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Ruvubu : bandits armés ou rébellion ?

10/08/2011 Commentaires fermés sur Ruvubu : bandits armés ou rébellion ?

Des habitants des communes Mwakiro et Muyinga signalent une présence de groupes d’hommes armés le long de la rivière Ruvubu et même à Miramira en Tanzanie. Le gouverneur réfute tout. Le chef d’Etat major de l’armée parle d’un groupe des désœuvrés qui volent et pillent.

A la question de savoir si les attaques observées depuis le début de l’année sont l’œuvre d’une rébellion, le Général Godefroid Niyombare a répondu qu’il ne s’agit que d’un groupe de gens désœuvrés. C’était lors d’une conférence de presse, de ce lundi 25 juillet. Pourtant la population des communes du Nord du pays parle d’autre chose.

Depuis l’attaque du 16 juillet dernier, au chef lieu de la commune Mwakiro, par un groupe d’hommes armés, la population se dit effrayée et ne croit plus au discours officiel. Jean Claude Ndayishimiye, habite la colline Muyange de cette commune. Cet agriculteur de vingt ans ne mâche pas ses mots : « Expliquez-moi comment de simples gens désœuvrés ont chanté pendant plus d’une demie heure avant de commencer à tirer ! »

Ce jeune homme indique que l’attaque est survenue le 11 juillet 2011vers 22 heures, et a duré plus d’une heure : « Des tirs étaient nourris et il y avait beaucoup d’explosions de grenades. » Une autre source indique, sous couvert d’anonymat, que des tirs ont été entendus près de la maison de l’administrateur communal : «Trois personnes ont été blessées dont un policier et un couple de commerçants. Des boutiques ont été vandalisées et un bar brûlé.»

Une population apeurée

Cette source ajoute que, malgré de patrouilles des militaires, la population a actuellement peur de circuler aux heures du soir de peur de tomber sur ces hommes armés. Selon un autre habitant, outre la peur de tomber sur des bandits, les arrestations qui s’en sont suivies, officiellement pour des raisons d’enquête, ne tranquillisent pas «  Tous ceux qui ont été arrêtés sont des membres des partis politiques de l’opposition », explique-t-il.

A côté de ce cas de Mwakiro, ces hommes armés sont signalés dans la réserve de la Ruvubu où ils auraient leur repaire : « C’est de là qu’ils viennent chaque fois qu’ils attaquent », laisse entendre un habitant de la colline Mageni, en commune Muyinga, au lendemain de l’attaque du 21 juillet vers 22 heures. Cet habitant raconte que des tirs nourris ont retenti sur cette colline avant que ces hommes ne volent trois vaches et cinq chèvres « Ils se sont ensuite dirigés vers le parc de la Ruvubu. Seules les vaches ont été récupérées le lendemain », ajoute-t-il.

Ces habitants de Mageni affirment même que ces hommes armés auraient un camp d’entraînement à Miramira, de l’autre côté de la frontière tanzanienne. N.G., un jeune de Mageni, affirme que ces hommes recrutent chaque combattant pour 300 mille Fbu : « Après une brève formation dans la Ruvubu, les recrus sont amenées en Tanzanie. »

L’administration réfute tout

Toutes ces informations sont réfutées par Pétronie Sindabahaga, gouverneur de Muyinga. Selon elle, il n’y a pas de groupes d’hommes armés qui sévissent le long de la Ruvubu. Il n’y a que de simples bandits. Pour elle, l’attaque de Mwakiro est survenue après l’arrestation, dans le parc de la Ruvubu, de trois bandits dans un groupe de huit, le 10 juillet. Le lendemain, ajoute-t-elle, leurs amis ont attaqué la commune pour les libérer, d’où ces tirs près du cachot de la commune.

D’après elle, beaucoup de bandits volent en se faisant passer pour des éléments d’Agathon Rwasa. Elle donne l’exemple d’autres bandits arrêtés entre les communes Buhinyuza et Muyinga, la veille de l’attaque de Mageni : « Ils sont venus à bord d’une moto et ont volé plus de 20 mille Fbu à de pauvres citoyens avant d’être arrêtés par la police. Peut-on les qualifier de rebelles ? »

Concernant le recrutement des jeunes moyennant une somme de trois cent mille Fbu comme évoqué par la population de Mageni, Madame Sindabahaga ne nie pas ces informations. Mais elle en donne une toute autre explication : « Ces gens sont trompés pour aller en Tanzanie. Arrivés sur les lieux, ils sont envoyés cultiver les champs des Tanzaniens. » Le numéro un de Muyinga en veut pour preuve plusieurs cas de refoulement pour cause d’irrégularités.

Pour elle donc, la sécurité est bonne dans sa province sauf qu’elle est de temps en temps perturbée par ces bandits. Elle s’inscrit aussi en faux contre la version d’une présence de groupes armés à Miramira : « Nous sommes en contact avec les autorités tanzaniennes et elles nous ont assurée que cette information est fausse. »

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