La Clinique juridique Safelaw, en partenariat avec le Cabinet d’Avocats Liana of Justice, a organisé le vendredi 28 novembre 2025, à l’Hôtel Belair, un café juridique destiné aux représentants des institutions publiques, de la société civile et des partenaires internationaux.
Placée sous le thème « Justice fondée sur la vérité : Moins d’erreurs, plus de droits humains », la rencontre a été rehaussée par la présence du ministère de la Justice, des Droits de la Personne Humaine et du Genre, représenté par la directrice générale en charge du programme Accès à la justice.
L’objectif de cet événement était de promouvoir une justice éclairée par la science et respectueuse des droits humains, notamment à travers le développement des sciences forensiques et la protection des données sensibles.
Dans son allocution, Mme Annonciate Niyonkuru, directrice générale responsable du programme Accès à la justice, a rappelé que cette initiative s’inscrit dans la promotion de la justice et la protection des victimes de violences interpersonnelles au Burundi. Selon elle, la création de Safelaw, proposant une assistance juridique, judiciaire, médico-légale, médicale et psychosociale, répond de manière adaptée aux besoins des victimes.
« Cette approche intégrée permet de regrouper plusieurs services en un seul lieu, simplifiant ainsi le parcours des personnes concernées et renforçant l’efficacité des procédures judiciaires », a précisé Mme Niyonkuru.
Elle a également insisté sur la nécessité d’un cadre légal clair régissant les sciences forensiques, qui facilite la collaboration entre magistrats, médecins, experts et agents de la police technique et scientifique. Grâce à des règles partagées, ces acteurs peuvent collecter et analyser les preuves de manière rigoureuse, garantissant ainsi une justice fiable et respectueuse des droits humains.
La directrice générale a salué l’engagement de Safelaw, qui contribue à améliorer la qualité des enquêtes et des procès, tout en renforçant la confiance des citoyens dans les institutions judiciaires. Selon elle, l’importance est de renforcer les échanges entre acteurs judiciaires, médicaux et communautaires afin de consolider les mécanismes de coordination.
De son côté, Dre Joyeuse Nzeyimana, directrice Exécutive et Représentante Légale de Safelaw, a rappelé que l’événement s’inscrit dans le cadre des « 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre », une période consacrée à la sensibilisation et à la promotion des droits humains.
Elle a précisé que Safelaw est le fruit de formations spécialisées de haut niveau en droit, médecine légale et sciences forensiques, dispensées par l’école doctorale de l’Université du Burundi et le Centre Universitaire Romand de Médecine Légale de l’Université de Genève.
Cette expertise a permis de développer une approche intégrée combinant assistance juridique et judiciaire, appui médico-légal et accompagnement psychosocial, tout en nourrissant un plaidoyer pour l’instauration d’un cadre légal et institutionnel régissant les sciences forensiques au Burundi.
Dre Nzeyimana a insisté sur l’importance de cet espace de dialogue pour soutenir les efforts du gouvernement dans la construction d’une justice moderne, scientifique et transparente, et a salué l’appui des partenaires, notamment le cabinet d’Avocats Liana of Justice, le Centre d’Etudes Juridiques Africaines (CEJA), le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), le Programme des Nations-unies pour le Développement (PNUD), APROGEST et Lex Orandi School.
Vers un cadre légal solide

Me Gamaliel Niyonkunda, Chargé du plaidoyer à Safelaw et directeur général du cabinet d’Avocats Liana of Justice, a expliqué que la clinique a été créée à la suite de formations spécialisées en médecine légale, sciences forensiques et projets scientifiques organisés par l’École doctorale de l’Université du Burundi en collaboration avec le centre universitaire romand de médecine légale de l’Université de Genève.
Des lauréats de ces formations se sont regroupés pour capitaliser leurs acquis et créer une structure capable de soutenir les victimes tout en intégrant médecine légale et sciences forensiques dans la recherche rigoureuse des preuves, tant en matière pénale que civile.

