Jeudi 02 mai 2024

Société

Polémique autour de la microfinance portée par la FLE

09/08/2023 1
Polémique autour de la microfinance portée par la FLE
Pour Victor Ndabaniwe, la FLE n’est pas en liquidation et l’adhésion ou désengagement est volontaire dans la microfinance en création

La fondation de logement pour le personnel enseignant (FLE) se mue en microfinance. Certains enseignants membres soupçonnent la liquidation et un détournement des fonds. Les responsables de la fondation tranquillisent.

Des membres de la FLE sont inquiets de la création d’une microfinance en cours. Ils redoutent notamment la liquidation de la fondation pour détourner leurs épargnes. En outre, les enseignants craignent que la microfinance ne mette pas en péril les avantages qu’offre la FLE en matière d’octroi des crédits.

« Alors que dans les autres banques et autres institutions de microfinance, les taux d’intérêt sont de 17 %, et même plus, la Fondation pour le Logement du personnel de l’Enseignement octroie des crédits à un taux alléchant de 10 %. C’est un taux dégressif. On risque de voir des taux exorbitants », s’inquiète un enseignant en mairie de Bujumbura.

Jean Ndikumwami, enseignant en province Mwaro, explique que la FLE contribue au développement de leurs ménages. Il ne comprend pas pourquoi les gestionnaires ont décidé de créer une microfinance sans les consulter.

Même son de cloche chez Jeanne Kwizera, une enseignante en province Kayanza : « Le taux d’intérêt appliqué par la FLE est minime par rapport à celui appliqué par les banques et les établissements financiers. Je ne vois pas pourquoi on précipite les choses sans un intérêt visible pour les membres. »

B. M., un enseignant de la province Cibitoke, accuse les gestionnaires de la fondation de mauvaise gestion de leurs épargnes. Pour lui, il n’y a pas de transparence, ce qui entache leur crédibilité. Il considère que les 12 000 BIF versés tous les mois par chaque enseignant n’est pas minime vu les conditions actuelles de pauvreté.

Pour un autre enseignant, la catégorie de la microfinance choisie ne fait pas l’unanimité. Il considère que la troisième catégorie ne permet pas aux membres de partager les dividendes en fin d’année. Il appelle les gestionnaires de la fondation à surseoir la création de la microfinance.

Pour lui, le seul problème constaté est que la fondation plafonne le niveau des montants accordés comme crédit. Pour les licenciés, fait-il savoir, on ne dépasse pas 10 millions BIF. Il demande plutôt de revoir à la hausse le plafond du crédit qu’on leur octroie.

Des accusations balayées

Victor Ndabaniwe, président du conseil d’administration de la FLE, balaie les accusations du revers de la main et assure que les membres ont été informés. Il soutient que la société n’est pas en liquidation : « Il s’agit tout simplement d’un transfert de certaines de ses missions, telles que les négociations et octrois des crédits qui seront prochainement opérés par la microfinance en création. Ce que nous sommes en train de faire est la conformité à la loi numéro 1/12 du 28 juin 2017 régissant les sociétés coopératives et aux recommandations du régulateur du secteur financier qui est la BRB ».

« Tous les enseignants affiliés à la FLE ont le plein droit de s’affilier à la microfinance en cours de création. L’adhésion est libre, volontaire et individuelle. Le désengagement est aussi libre et doit respecter les réglementations en vigueur. Personne ne perdra son épargne. Les services techniques feront des calculs », tranquillise M. Ndabaniwe.

Il rappelle que depuis que la FLE existe, elle n’a jamais collecté des capitaux. D’après lui, les contributions volontaires des enseignants sont des épargnes destinées à garantir les crédits logement. Les épargnes déjà collectées et les subsides que le gouvernement accorde à la fondation, sont des nantissements des crédits de plus de 100 milliards déjà octroyés. Ces derniers, souligne-t-il, doivent être remboursés régulièrement.

Il explique également que le capital de départ de cette microfinance ne provient pas de la FLE mais des parts sociales des coopérateurs de la FLE. Elle est conforme à l’article 50 du règlement des activités de la microfinance signé par la BRB de 2018. Les coopérateurs de la nouvelle microfinance sont, détaille-t-il, le gouvernement, les syndicats des enseignants, le personnel enseignant et la FLE.

Concernant le choix de la catégorie, Victor Ndabaniwe est catégorique :
« Seul le gouvernement et les syndicats sont compétents pour choisir celle qui pérennise les acquis de négociation menée en 2002. » Il Indique que la troisième catégorie a des avantages énormes. Il évoque notamment que la coopérative appartient à tous les coopérateurs avec les mêmes droits. « Elle vise l’accès facile aux crédits avec des taux d’intérêt les plus bas possibles. Ses clients sont ses membres. Ils décident des meilleures conditions d’accès au crédit logement », conclut-il.

La fondation pour le logement du personnel enseignant, FLE a été créée en 2002 après les négociations entre le gouvernement et les syndicats des enseignants qui ont abouti à un accord signé le 4 juillet 2002.

Ils se sont engagés à être les premiers à libérer les fonds pour le démarrage des activités. La constitution de l’épargne n’a commencé qu’en 2008 après l’acquisition de la personnalité juridique. La contribution mensuelle est de 12 mille BIF. 10 mille constituent l’épargne tandis que les deux mille restants sont pour les frais de fonctionnement. Pour garantir le logement aux enseignants, le gouvernement accorde des subsides à la FLE.

Les plafonds de crédit sont à 10 millions BIF pour les enseignants avec un diplôme de licence. Les éléments constitutifs du dossier sont simples. Il s’agit d’une copie de la carte nationale d’identité, d’une copie d’accréditif, d’une attestation de service et d’une attestation de possession de parcelle.

Pour cette dernière, un enseignant peut vouloir construire sur une propriété familiale, l’attestation de possession de parcelle ne constitue pas un frein à l’obtention d’un crédit logement. Plus de 100 milliards sont déjà octroyés comme crédits par la fondation.

FLE

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Stan Siyomana

    Ikibabaje iBurundi n’uku tuguma mubibazo bimwe, hanyuma ukabura uwuvuga ukuri n’uwuriko arabesha.
    Nk’aha ukumva nk’ivy’uyu mwarimu:« Jean Ndikumwami, enseignant en province Mwaro, explique que la FLE contribue au développement de leurs ménages. Il ne comprend pas pourquoi les gestionnaires ont décidé de créer une microfinance sans les consulter… »
    Hanyuma indongozi nayo iti:« Victor Ndabaniwe, président du conseil d’administration de la FLE, balaie les accusations du revers de la main et assure que les membres ont été informés. Il soutient que la société n’est pas en liquidation… »
    Hotegerezwa kuba hari ingingo zikurikizwa mugihe ishirahamwe rishaka guhindura intumbero ryari ryihaye kandi umunywanyi adashimwe impinduka bakamuha udufaranga twiwe akigira, mugabo nawe ntace agenda asemerera hose ngo yabonye amanyanga kandi ata vyemezo afise canke adashobora kumva ico ciyumviro n’intumbero bishasha vy’ishirahamwe yahoramwo.

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