Lundi 17 juin 2024

Politique

Professeur Julien Nimubona : « Au sein du parti CNDD-FDD, il y a trois grands courants qui s’affrontent »

Professeur Julien Nimubona : « Au sein du parti CNDD-FDD, il y a trois grands courants qui s’affrontent »

Dans la dernière partie de l’interview, le Professeur Julien Nimubona aborde les courants internes au sein du parti Cndd-Fdd, exprimant ses préoccupations quant à l’absence de régulation corrective et de sanctions dans la lutte contre la corruption. Il déplore également une crise d’autorité et pointe du doigt les limites du gouvernement actuel, illustrées par l’aveu d’impuissance du Premier ministre Ndirakobuca face à la pénurie de carburant. Enfin, le Professeur soulève des réserves quant à l’efficacité des déplacements fréquents du chef de l’État, soulignant qu’ils devraient aboutir à des retombées concrètes pour le développement du pays.

Depuis que le président Ndayishimiye est au pouvoir, il dénonce parfois ce qu’il qualifie de « mafia » au sein de l’administration burundaise. Mais cette mafia n’a jamais été inquiétée. Comment trouvez-vous cette approche du président ?

Du point de vue de la science politique, nous considérons qu’un système politique, un gouvernement, ne vaut que quand il agit. Gouverner, ce n’est pas prononcer des discours. Ce n’est pas énoncer des valeurs. Ce n’est pas discourir à longueur de journée sur les dysfonctionnements que l’on observe dans la société. Gouverner, c’est plutôt agir sur les dysfonctionnements. C’est décider et par conséquent réguler. Dans la notion de régulation, il y a deux entrées : il y a bien entendu la dénonciation, mais ensuite la décision.

Dans la décision, vous avez le limogeage des responsables des crimes et dysfonctionnements incriminés, leur remplacement, mais c’est ensuite la sanction. C’est la sanction qui corrige la société. Ce n’est pas le limogeage. La sanction signifie que celui qui est auteur d’un crime de détournement de fonds, de corruption doit en répondre devant la loi. Parce que c’est la loi, elle seule, qui protège le citoyen contre ce genre de criminels.

Or, nous attendons beaucoup du chef de l’Etat qu’il aille au-delà des discours, au-delà des décisions de limogeage, qu’il prenne des sanctions négatives qui éduquent la société. Et ça, c’est le travail de la justice. Evidemment, quand le chef de l’Etat ne fait pas ce pas, on dit il n’y a pas d’autorité. La crise d’autorité dont parlent les théoriciens fonctionnalistes, c’est-à-dire qu’il y a absence de décision de régulation corrective, c’est-à-dire la sanction.

On peut aller plus loin en disant pourquoi alors il n’y a pas de sanctions négatives, en termes d’emprisonnement, de réparation du contribuable. C’est que le système est gangréné par la mafia et que l’autorité qui doit décider est dominée par les mafieux.

Est-ce que cela ne peut entraîner une crise de confiance dans le leadership ?

Si vous voulez, on peut parler de crise d’autorité en le nuançant et en disant tout simplement que c’est une histoire de relation entre l’acteur, qui est le chef de l’Etat et le système politique qu’il a secrété, dont il est issu. Et cette relation entre l’acteur et le système est connue. L’acteur peut avoir une vision, des stratégies, une intelligence, mais il est soumis à des règles de fonctionnement, à des contraintes énormes extérieures à lui. C’est à ce niveau-là que l’on évalue la grandeur de l’autorité.

La grandeur de l’autorité est celle qui la possibilité d’imposer au système sa vision et sa force d’impulsion. C’est-à-dire qu’il a, non seulement la décision, mais la capacité de sanctionner afin de balayer sur sa voie de passage. Si le système domine l’acteur, comme ça me semble être le cas, ça veut-dire qu’il prend le risque d’encourir les catastrophes de la crise d’autorité, c’est-à-dire les gouvernés se posent les questions : où est l’autorité ? Où est-ce qu’on va ? Y a-t-il un pilote dans l’avion ? Et s’il y en a, il faut que les décisions soient accompagnées de sanctions négatives.