Selon lui, le café juridique visait à ouvrir le débat sur la nécessité d’une loi spécifique encadrant la médecine légale et les sciences forensiques, afin que les experts puissent exercer leur profession en toute liberté, en connaissant leurs droits et responsabilités. Me Niyonkunda a insisté sur la nécessité de développer des infrastructures adéquates, comme des laboratoires et centres médico-légaux, et de disposer de matériel spécialisé et d’experts qualifiés pour garantir la fiabilité des preuves scientifiques et renforcer la justice au Burundi.
Il a rappelé que, malgré la présence de lauréats formés à l’étranger et à l’Université du Burundi, les disciplines nécessaires, telles que la chimie, l’anthropologie, l’entomologie, la biologie, la toxicologie etc restent insuffisamment représentées sur le sol national. La mise en place de ce cadre légal et des infrastructures associées est, selon lui, déterminante pour la crédibilité et l’efficacité du système judiciaire burundais.
Panels sur les sciences forensiques et la protection des données
Le premier panel a été consacré à la compréhension des sciences forensiques au sein de la police technique et scientifique. Selon l’Adjudant-major de police Joseph Misago, ces sciences incluent la médecine légale, la chimie, la biologie, la criminologie et la balistique etc.

Il a rappelé que le Burundi ne dispose que d’un seul laboratoire national, situé dans la province de Bujumbura, obligeant les équipes à se déplacer pour traiter des affaires dans d’autres provinces.
Le Professeur Elias Sentamba a ajouté que l’absence de laboratoires et d’experts complique l’analyse des preuves et entraîne souvent le classement des affaires sans suite.
Il a insisté sur l’opportunité offerte par le nouveau découpage administratif du pays pour mettre en place « un cadre légal » régissant les sciences forensiques et combler ces lacunes.
Le deuxième panel a été centré sur la gouvernance numérique et la protection des données sensibles. Selon Katia Facchin, Directrice d’Aprogest, les nouvelles technologies, notamment l’intelligence artificielle, permettent d’identifier une personne par sa démarche, son rythme cardiaque ou sa voix, en plus des données biométriques classiques comme les empreintes digitales.
Elle a insisté sur la nécessité d’un cadre légal clair pour réguler la collecte, le stockage et l’utilisation de ces données, citant l’exemple d’analyses « ADN » effectuées à l’étranger, notamment au Kenya, qui soulèvent des questions de souveraineté et de conformité juridique.
Mme Facchin a plaidé pour la création d’un « data center public au Burundi », garantissant la sécurité et la confidentialité des données sensibles et renforçant la souveraineté nationale dans le domaine scientifique et judiciaire.

L’événement s’est conclu par des travaux de groupe réunissant les participants, avec pour objectif d’identifier les besoins, de partager les bonnes pratiques et de définir les prochaines étapes du développement des sciences forensiques et de l’amélioration de la justice au Burundi.
Parmi les recommandations formulées figurent l’adoption d’une loi spécifique encadrant les sciences forensiques au Burundi, la mise en place d’outils techniques adaptés aux besoins des enquêtes, ainsi que l’installation de laboratoires spécialisés dans les cinq nouvelles provinces.
Dans son mot de clôture, Mme Annonciate Niyonkuru, directrice générale responsable du programme Accès à la justice, a encouragé la clinique juridique Safelaw à poursuivre l’organisation d’autres cafés juridiques, estimant que « ces espaces de dialogue renforcent la qualité de la justice et la protection des victimes ». Elle a également invité les partenaires à maintenir leur appui, et exhorté les médecins et experts formés à mettre en pratique leurs compétences pour améliorer la collecte et l’analyse des preuves.
Il est à préciser que plusieurs institutions publiques, dont le ministère de la Justice et des Droits de la Personne Humaine et du Genre, le ministère de la Santé Publique, le ministère de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique, la Force de Défense Nationale du Burundi (FDNB), le bureau de l’Ombudsman, ainsi que des membres de la société civile et des organisations internationales, dont le FNUAP, ont pris part à cet événement, contribuant à un échange riche et constructif entre tous les acteurs impliqués.





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