Depuis plus d’une semaine, des conducteurs de taxis attendent en vain du carburant. La Sopebu, la Société pétrolière du Burundi n’a réservé que quatre stations d’approvisionnement pour les taxis dont Musaga Oil. Privés d’essence, de revenus et d’espoir, les taximen dénoncent une inégalité de traitement, des charges continuent de s’accumuler avec cet arrêt forcé.
Il est 10h30 ce mardi matin 19 mai à la station Musaga Oil, bordant la RN7, dans le quartier Musaga, au sud de la ville de Bujumbura. Le soleil de plomb n’est pas le seul à peser sur l’atmosphère : une angoisse palpable étreint les conducteurs de taxi-voitures.
C’est le désespoir total, ils attendent depuis plus de 8 jours. Ils sont à l’arrêt, contraints à une inactivité forcée. 8 jours sans travail, 8 jours sans le moindre revenu, 8 jours sans même pouvoir rentrer chez eux.
Chaque minute qui passe fait monter la frustration, les plongeant dans une incertitude déchirante quant à la manière de subvenir aux besoins de leurs familles. « La situation est bien plus que critique : c’est un calvaire quotidien », glisse l’un d’eux.
Par peur de représailles, les taximen rencontrés refusent de s’exprimer à visage découvert. L’un d’eux raconte, la voix hésitante : « Cela fait 8 jours que je suis ici. Je suis arrivé le dimanche 11 mai et, depuis, je passe la nuit sur place à la merci des moustiques. J’ai dû quitter littéralement ma famille pour rester près de la voiture de mon patron, dans l’espoir de m’avoir un peu de carburant. Je suis épuisé. Ma famille ne survit maintenant que grâce à des dettes, car je suis eu quelque sorte en chômage technique en ce moment », confie-t-il.
« Dans les autres stations, quand nous faisons la queue avec d’autres voitures, les pompistes nous retirent de la file en disant qu’il y a des stations spécifiques pour nous. Mais cela fait plus d’une semaine qu’il n’y a pas une seule goutte dans celle-ci », s’indigne-t-il.
Et d’ajouter : « Malgré cette situation, la mairie de Bujumbura continue pourtant à nous réclamer les frais de stationnement de 15 000 FBu sans oublier les frais d’assurance trimestrielle de 113 000 FBu ainsi que des impôts à l’OBR ».
Un troisième taximan, visiblement à bout, s’inquiète des conséquences matérielles : « Nos voitures commencent à avoir des problèmes. Cela fait une semaine qu’elles sont immobilisées dans des files, en plein soleil. Ce n’est pas bon pour leur état. En plus, la route ici est très étroite : certaines ont été percutées par d’autres véhicules. Les pertes sont énormes », explique-t-il.
Et de conclure, désabusé : « Pendant ce temps, le président de la République demande que chaque poche ait de l’argent. Mais comment faire si on ne nous donne pas de carburant ? »
Face à cette détresse, les taximen lancent un appel pressant à la Sopebu, la Société pétrolière du Burundi : « Nous voulons être traités comme les autres conducteurs, et avoir un accès équitable au carburant ». En attendant, leur quotidien reste suspendu à quelques litres d’essence.
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