Lors de la séance plénière du 24 avril dernier, le Premier ministre burundais, Gervais Ndirakobuca a reconnu qu’il n’est pas à même de donner une solution à la récurrente pénurie des carburants qui s’observe au Burundi depuis plus de deux ans. Votre analyse ?

C’est extraordinaire (rires). J’ai aimé son intervention parce qu’elle est sincère, mais désastreuse sur le gouvernement. Parce qu’un chef de gouvernement n’a pas le droit de dire qu’il ne voit pas de solutions. Gouverner, c’est décider, c’est agir, mais c’est aussi faire rêver. Nous avons aussi besoin de rêves de savoir que demain ça va changer. Il aurait pu dire : « Nous y travaillons ».

Face à des crises comme celles que nous traversons, les autres pays les ont connues, on peut s’en sortir. Il n’y a pas de raisons que le Burundi ne s’en sorte pas. Les solutions existent bel et bien. Je ne ferais que répéter ce que d’autres ont déjà dit. Mais, il faut que le gouvernement fasse confiance à des experts. Peut-être qu’ils n’existent pas dans son système, dans son entourage. Dans ce cas-là, il faut que le gouvernement compte sur d’autres experts qu’il doit considérer comme des citoyens légitimes qui aiment eux aussi leur pays et qui n’entendent pas accepter le monopole de ce discours sur l’absence de solutions.

Quid de ces experts dans l’administration publique ?

Je ne parle pas des experts « Blancs » ou venant de l’étranger. Les fora nationaux sur l’économie burundaise qui ont été organisés au Burundi récemment ont montré que le Burundi a ses experts et qui ont amenés beaucoup de contributions. Des contributions qui montrent très bien, dans chaque domaine, comment on peut s’en sortir. Les simples questions relatives à la gouvernance économique ; la bonne gestion des ressources de l’Etat ; gouvernance politique ; leadership ; capacité de l’administration publique.

Quand le Premier ministre lui-même, en plus des députés, dialoguant avec les partenaires au développement ; je parle ici des représentants des Nations-Unies et de la Banque mondiale parlent de capacité de l’administration publique. Ça, c’est une réponse nationale.

On n’a pas besoin de Blancs pour venir gérer nos projets de développement. Mais, quand on voit des problèmes de capacité, tout le monde le sait et le voit, et cela parce que notre système administratif est géré d’abord par des logiques de militantisme politique que de compétences pragmatiques. Il y a des Burundais hypercompétents, y compris même au sein du parti au pouvoir. Mais il faut aller voir la logique qui prévaut au sein même de ce parti. L’on va insister davantage sur le militantisme que sur les capacités diplômantes et certifiantes.

Où sont les docteurs du CNDD-FDD, des docteurs, des professeurs d’université ? Ils sont marginalisés. Ils ne sont pas au sommet de l’Etat. On va dire et je me rappelle de ce petit passage du discours du Secrétaire général du parti au pouvoir qui dit que « x2-1 n’attrape pas les termites. »

Cela nous a marqués parce que nous avons compris que le pouvoir actuel se « fout » des compétences scientifiques ou académiques. Le Président de la République aussi, à un moment donné, a humilié des diplômés en disant que finalement on n’a pas besoin d’être diplômé pour récolter plus de maïs.

Il faut que le gouvernement actuel croie en la capacité intellectuelle des Burundais en termes de compétences et ils sont issus des différents milieux. Mais il faut accepter qu’ils soient mis en évidence et qu’ils donnent des réponses pour chaque domaine de la croissance économique. Sinon on n’aura pas atteint cette vision 2040-2060 tant vantée.

Il vient de se dérouler une Journée de réflexion sur les exportations au Burundi. Mais certains experts s’interrogent pourquoi cette dernière intervient maintenant alors que le pouvoir a eu pas mal de recommandations sur ce sujet il y a presque 20 ans. Qu’est-ce que vous en pensez ?

C’est ce que nous appelons l’efficience des gouvernements. Rien ici n’est évalué et ensuite amélioré. Il y a eu des plans stratégiques de développement, les CSLP I et II, ensuite on est allé dans le Plan national de développement (PND) qui devait aller en 2027. On l’a interrompu, maintenant, on parle de Vision 2040-2060. On ne sait pas évaluer les étapes franchies, en tirer les leçons en termes de défiance et d’efficience enregistrées afin de progresser. Cette planification stratégique est le rôle des experts. Deux fora nationaux sur le développement économique ont été organisés, on ne voit pas de suivi.

