Des capitaux insuffisants, un manque de technologies avancées, un manque de terres cultivables, un manque d’hypothèques pour accéder aux crédits dans les banques… Tels sont des problèmes auxquels font face les entrepreneurs des micros, petites et moyennes entreprises (PME) au Burundi.
Le 27 juin de chaque année, le Burundi se joint au monde entier pour célébrer la Journée internationale des micros, petites et moyennes entreprises. Ces dernières sont des sources d’emplois, de revenus et de croissance locale en particulier pour les femmes et les jeunes. Cependant, certains entrepreneurs témoignent qu’il y a encore des difficultés auxquelles ils font face, entre autres, un non-accès au prêt bancaire.
Jean Nduwimana, président de l’entreprise des jeunes pour le développement durable fait savoir qu’à défaut des terres cultivables, plus de 15 jeunes sont dans le chômage alors qu’ils avaient du travail. « Avant, nous avions plusieurs hectares de champs de cultures. Notre entreprise avait engagé plusieurs jeunes. Il y avait des contrôleurs, ceux du service commercial. Mais, avec l’inondation tout est tombé à l’eau. Ils sont tous au chômage. Si on avait un financement suffisant, on aurait recommencé cette fois-ci dans un endroit sûr. Malheureusement, nous n’avons pas accès au crédit faute de ne pas avoir une hypothèque. »
Certains entrepreneurs du secteur informel ont également témoigné sous anonymat en montrant les soucis qui les poussent à rester dans ce secteur. « J’ai un petit capital. Je ne peux pas avoir de l’argent pour l’enregistrement de mon entreprise au moment où le montant de l’enregistrement est le double de mon capital. Avec un capital de 100 000 BIF, je ne vois pas comment je peux me conformer à la loi. »
A.N. n’est pas loin du témoignage ci-dessus. Pour lui, le gouvernement devrait regrouper les entrepreneurs qui travaillent dans le secteur informel et leur donner des capitaux en plus des sensibilisations sur l’entrepreneuriat.
« Je sais que nous sommes nombreux dans le secteur informel. Le gouvernement devrait nous regrouper et nous aider à avoir des capitaux afin que nous quittions l’informel vers le formel. Avec cela, l’économie nationale va augmenter car nous allons tous payer des impôts et des taxes. »
Des sociétés coopératives pour la création d’emploi
Depuis 2020 jusqu’à 2025, l’Anacoop (Agence nationale de promotion et de régulation des sociétés coopératives) a créé 17 065 coopératives. Evrard Ndayizeye, son directeur général, indique que les sociétés coopératives contribuent au développement des familles membres ainsi qu’à l’économie nationale.
« Les coopératives contribuent à la création d’emplois afin de diminuer le chômage. Il y a une augmentation de la production qui se manifeste, une augmentation des investisseurs et une multiplication des entreprises de transformation. Je peux souligner qu’avec le temps, il y a un développement de la population ainsi que celui du pays en général. »
M. Ndayizeye fait observer qu’il existe des coopératives qui ont encore des difficultés, notamment le manque de terres cultivables, l’insuffisance des capitaux ainsi que le non-accès à des crédits bancaires suite au manque d’hypothèques.
Il suggère qu’il y ait un regroupement des sociétés par filières. « Cela va aider à faire une évaluation pour résoudre les problèmes auxquels elles font face. J’appelle également les investisseurs à investir dans les coopératives pour qu’il y ait plusieurs entreprises de transformation de la production et, enfin, qu’il y ait le marché d’écoulement local et international afin d’obtenir des devises. »
Une grande partie des PME travaille dans l’informel.
Alexis Nimubona, chargé de la communication à l’Observatoire de lutte contre les malversations économiques, Olucome, souligne qu’au Burundi, les petites et moyennes entreprises représentent plus de 95 %, dont une grande partie travaille dans le secteur informel. Plus de 70 % des femmes entrepreneures travaillent dans le secteur informel.

« Les PME représentent 10 % du chiffre d’affaires par rapport aux autres entreprises. Étant donné qu’elles représentent plus de 95 % des entreprises, il faut savoir qu’elles contribuent énormément à l’économie du pays, donc au Trésor public à travers les impôts et les taxes. Même si une grande partie d’entre elles ne paient pas d’impôts parce qu’elles sont informelles. »
Il précise que ces PME contribuent à la création d’emplois, au dynamisme local et à l’innovation entrepreneuriale. « Les femmes et les jeunes occupent une place importante dans le leadership des PME et cette catégorie sociale représente plus de 80 % de la population burundaise. »
Le chômage a poussé plusieurs jeunes et femmes à la création d’emplois, poursuit-il, Mais, la grande partie de ces jeunes et femmes ont des entreprises qui ne sont pas enregistrées. « Même si le gouvernement du Burundi a mis en place quelques initiatives comme la création de la banque des femmes, de la banque des jeunes, il faut souligner que la grande partie de cette population n’accède pas au financement et a un problème d’accès à la protection sociale. »
En ce qui concerne l’apport des PME au Trésor public, M. Nimubona fait savoir que le montant exact qu’apporte les PME pour contribuer à l’économie nationale n’est pas connu pour l’instant parce qu’il y a celles qui travaillent dans l’informel.
« Visiblement, les PME sont nombreuses. Elles représentent un grand pourcentage des entreprises au niveau national. Le problème est qu’on ne voit pas précisément le montant réel de leurs contributions. Une grande partie des entreprises qui accèdent au financement ne contribue pas à la croissance économique. Elle est généralement composée ou constituée par des entreprises qui travaillent dans les services. C’est pour cette raison que la production intérieure du pays au Burundi est très faible. »
M. Nimubona suggère qu’il y ait la mise en place d’une politique nationale de promotion des PME pour leur permettre d’accéder aux financements ainsi qu’une politique de professionnalisation du secteur informel de certaines entreprises. « Le gouvernement devrait demander aux institutions financières de voir comment alléger les garanties demandées aux PME pour accéder aux financements. Il faut aussi organiser des campagnes de sensibilisation pour montrer aux PME l’importance de travailler dans le secteur formel. »
Il ajoute qu’il devait y avoir un renforcement des capacités intellectuelles des entrepreneurs pour qu’il y ait une bonne gestion des financements reçus et le renforcement des mécanismes d’accompagnement des PME. « Il faut qu’il y ait des politiques d’encouragement des citoyens pour qu’il y ait des gens qui quittent le secteur informel vers le secteur formel car, selon certaines études, la grande partie des producteurs, des entrepreneurs qui travaillent dans le secteur informel craignent des impôts et des taxes. »
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