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Société

Ruyigi-Butezi : Les femmes démunies retrouvent espoir

03/02/2019 Commentaires fermés sur Ruyigi-Butezi : Les femmes démunies retrouvent espoir
Ruyigi-Butezi : Les femmes démunies retrouvent espoir
Une bénéficiaire en train de recevoir les 40 mille BIF.

Le projet Merankabandi vient en aide à 48 mille nécessiteux choisis dans quatre provinces du Burundi. A Butezi, les bénéficiaires sont satisfaits malgré quelques cas isolés.

« Ma maison est dorénavant couverte de tôles grâce à un crédit contracté au sein de notre caisse. Tous les deux mois, je verse 30 mille BIF dans la caisse en guise de remboursement, je reste avec 10 mille francs. C’est un miracle pour moi », témoigne Espérance Nzikwirinda, bénéficiaire du projet Merankabandi sur la colline Kivoga.

Ce projet est l’initiative du ministère de la Solidarité. Il est financé par la Banque mondiale. Tous les deux mois, chaque bénéficiaire reçoit une somme de 40 mille BIF. Grâce à cette somme, les bénéficiaires n’ont plus de difficulté pour subvenir à leurs besoins. « Depuis que le projet nous appuie, m’acheter de l’engrais chimique, des semences de haricot et petit à petit l’élevage du petit bétail m’est possible ».

Ledit projet s’attelle au développement de la communauté à travers essentiellement les femmes. Rénilde Ntanyungu, la quarantaine, originaire de Nyamiyaga, explique : «Au mois d’avril, j’ai donné 10 mille à mon mari. Il est rentré ivre le même jour sans un sou. Les hommes gaspillent beaucoup. »
Depuis l’avènement du projet, Simon Ciza, chef de la colline Kanyinya, fait savoir qu’une nette amélioration se manifeste chez les bénéficiaires : «Ils n’ont plus du mal à s’acheter des semences, des engrais chimiques et le petit bétail. »

La mentalité des hommes a évolué

Au début du projet, certains hommes croyaient que les femmes allaient les sous-estimer. « Nos maris ne comprenaient pas comment nous passons des journées sans être présentes à la maison. » Aujourd’hui, souligne Henriette Bizimana de la colline Kanyinya, ils ont tous compris.
Quoi que Merankabandi révolutionne nombre de ménages, une embûche persiste. Elles doivent parcourir de longues distances pour recharger leur téléphone.

« Etant donné que le payement se fait via Ecocash, il est difficile pour ces femmes des coins reculés d’avoir de l’électricité », indique Mathilde Bucumi, avant de poursuivre : « Le problème de chargement du téléphone est très sérieux pour les uns, tout comme quand il tombe en panne ».Elles demandent aussi que le montant de 20.000BIF soit majoré.

Selon Ferdinand Bandiyimisi, responsable provincial des opérations à Ruyigi, les communes bénéficiaires sont : Butaganzwa, Butezi, Bweru et Gisuru. Le nombre de bénéficiaires est d’environ douze mille personnes.

Eclairage de Martin Nivyabandi, ministre de la Solidarité, des droits de la personne humaine et du genre.

Qu’est-ce qui a poussé le ministère à mettre sur pied le projet Merankabandi?

C’est un projet qui a été initié par le gouvernement du Burundi en partenariat avec le groupe de la Banque mondiale. Il s’occupe essentiellement de réduire la pauvreté des ménages. Le choix des provinces est inspiré de la logique de réduction de pauvreté. Selon les statistiques, on a réalisé que les provinces Ruyigi, Gitega, Karusi et Kirundo sont celles qui présentaient les indices d’extrême pauvreté les plus élevés.
Au niveau de chaque province, il fallait aussi choisir les communes les plus pauvres. Et parmi les communes les plus pauvres, il fallait aussi choisir les ménages les plus pauvres. C’est un programme de relèvement communautaire dans le cadre de la mise en œuvre de la politique nationale de la protection sociale mise sur pied depuis 2011.
20 mille francs par mois, sont-ils suffisants ?

Au début, on se demandait si 20 mille allaient suffire pour réduire la pauvreté. Mais on est tombé sur les 20 mille BIF après une enquête sur la pauvreté monétaire dans notre pays. On a trouvé que les gens avaient en moyenne cette somme dans les régions qui ont fait l’objet d’une enquête.
En outre, il ne fallait pas créer des disparités. Si vous donnez 100 mille BIF, alors qu'il y a un fonctionnaire du coin qui a moins que cela, vous risquez de créer des problèmes. Quand vous disposez de zéro et qu'on vous fait une somme colossale, vous risquez de créer d'autres besoins qui n'ont rien à voir avec le programme de relèvement communautaire.
Avec une bonne gestion des 40 mille BIF tous les deux mois, on peut s'acheter du sel, un porc à 30 mille BIF ou les engrais chimiques, se faire soigner etc. Nous avons aussi voulu montrer au monde qu'en commençant par de petites sommes on peut transformer nos communautés.
« Pourquoi le choix des femmes ? »

Les femmes sont meilleures gestionnaires au niveau des ménages. Les gens se demandaient si les hommes allaient accepter. Mais ils ont adhéré. Cela ne cause aucun problème. De par les enseignements donnés aux femmes à travers les CDFC (Centre de développement familial et communautaire). C’est aussi un moyen de montrer à aux femmes qu’elles sont responsables et de les intégrer dans le circuit économique du ménage. On a constaté que ça a consolidé aussi la famille. Je dois préciser que ce n’est pas un projet uniquement pour les bénéficiaires. C’est un projet pour toute la communauté.
On a bien géré à telle enseigne qu’on pense à augmenter le nombre. On avait tablé sur 48000 personnes mais on est en train de penser d'ajouter encore mille bénéficiaires.
Et après le projet… ?

Nous leur faisons comprendre que c'était pour les booster, leur donner la base sur laquelle elles devaient s'appuyer pour se développer.
Nous insistons beaucoup pour que la bourse soit utilisée pour l'investissement du ménage, surtout dans le petit bétail, se procurer un champ, fertiliser son sol, soigner son enfant etc. Nous voulons qu’à la fin du projet, les 48 mille ménages puissent être au même niveau que les autres personnes de la localité.

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