Pourquoi il n’y a pas de suivi ?

Premièrement, la présidence organise ces foras et puis on ne voit pas d’appropriation en termes de politique gouvernementale, en termes politiques sectorielles.
Par exemple, on parle de Vision 2040-2060, est-ce que vous pouvez trouver dans chaque ministère une politique sectorielle de mise en œuvre de la vision dans le cas d’un plan annuel, triennal ou quinquennal ? Vous n’en trouverez pas. Et ça, c’est pédagogique, c’est méthodologique. Les ministres devraient rendre compte au gouvernement et au Parlement et le gouvernement tout entier à la société sur les plans qui sont en train d’être mis en œuvre par rapport à cette vision.

Mais, il faut d’abord sortir du chaos actuel dans lequel on vit notamment les crises du carburant, des crises d’inflation pour tous les produits de première nécessité et ne parlons pas de croissance.

Au cours d’une séance plénière, le Premier ministre a déclaré que la crise de 2015 et les sanctions prises contre le pays ont produit des conséquences sur la vie d’aujourd’hui. Quelle est votre réaction ?

Encore une fois, je me suis réjoui de l’intervention du Premier ministre qui était sincère. Il faut sortir des grands schémas idéologiques des années 2015 avec un ethno-nationalisme aberrant, un populisme conservateur qui n’a pas de place. Il faut rappeler que l’Union européenne à elle seule appuyait le Burundi dans le cadre du budget de fonctionnement à hauteur de 52 %. Ce manque à gagner commence à nous toucher.

Il n’y a pas que ça. Il y a eu aussi des pratiques gouvernementales de mauvaise gouvernance extrêmes entre 2015 et 2020. Notamment des années d’oligarchisation économico-financière, politico-militaire avec des accumulations des ressources étatiques dans les mains d’oligarques. Cela a été préjudiciable sur le fonctionnement de l’Etat. Aujourd’hui, l’Etat est au bout du souffle au niveau des ressources économiques qui ont été dilapidées par les oligarques qui sont devenus même de véritables mafias au sein de l’Etat puisque comme vous le voyez, ils ont pris beaucoup de forces ce qui empêche le président de la République à prendre des décisions qui s’imposent.

A mon avis, le Premier ministre aurait dû ajouter qu’en plus des conséquences de ces sanctions, il y a eu quand même des dérives dans la mauvaise gouvernance de l’Etat pendant la période 2015 à 2020. On n’a pas vu des mécanismes correctifs, des sanctions de ces pratiques de détournements des biens publics.

Parallèlement, dans une conférence de presse, le Secrétaire général du parti au pouvoir a déclaré qu’il n’y aura jamais une amnistie pour les présumés putschistes de 2015. Votre commentaire ?

Avec ces discours divergents entre le Secrétaire général du parti au pouvoir et le Premier ministre, il savoir, j’ai l’impression qu’au sein du parti CNDD-FDD, il y a 3 grands courants qui s’affrontent.

Un premier courant est Nkurunziziste. Il s’est développé à la suite du 3ème mandat de Pierre Nkurunziza et qui a voulu détourner l’attention de l’opinion nationale et internationale sur la cause de la crise en disant que ce n’était pas un problème de 3e mandat ni un problème de démocratie ni constitutionnel, mais plutôt un problème de néo-colonialisme avec le retour des colons qui voudraient revenir via le Rwanda et via l’ancienne minorité ethnique nostalgique du retour au pouvoir. Ils expliquaient cela par un populisme que je qualifie d’ethno-nationalisme. Ce discours a été remis à l’honneur récemment avec l’invocation du Rwanda comme ennemi du Burundi et à l’occasion de ce conflit au nord-est de la RDC. C’est un courant qui domine au sein de certains généraux et certains ténors du parti au pouvoir, dont le Secrétaire général du parti.

Le deuxième courant est proche du président de la République qui voudrait bien exister en dehors de cette idéologie ethno-nationaliste. Un courant qui voudrait chercher une légitimité dans la lutte contre la corruption, dans la performance de l’administration publique, dans l’amélioration des services rendus notamment au niveau de la justice. C’était sur ce seul terrain que le président Evariste Ndayishimiye allait construire sa légitimité.

