Jeudi 12 juin 2025

Société

Revue à la hausse des effectifs d’élèves admis à l’internat, un pari exigeant

10/06/2025 0
Revue à la hausse des effectifs d’élèves admis à l’internat, un pari exigeant
Le ministre François Havyarimana précise que le budget est disponible

Le ministre ayant l’éducation nationale dans ses attributions, François Havyarimana a annoncé que le ministère va augmenter de 5 000 l’effectif des élèves accueillis à l’internat. Pour plusieurs directeurs d’écoles, enseignants, parents et spécialistes, c’est une mesure salutaire qui permet de redynamiser le système éducatif en déclin. Ils demandent néanmoins des efforts supplémentaires pour un bon accompagnement.

La mesure est prise aux moments où les écoles à régime d’internat font face à moult défis. Il s’agit, entre autres de l’insuffisance d’enseignants et de manuels scolaires ; des labos et bibliothèques pas suffisamment équipés ; de l’insuffisance de lits et de matelas et de subsides de l’État dans un contexte de hausse généralisée des prix.

Selon un enseignant de l’ETS Kamenge, « le taux de réussite est des plus bas. C’est troublant. Cette mesure garantit un suivi scolaire plus régulier. Les écoles à régime d’internat offrent un enseignement de qualité et un encadrement rigoureux ».
Il indique que des élèves commencent à somnoler à 11 h et ne suivent pas facilement les cours suite à la faim. Pour lui, les résultats ne peuvent pas être bons. « La majorité des élèves internes font des cours qui sont trop exigeants. Pour l’élève qui n’a pas eu de thé le matin, son énergie est déjà épuisée même à la troisième heure ».

Il indique également que la mauvaise alimentation des élèves fréquentant les écoles à régime d’internat a des conséquences sur le rendement. Cela a un impact sur les résultats des élèves et peut entraîner des abandons.

D’après un directeur de l’un des lycées de la capitale politique Gitega, la situation sur la restauration des élèves dans les écoles à régime d’internat est déplorable. « Compte tenu de la flambée des prix sur le marché, nous constatons que la somme prévue reste dérisoire. Nous avons beaucoup d’arriérées envers nos fournisseurs. Des fois, on pense que les directeurs des écoles sont des magiciens ».
D’après lui, si le gouvernement veut augmenter le nombre d’élèves, il doit investir dans ce secteur. Il appelle le ministère de tutelle à prendre des mesures d’accompagnement pour réussir le pari.

De son côté, Nestor Nduwimana, directeur de l’Ecole de Techniciens d’assainissement et laboratoire, Etal de Bujumbura trouve également que les subsides restent insuffisants. L’Etat donne 2 000 BIF par élève et par jour. « Nos élèves travaillent dur et ils sont obligés de manger trois fois par jour. Le matin, ils prennent de la bouillie, à midi ils mangent la pâte de maïs et la nuit, ils mangent du riz. C’est difficile ».

Il explique que l’école a trouvé un système d’autofinancement pour pallier ce problème avec la contribution des parents. L’école a mis en place une cantine scolaire et élève des chèvres et des lapins.
Didace Nzabampema, préfet des études au lycée d’excellence de Ngagara indique lui aussi que nourrir les élèves n’est pas facile car, les subsides de l’Etat sont insuffisants. Il fait savoir que l’école s’en sort bien en exploitant ses terres. Il salue la mesure mais il demande plus d’appui du gouvernement.

Besoin d’un budget suffisant

Revoir à la hausse les effectifs d’élèves dans les écoles à régime d’internat, une mesure salué

Selon David Ninganza, chargé du plaidoyer et de la communication à la SOJPAE, restaurer de nouvelles écoles à régime d’internat est l’une des réponses car, la qualité de l’enseignement a sensiblement baissé selon les résultats. La revue du nombre d’élèves reçus doit être bien étudiée pour ne pas créer d’autres problèmes.« La mesure est une chose. La durabilité et l’efficacité sont une autre chose. Il faudrait qu’il y ait une étude qui montre les défis et les solutions ». Il trouve lui aussi que les subsides donnés par le gouvernement restent insuffisants. Les élèves se lamentent parce qu’ils n’ont pas de repas suffisant. « Il y a une flambée des prix et les directeurs des écoles doivent avoir aussi de sérieux problèmes. Il faut rehausser tout d’abord les subsides que le ministère donne aux établissements ».

Cet activiste critique également l’absence de certains matériels didactiques essentiels. Il parle du manque de laboratoire, de bibliothèque et d’autres outils pédagogiques. Il appelle le gouvernement à consacrer un budget suffisant à l’éducation.

Selon un enseignant de l’université du Burundi qui s’est exprimé sous anonymat, la mesure est positive si elle s’accompagne de moyens concrets. Sinon, elle risque d’aggraver les conditions déjà précaires dans plusieurs établissements. « La capacité d’accueil est insuffisante : certains établissements manquent déjà de lits, de dortoirs, de sanitaires, de cuisines, etc. Il y a des problèmes de ravitaillement car nourrir beaucoup d’élèves nécessite des budgets alimentaires revus à la hausse. Or, beaucoup d’internats peinent à couvrir les besoins actuels ».

Il indique que la création de 5 000 nouvelles places à l’internat présente plusieurs plus-values importantes. Il parle notamment de l’amélioration des conditions d’apprentissage. « Les élèves en internat ont un environnement plus stable et propice aux études (éclairage, encadrement, discipline) ».

En plus, il cite la réduction du temps et de la fatigue liés aux longs trajets quotidiens.
Il explique que la mesure a un impact positif sur les résultats scolaires. En effet, les taux de réussite sont souvent plus élevés en internat grâce à un encadrement continu et un suivi renforcé. « C’est un renforcement du système éducatif qui témoigne d’un investissement concret dans l’infrastructure scolaire et prépare aussi le système à mieux absorber le flux croissant d’élèves ».

Interrogé, le ministre François Havyarimana précise que le Burundi compte 101 établissements à régime d’internat. Il a indiqué que les lits, les matelas, les mouvelots (grandes casseroles utilisées pour préparer le repas pour les élèves internes) sont en train d’être achetés. « Tout cela permettra aux établissements à régime d’internat d’accueillir plus de 40 000 élèves pour l’année scolaire 2025-2026 ».

Sur la question de savoir si le budget de fonctionnement du ministère est suffisant pour envisager l’augmentation des écoles à régime d’internat, le ministre Havyarimana tranquillise. « Les moyens pour réussir ce projet sont disponibles. Ils se trouvent dans les prévisions budgétaires pour l’année 2025-2026 ».

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