
« Le problème se trouve ailleurs »
Stanislas Harakandi, directeur de l’hôpital roi Khaled, fait savoir que le plus souvent, le manque de médicaments ou de matériel s’observe au niveau du bloc opératoire et au niveau de l’anesthésie.
Il précise que quand il y a manque, le problème ne vient pas de sa structure sanitaire mais plutôt de son fournisseur. « Il peut y avoir quelques ruptures, mais nous ne pouvons pas connaître les problèmes que rencontrent les fournisseurs auprès desquels nous nous ravitaillons. En ce qui nous concerne, nous tenons le cap et pour le moment, il n’y a aucun problème. »
A la Centrale d’achat des médicaments essentiels, des dispositifs médicaux, des produits et matériels de laboratoire, Camebu, les rendez-vous fixés et reportés à plusieurs reprises par la directrice générale ont fini par ne rien apporter comme éclaircissement à cette situation.