Malheureusement, j’ai l’impression qu’il ne s’est pas donné suffisamment de soutiens au sein du système CNDD-FDD et au sein même du gouvernement sinon c’était la seule source de légitimité du pouvoir. D’où le sentiment qu’a la majorité des Burundais qu’entre le président de la République et les dirigeants du pays, il y a un conflit, un malentendu, un malaise. On le sent et on le constate.

La troisième tendance essaie d’échapper aux deux. C’est une tendance que je dirais intellectuelle qui mécontente que les réformes voulues par le président de la République n’avancent pas et qui reproche au chef de l’Etat de ne pas être efficace et de n’avoir suffisamment d’autorité pour imposer la Vision qu’il entend poursuivre. Je vois cette tendance au sein des intellectuels du CNDD-FDD qui sont à l’intérieur du système au Burundi, mais que l’on a qualifié de frondeurs en 2015. C’est dommage, car c’était un courant plutôt positif qui voulait d’ailleurs s’ouvrir aux autres intellectuels et à la communauté internationale.

On sent au sein de ce parti une tension terrible entre les trois grandes tendances. Est-ce le chef de l’Etat pourra réguler les 3 tendances et emporter pour sa vision ? Pour l’instant, j’en doute.

Vu les conséquences que la fermeture des frontières terrestres avec le Rwanda a générées et les accusations mutuelles entre Kigali et Gitega à chaque fois qu’il y a un problème, quelle politique que le Burundi devrait engager pour réchauffer ses relations diplomatiques avec son voisin du nord ?

Là vous posez une question beaucoup plus importante. Je vais d’ailleurs tenir prochainement une conférence publique sur les crises et la fragilité de l’Etat en Afrique des Grands Lacs. Contrairement à ce que vous pensez, nous sommes, dans la région des Grands Lacs au prisme des victimes de ce que j’appelle la dangerosité des populismes ethno-nationalistes. Aussi bien du côté de la RDC que de celui du Burundi et du Rwanda. Ces populismes qui essayent de masquer les insuffisances économico-sociales relatives à la gestion de nos Etats se déplacent sur la confrontation aux allures identitaires qui peuvent déboucher sur des crimes de génocide et des crimes de guerre.

Entre le Burundi et le Rwanda, il y a des arrière-pensées ethniques. Et ces dernières, quand elles montent jusqu’à inspirer les politiques étrangères des gouvernements, ça explose. C’est dommage que les chefs d’Etats dans la région puissent se comporter comme des chefs de tribus où vous avez un gouvernement burundais qui envoie ses militaires pour aller combattre les Rwandais au Congo alors que ce sont des Congolais. C’est-à-dire qui légitime un discours du président congolais qui considère que le M23 n’est pas composé de Congolais, mais de Rwandais. Une sorte d’ethnisme masqué. Mais en réalité il veut parler du M23 Tutsi comme Kagame. C’est vraiment la réalité dans le discours.

Le président Kagame qui va défendre les Tutsi congolais au nom de l’identité ethnique. Vous vous rendez compte de la bêtise identitaire dans laquelle nous sommes dans la région des Grands Lacs. C’est cela la grande fragilité dans laquelle nous sommes tombés. Je considère ainsi les peuples des Grands Lacs comme des victimes inconscientes.

Ou plutôt complaisantes ?

Non, parce qu’ils ne sont pas au courant. Quand je vous parle de populisme ethno-nationaliste, ce n’est pas tout le monde qui comprend ce que c’est. Quand on dit « j’envoie mes militaires combattre les méchants Rwandais qui ont envahi le Nord-Est du Congo », ce n’est pas tout le monde qui connaît l’histoire des Banyamulenge à l’Est et au Sud-Kivu ou des Rwandophones du Nord-Kivu. Les gens pensent même qu’il n’y a pas de Hutu dans cette affaire-là alors qu’il y a assez de communautés entières. Lors de la constitution de l’Etat indépendant du Congo et ensuite du Zaïre, vous avez des Hutu et des Tutsi rwandophones sur le territoire congolais. Ça, les gens en oublient vite. Et c’est malheureux que ce soit au cœur du gouvernement. Le plus grand problème c’est que parfois nos gouvernants ne le savent pas.

