Lundi 07 octobre 2024

Société

Neva en tambourinaire fait le buzz

20/01/2022 15
Neva en tambourinaire fait le buzz
Le président Ndayishimiye esquissant quelques pas de danse

Sanctuaire des tambours sacrés de Gishora, commune de Giheta en province de Gitega, des images inhabituelles d’un hôte de marque que des générations vont garder dans leur mémoire et… dans les cartes mémoires de leurs smartphones : le chef de l’Etat en personne dansant à Gishora.

Les baguettes dans ses mains, arborant gaillardement la tenue d’apparat aux couleurs nationales rouge, blanc et vert des célèbres tambourinaires burundais, gardiens de ce sanctuaire, le président Evariste Ndayishimiye n’a pas hésité à esquisser harmonieusement quelques pas de danse. Il va même entonner quelques chansons patriotiques.

« Vous qui avez voué votre vie aux tambours, je n’ai pas troqué la cithare contre une modique somme de 80 francs, je n’ai pas bazardé mes 90 francs pour une lame de rasoir, je n’ai pas trahi mon pays pour 1 000 francs, je ne suis pas devenu jeune homme, du genre dépensier dans des fêtes bien arrosées ».
Et les gardiens du sanctuaire des tambours sacrés de Gishora de clamer haut et fort leur approbation en répondant à tue-tête par leur cri : « Eeeeh ! »

Tous les proches de la famille présidentielle et du pouvoir à commencer par ses communicants vont poster sur leurs comptes Twitter, Instagram ou autres WhatsApp ces images d’un président souriant, dansant allègrement et battant du tambour comme un professionnel, le tout assorti de quelques compliments.

Sur son compte Twitter, sa porte-parole, Evelyne Butoyi écrit : « Doté de talents de tambourinaires hors commun, le président Evariste Ndayishimiye a présenté à Gishora un numéro émouvant ».
Sur les réseaux sociaux, les internautes par milliers s’en donnent à cœur joie. Les commentaires vont dans tous les sens, passant du panégyrique à la satire.

Certains rappellent qu’il n’y a pas matière à se réjouir au moment où quelque part dans Bubanza plus de 200 écoliers suivent l’institutrice assis à même le sol, entassés dans une salle de classe de 27 bancs pupitre à se partager. D’autres, ignorant les prouesses de danseur du Président rappellent les ’’promesses non encore tenues ou honorées’’.

Ce qui est sûr, c’est un ’’coup de pub’’ par excellence pour le Burundi, côté tourisme et surtout pour les fidèles gardiens du sanctuaire des tambours sacrés de Gishora : « Il abrite les tambours Ruciteme et Murimirwa, vieux de 119 ans, et a servi de lieu de refuge pour le roi Mwezi Gisabo lorsque s’organisait la résistance contre l’invasion allemande », peut-on lire sur le compte Twitter de Ntare House, la présidence burundaise.

Les tambourinaires de Gishora eux y voient un geste de réconfort du président Evariste Ndayishimiye, après leur rendez-vous raté à l’Exposition universelle de Dubaï aux Emirats Arabes Unis. Roulés, ces derniers n’ont pas pu prendre part à cet événement alors qu’ils étaient supposés accompagner le chef de l’Etat.

Pour rappel, d’autres tambourinaires ont pris la place de ces spécialistes du tambour de Gishora sélectionnés par la Présidence. L’affaire a suscité indignation et colère à Ntare House.
Dans la foulée, la ministre du Commerce chargée également du tourisme et un directeur général, pointés du doigt, sont tombés en disgrâce perdant ainsi leurs places.

Forum des lecteurs d'Iwacu

15 réactions
  1. MYUKA CHIZO

    Excellence chef du pays et excellence tambourinaire

  2. Barinzigo

    Enfin mon dernier mot.
    Nous avons le droit et le devoir, en tant que citoyens , de faire un jugement et émettre des critiques sur un président que nous avons élu et payons de nos impôts.
    Un président dans une République (que Dieu me pardonne pour l’adjectif) bananière a des pouvoirs quasi divins.
    On aimerait le voir exceller dans la lutte contre la mauvaise gouvernance et lutte contre la pauvreté.
    Notre classement indigne interpelle tous les Burundais.
    Pourquoi sommes nous systématiquement dernier en tout depuis 2005

    • Yan

      Avant 2005, le Burundi était vraiment un paradis !

  3. Biyago

    Iwacu pourquoi ce mélange de genre ? Pourquoi ne pas nous permettre de jouir pleinement de ce moment. C’est beau ! C’est un « coup de pub par excellence » pour le Burundi et pour les acteurs du secteur touristique qui, à l’instar de la campagne de Sat B, tentent aujourd’hui de faire rayonner ce secteur.
    Pourquoi ce besoin de chaque fois déshabiller Pierre pour tenter d’habiller Paul. Laisser à Pierre son habit, et chercher l’habit de Paul sans faire du mal à Pierre. Vous en tant que seul journal intègre-professionnel que nous avons devriez être au-dessus de ces messes basses de twitter.

  4. Gacece

    Quels rabat-joies! Je lis les commentaires ci-dessous et je me dis qu’on a encore du chemin à faire.

