Vendredi 29 mars 2024

Environnement

Mutimbuzi : certains coins de Kajaga toujours les pieds dans l’eau

18/02/2021 2
Mutimbuzi : certains coins de Kajaga toujours les pieds dans l’eau
Des avenues de Kajaga devenues impraticables suite aux inondations

Des maisons désertées, la pêche et la jacinthe d’eau en plein quartier, … c’est l’image qu’offrent certaines avenues de Kajaga, en commune Mutimbuzi de la province Bujumbura. Cette situation perdure et inquiète les habitants.

A presque 500 m de la route Bujumbura-Gatumba, non loin de chez les sœurs Missionnaires de la Charité dites de Calcutta ou à Congoman Hôtel, certaines avenues sont devenues impraticables suite aux inondations.

L’eau a envahi les parcelles, des habitations. Et des plantes aquatiques ont suivi, la nature a repris ses droits. Entre des maisons flambant neuves, des habitations en étages, … la jacinthe d’eau s’est installée. Elle fleurit.

Certains endroits se sont transformés en ’’petits lacs’’ et des jeunes gens y pratiquent déjà la pêche. Certains propriétaires des maisons ont déjà vidé les lieux. Les portails sont bien cadenassés. Des salons de coiffure, des boutiques, … tout est fermé.

D’autres essaient de se débrouiller pour accéder à leurs parcelles. Ils ont, désespérément, installé ou disposé des sacs remplis de sables pour bloquer l’eau. Un travail coûteux et peine perdue : « C’est vraiment très difficile. Là, j’ai dû dépenser beaucoup d’argent pour essayer de protéger ma maison. L’achat des sacs, du sable et la main d’œuvre », raconte un habitant de la localité. Il regrette néanmoins que tous ces efforts semblent vains : « Cela n’a pas malheureusement empêché que l’eau envahit maison ».

Ce père de famille demande aux autorités d’installer des canaux d’évacuation des eaux : « En tous cas, si on parvient à canaliser l’eau vers une seule destination, à maîtriser les eaux pluviales, sûrement que notre quartier serait protégé ».

Interrogé sur le coût de sa maison qui risque de s’écrouler si la situation perdure, il révèle seulement qu’il s’agit de son premier logement. « Pour en avoir, j’ai contracté une dette auprès d’une banque. Si, par malheur, elle s’effondre, ça sera une descente aux enfers pour moi et ma famille. Que Dieu nous en garde », implore-t-il, les mains levées vers le ciel.

Une localité à très haut risque

Pour ne pas patauger, d’autres sont obligés d’utiliser des petites pirogues en bois. Bosco, un jeune homme croisé à Kajaga, affirme que c’est aussi presque le seul moyen de transport utilisé pour atteindre Kinyinya. Et là, il signale que plusieurs maisons sont vides. « Envahis par les eaux, les propriétaires sont allés s’installer ailleurs ».

Des experts s’accordent à dire que Kajaga est une zone à très haut risque. « Même son nom ’’Kajaga’’, dont le vocable sous-entend un terrain vaseux, marécageux, l’indique très bien », analyse Jean-Marie Sabushimike, géographe et expert en catastrophes naturelles.

Il signale que c’était un écosystème naturel, un marais. « Malheureusement, aujourd’hui, il a été aménagé sans penser aux canaux d’évacuation des eaux pluviales. » Et pour sauver les gens, il estime qu’il est urgent de trouver des solutions pour gérer les eaux.

De son côté, Tharcisse Ndayizeye, un expert en environnement affirme aussi qu’il s’agit d’une zone inondable. Ce qui ne signifie pas, selon lui, qu’on ne peut pas construire dans cette localité.

Seulement, avertit-il, il faut des études approfondies pour voir quelle sorte de maisons appropriées. « Cela demande aussi des moyens consistant pour construire des maisons en durs, avec du matériel conséquent et un système bien pensé de gestion des eaux pluviales ».

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. roger crettol

    Quand le malheur frappe, c’est bien souvent les moins nantis qui en font les frais. Il y a du laisser-faire dans l’administration : dans la remise des permis de construire, et dans les aménagements des nouveaux quartiers.

    JerryCan ne peut s’empêcher de penser à ce nouveau palais présidentiel, pharaonique et d’une utilité douteuse. Cet argent-là aurait pu être mieux investi, et les Chinois auraient la reconnaissance sincère d’une partie de la population burundaise. On aurait même pu ériger un beau monument en reconnaissance de cette aide …

    • Chris Hara

      Cher M. Crettol,
      C’est un plaisir de vous retrouver après 4 ans de silence imposé. S’agissant des inondations de Mutimbuzi, les choses sont plus compliquées que cela. Les Burundais sont des Africains. Or, d’après le célèbre discours de Sarkozy à Dakar, « les Africains ne sont pas encore entrés dans l’histoire ». Il ne croyait pas si bien dire. Ces inondations sont récurrentes, année après année. Nous ne savons pas que la nature se dompte et s’aménage. On peut : 1) Interdire les constructions dans les zones inondables ; 2) construire des digues de protection dans les zones menacées ou 3) aménager des bassins de collecte du trop plein de la Rusizi. On peut même faire de la Rusizi une voie navigable qui transporterait des marchandises de Goma et Mpulungu jusqu’au lac Kivu au Congo et Rwanda. Avec des touristes pour visiter ces Grands Lacs qui sont la plus belle région du monde d’après Museveni. Mais les Burundais étant des Africains…
      La deuxième catastrophe qui s’annonce est la disparition du lac Tanganika par l’érosion des montagnes qui surplombent la ville et le pays. Le lac Tchad était aussi grand que le Tanganyika mais il a complètement disparu. Toute la terre des montagnes se déversent dans le lac Tanganyika. Seul le reboisement des montagnes du Nord au Sud du pays pourrait sauver le lac. Les Burundais étant des Africains, nous ne savons pas que le lac Tanganyika est le bien national le plus précieux qu’il faut protéger comme la prunelle de nos yeux.
      La question chinoise que vous soulevez est grave. Lénine plaisantait que les capitalistes peuvent vous vendre la corde avec laquelle les pendre. Depuis la révolution économique impulsée par le génial leader Deng Xiaoping dans les années 1980, la Chine est une puissance capitalo-étatique avec pour seul moteur : le profit. L’Afrique est désormais uniquement un marché dont il faut tirer jusqu’au dernier sou. De ce fait, plusieurs pays sont en faillite à commencer par la Zambie, pays désormais en cessation de paiement pour cause de dette chinoise. Pour payer la dette chinoise, un pays de l’Afrique de l’est paie 61 sous sur chaque 100 shillings collectés. Il ne reste plus rien grand-chose pour la marche du pays.
      Le palais risque d’être aussi un couteux éléphant blanc qu’il faudra rembourser avec la peau de nos fesses. Et ceux dont les villas ont été détruites pour lui faire place n’auraient leurs yeux que pour pleurer l’investissement de toute une vie ou leur cœur pour absorber leur chagrin.

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