Le président de la République fait beaucoup de voyages à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Lorsqu’un chef de l’Etat se déplace, quelles sont les retombés auxquelles les gens peuvent s’attendre ?

Un discours d’orientation, stratégique, qui est ensuite mis en œuvre par son gouvernement. Ce n’est pas des déplacements consistant à des insultes à la magistrature, à l’administration publique, aux hauts fonctionnaires. Parce que là, c’est contre-productif par rapport à son propre gouvernement. Parce que les piliers du gouvernement pour un chef de l’Etat, c’est justement l’administration publique, la justice, le parti politique. Or, en attaquant les élites politiques, l’administration publique, la magistrature lors des différents déplacements, il attaque son propre pouvoir.

J’ai l’impression que le chef de l’Etat piétine le territoire de son gouvernement, le territoire de ses ministres. J’ai l’impression que le travail de la coordination, de mise en œuvre des discours programmatiques dont je viens de parler, ça c’est le travail des ministres avec la coordination du Premier ministre. Vous avez donc l’impression que le Premier ministre ne fait pas son job parce qu’il est justement concurrencé par le chef de l’Etat sur son territoire de coordination de l’action gouvernementale.

La Constitution de 2018 est claire et attribue beaucoup de compétences, de responsabilités au chef du gouvernement dans la mise en œuvre des orientations tracées par le chef de l’Etat.

Ce n’est pas le cas. Le chef de l’Etat veut apparemment tracer l’orientation, la conduire et l’évaluer lui-même. Cela l’expose. Et normalement, l’esprit de la Constitution de 2018, c’est de faire de son Premier ministre le fusible et celui-ci de faire ses ministres les fusibles. Or, ce n’est pas qui est observé.
Les déplacements du chef de l’Etat doivent être rares. Ils consistent en le traçage des orientations stratégiques, en l’évaluation de la mise en œuvre de ces orientations par son gouvernement et par son administration. Et à un moment donné, décider et sanctionner.

Et ses voyages à l’étranger ?

Les missions à l’étranger du chef de l’Etat sont tracées par les compétences au niveau constitutionnel. Et elles visent bien entendu la défense des intérêts du Burundi au plus haut sommet. Les intérêts géopolitiques et géostratégiques, mais aussi les intérêts pour le développement.

Normalement ce qu’on doit s’attendre aux déplacements des membres du gouvernement, à commencer par le chef de l’Etat et également à la Première dame qui semble se déplacer beaucoup, à des retours internes de ressources pour le développement économique, politique et stratégique du Burundi.

Est-ce que le Burundi va sortir de l’auberge ?

Je ne suis pas un prophète. Mais je considère que pour toutes les situations chaotiques et incertaines, les acteurs politiques ne sont pas des idiots et ne peuvent pas choisir l’option d’une mort incontrôlée ou d’une mort tout court, alors qu’ils sont intelligents. Je pense qu’on peut se sortir de toute situation, mais à condition de penser ou de réfléchir sur le changement possible.

Le problème majeur, c’est que souvent on veut le changement et on ne veut pas le penser. Et le problème aussi, c’est de penser, et ça, c’est la faute à nous les intellectuels, que les acteurs ; ceux qui nous dirigent, pensent, ont des stratégies alors qu’ils n’en ont pas. Ils sont comme le commun des mortels, ils avancent au jour le jour et c’est cela qui peut créer le chaos. C’est peut-être ça mon malaise. Parfois, j’ai peur parce que je pense que ceux qui nous gouvernent ne pensent pas suffisamment.