    Est-ce que vous pouvez laisser le Président passer ses vacances comme il l’entend? Il est en vacances!

    Faites la part des choses s’il vous plaît.

  5. Kira

    D’aucuns s’étranglent de voir le président  »tomber dans le populisme » ou  »se faire plaisir en battant le tambour au moment ou  »des maux structurels affligent la société burundaise actuelle ». Préférerait-on un président taciturne, emmuré dans l’ivresse de la verticalité (voulant que culturellement, au Burundi, umwami/umukuru w’igihugu, ntazivuza arazivugirizwa-au Burundi, le chef de l’État ne bat pas le tambour lui-même, d’autres le font pour lui) ou, au contraire, un chef de l’État qui communie avec son peuple à travers ce que ce dernier considère comme l’aspect le plus emblématique de sa culture, et qui de surcroît, grâce à son engagement personnel, a été élevé au rang de patrimoine immatériel de l’huamnité par l’Unesco? La mauvaise foi doit avoir des limites.

    Que certains s’indignent de ses coups de gueule ou de son indignation non-suivi d’effet immédiat, peut se comprendre, mais je crois savoir qu’Evariste Ndayishimiye ne s’est pas fait élire sur la promesse de faire des miracles au Burundi. Le seul miracle auquel il invite constamment les Burundais(e)s tous ensemble à croire et à faire advenir trouve à s’exprimer à travers la mise en commun des énergies dans la lutte contre la pauvreté, avec comme thème fédérateur, l’augmentation de la production dans tous les domaines. Cet objectif se situe inévitablement dans le temps long. Celui, à tout le moins, d’un mandat de sept ans qui vient à peine de débuter. C’est dire que le moment n’est pas encore venu de questionner son bilan. Par contre, je trouverais extrêmement judicieux que le président burundais et le gouvernement burundais dans son ensemble sollicitent l’appui technique et financier de différents partenaires (à commencer par l’Unesco) pour aménager de façon plus moderne sur le site de Gishora, une Académie burundaise du tambour pour faire du site un centre de rayonnement national et international de cet élément important de notre culture, avec un statut sur mesure pour les tambourinaires du site. Une simple question de logique, de bon sens et, surtout, de cohérence

  6. Kimeneke

    Mwamenyereye umukuru wigihugu ategera abanyagihugu nicogituma muvuga ayamuhe
    Neva oyee

  7. Maragarita

    La loi burundaise s’arrête à l’intérieur des frontières nationales.
    Cette interdiction de danser notre tambour me paraît un peu biscornue.
    Primo, on le demande à qui?
    Bavyima nde? Bavyemerera nde? Sous quelles raisons?
    Dans tous les pays du monde entier, on encourage plutôt les danses folkloriques.
    A l’extérieur du Burundi, nos tambourinaires sont très appréciés et ne demandent pas l’autorisation à Gitega pour s’exhiber

  8. Eman Newman

    Un aspect assez encourageant par rapport à la démonstration culturelle de battre les tambours sacrés. Je n’ai qu’à dire que le Président Burundais vient de marquer une histoire dans la mémoire de la génération actuelle et fiture. c’est le depart du tourisme vers le burundi pour visiter ce pays de tambours où le Président de la Republique danse et chante. Très bonne image pour le pays!

  9. Ntakigenda

    Jewe ngendesha bus ya Mutakura ese yoja gutambira harya kuri boulevard bitiriye Adolphe

  10. Mvuyekure

    Qu’un président baigne dans la culture sacrée du peuple pourquoi pas. Qu’il lutte contre le sous-équipement pour des meilleures conditions de vie c’est encore mieux. Cependant, tomber dans le populisme serait-il le signe d’impuissance dans la lutte contre les maux connus de tous qui gangrène notre société ?

  11. Jereve

    C’est sûrement un coup de pub efficace à la fois pour le Président et le tambour. Une très bonne chose de fait. Rappelons tout de même que dans les temps anciens, on battait le tambour exclusivement pour le roi, mais jamais le roi ne battait pas le tambour. Rappelons-nous aussi que depuis que ces tambours sont classés patrimoine immatériel de l’humanité, Nkurunziza a décrété qu’aucun groupe dans le pays et à l’étranger n’a le droit d’en faire usage sans l’autorisation du gouvernement. Et il faut payer cette autorisation. Le décret interdit formellement aux femmes de jouer au tambour. J’ignore si ces mesures restrictives ont été respectées partout et surtout à l’étranger. Que le Président se mette à jouer du tambour pour se faire plaisir et faire plaisir au peuple semble indiquer qu’il se place dans l’évolution (et non la stagnation) de ce patrimoine folklorique.

  12. Mbavu

    C’est bien qu’un président honore nos tambours sacrés.
    Mais un président est jugé pour sa gouvernance, sa vision, les efforts contre la corruption.
    Dans votre article, vous mentionnez la révocation du ministre du commerce.
    Mais sa faute est une pacotille comparée aux « Mpanda Papers ».

    • Barekebavuge

      Vous parlez du désastre barrage de Mpanda?
      Que reste t il de l’auguste colère?
      de l’ultimatum des 15 jours?
      Wait and see comme disent les anglais.

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