* Retrouvez l’intégralité de l’interview du professeur Julien Nimubona en cliquant sur les liens ci-dessous :

1. Pr Julien Nimubona : « On ne tend pas vers le monopartisme, on y est déjà »

2. « Il y a une culture politique autoritaire à la tête de la direction de l’Assemblée nationale et du Sénat »

Forum des lecteurs d'Iwacu

8 réactions
  1. Nyantoke

    Igihugu cacu ubu sindiko ndatahura iyo kija? None umuntu afise ivyiyumviro nkibi, kandi agasubira akiyita umuhinga? kandi muri make ubona imvugo yivyo avuga bidataniye no kugereranya ubumenyi no gutwara, abatwaye barize meshi, ngira ngo twarabonye iyo batwaye igihugu, kandi bose bari barize wanagomba hafi ya bose hanze. None ubona baratwaye neza gusumba abubu? uyu mugabo iyo mba ndi umutware nomushengeza, akerena neza ibi ariko aravuga. Kuko mbona n’inyandiko iteye iseseme, kuko irimwo agakengero katagira izina. Murambabarire ko ntari umutware

  2. Nshimirimana

    « Un premier courant est Nkurunziziste. Il s’est développé à la suite du 3ème mandat de Pierre Nkurunziza et qui a voulu détourner l’attention de l’opinion nationale et internationale sur la cause de la crise en disant que ce n’était pas un problème de 3e mandat ni un problème de démocratie ni constitutionnel, mais plutôt un problème de néo-colonialisme avec le retour des colons qui voudraient revenir via le Rwanda et via l’ancienne minorité ethnique nostalgique du retour au pouvoir. Ils expliquaient cela par un populisme que je qualifie d’ethno-nationalisme. Ce discours a été remis à l’honneur récemment avec l’invocation du Rwanda comme ennemi du Burundi et à l’occasion de ce conflit au nord-est de la RDC. C’est un courant qui domine au sein de certains généraux et certains ténors du parti au pouvoir, dont le Secrétaire général du parti. »
    DON ACTE..
    Par contre, je laisse Julien NIMUBONA me dire si parmi ces organisations, hormi le CEPRODEH, il en existerait une dirigé par quelqu’un de l’ethinie des Bahutu. Voici ces organisations ( liste non exhaustive):
    1. Association Burundaise des Journalistes en Exil (ABJE)
    2. Action des Chrétiens pour l’abolition de la torture(ACAT-Burundi)
    3. Association burundaise pour la protection des droits humains et des personnes
    détenues( APRODH)
    4. Coalition Burundaise pour la CPI (CB-CPI)
    5. Coalition Burundaise des Défenseurs des Droits Humains (CBDDH)
    6. Coalition de la Société Civile pour le Monitoring Electoral (COSOME)
    7. Collectif des Avocats des Victimes des crimes de droit international commis au Burundi
    (CAVIB)
    8. Ensemble pour le Soutien des Défenseurs des Droits Humains en Danger (ESDDH)
    9. Forum pour la Conscience et le Développement (FOCODE)
    10. Forum pour le Renforcement de la Société civile (FORSC)
    11. Light for All
    12. Ligue burundaise des droits de l’homme ITEKA
    13. Mouvement des Femmes et Filles pour la Paix et la Sécurité au Burundi (MFFPS)
    14. Mouvement INAMAHORO
    15. Réseau des Citoyens Probes (RCP)
    16. SOS-Torture/Burundi (SOSTB)
    17. Tournons la page Burundi (TLP-Burundi)
    18. Union Burundaise des Journalistes (UBJ).

    Ce n’est pas un secret pour personne. Ce sont ses membres qui étaient à la tête des contestations de 2015.
    Gira amahoro

      • Jean Pierre Hakizimanana

        Bonjour Mr Ntakirutimana Pascal,

        Merci pour le lien. Je suis certain que les politiciens vont tjrs exploiter ce faux problème d’appartenance ethnique. Il y en a ici qui aime poster sur les histoires des « Himas » etc…..dont je n’ai absolument aucune idée pourquoi Mr continue a aller vers des passages historiques comme si c’est la cause des problèmes d’aujourd’hui. Je dis bien un faux problème car, voyez vous, cela fait toute ma vie d’adulte (active) en dehors du Burundi et je peux vous rassurer que seul un retardé mental essayerai d’expliquer à un non-Burundi/Rwanda la difference entre hutu & tutsi! C’est vraiment absurde.

        Le CNDD-FDD, vient de prouver qu’ils sont aussi corruptible que les autres humains. Regarde cette histoire du petit Alain G Bunyoni, n’a t’il pas battu les record Burundais? Ils ont eu 20 ans du pouvoir et je suis certain que si on compare ce qu’ils ont construit/détruit pendant leur règne relativement à ceux que les autres ont fait depuis l’indépendance , la réalité serait claire. Sans compter même ce qui va arriver d’ici peu: La faillite du Burundi va entrainer une vague de morts dues à la pauvretés. Vous savez très bien que la pauvreté tue.

        Je me dis que si le Burundais n’arrive pas a voir ceci, donc il/elle mérite de subir les consequences. Croire que c’est la faute d’une telle ou telle ethnie ne l’épargnera pas de subir les vraies consequences dans la vie réelle. Le Burundais peut lire la bible toute la journée, rien ne changera! Ex, tous les gens de Gatumba qui se trouvent sans abri et délocalisés dans des colines vides sans maison, rien.

    • Jean Pierre Hakizimana

      Vous savez, avec un parti comme CNDD-FDD au pouvoir, le néo-colonialisateur dont je me dis que le but est la destruction du Burundi, est vraiment satisfait car les colonisés mentaux que l’on a en haut font un travail très très satisfaisant.

      Soyons sérieux: L’appartenance à une ethnie ou autre dit absolument rien. La preuve, je suis certains que des gens qui voient leur mais pourrir a cause de l’incompétence de ces voleurs, il y en a plein de la même ethnie qu’eux.

      Vous savez, quand il pleut, toutes les toitures se mouillent. Les Burundais devraient en savoir quelque chose rien qu’un regardant la belle rivière Ruzizi!

  3. gugusse

    Le raisonnement de l’éminent prof est sujet à caution. J’admet que quand il qualifie le pouvoir actuel de « mafia », il fait pan dans le mille. C’est exactement ça. On a traité les régimes précédents d’Etats gangsters. Et les rebelles qui les ont combattus d’entrepreneurs de la violence. Lire à ce sujet quelques papiers de Floribert Ngaruko et de son frère Janvier Nkurunziza (récemment disparu, dans des conditions tragiques), deux très bons économistes Burundais que malheureusement je n’ai pas ou eu le plaisir de connaître personnellement.

    Si on s’accorde qu’on est en présence d’un Etat mafieux, et ça c’est indiscutable, on ne peut par conséquent parler de courants (comme sil s’agissait de courants idéologiques), mais de clans, groupes, gangs rivaux qu’il faudrait décrire en tant que tels, des méchants. Aucun de ces gangs n’a cure de l’intérêt général, et quelque soit le courant qui prédominera, le sort du Burundi ne s’améliora pas d’un iota.

  4. Abdou Zidane

    Quand il y a un désordre dans un pays se manifester plusieurs façons,touchant différents aspects de la société et de l’économie exemple:absence de gouvernance stable
    -crise économique(d’évaluation monétaire,corruption de haut niveau etc…..
    -catastrophes naturelles(inondation etc……)

    • Prof FREDERIC NZEYIMANA

      « : (…) nous sommes, dans la région des Grands Lacs au prisme des victimes de ce que j’appelle la dangerosité des populismes ethno-nationalistes.

      Mon commentaire : Non pas victimes des populismes ethno-nationalistes, mais plutôt victimes des velléités de l’établissement de l’EMPIRE HIMA-TUTSI qui a fondé ses racines au Burundi en 1966 avec la victoire des HIMAS sur la monarchie TUTSI-GANWA en 1965-1966.

      Pour référence, cf. Prof Jean Pierre Chrétien : Copie d’une note rédigée à l’intention de la Mission d’information sur le Rwanda de l’Assemblée nationale française

      “ L’Empire HIMA/TUTSI”

      La crise de la région des Grands Lacs est complexe. Le jeu des héritages historiques, anciens, coloniaux et récents, doit être démêlé. La logique de génocide qui a triomphé en 1994 au Rwanda s’inscrit dans un contexte social, démographique, économique, politique et idéologique sur lequel déjà des dizaines d’ouvrages ou d’articles ont été publiés. Mais on observe ces derniers temps que, dans certains cercles politiques ou médiatiques, une explication simple a été trouvée. Tout serait dû à un plan de domination de l’Afrique centrale par les Tutsi-Hima. Tout s’expliquerait par l’ambition et la malignité de ce peuple diabolique. Le livre récente de Bernard Debré, Le retour du mwami, s’inscrit tout à fait dans cette vision.

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