Mercredi 09 octobre 2024

Société

Les coopératives collinaires face aux multiples défis

18/08/2021 7
Les coopératives collinaires face aux multiples défis
Le DG de FONIC déplore l’ingérence des administratifs dans la gestion interne des coopératives collinaires

38 % des coopératives collinaires n’ont pas utilisé efficacement le capital de 10 millions alloué par le Fonds national d’investissement communal (FONIC). Ce dernier accuse les administratifs de s’ingérer dans la gestion interne des coopératives.

Depuis 2019, le gouvernement du Burundi finance chaque coopérative collinaire à hauteur de 10 millions BIF par an. Dans l’exercice budgétaire 2020-2021, 2.909 sur 2.911 coopératives collinaires ont chacune reçu les 10 millions BIF.
D’après le rapport du FONIC, seuls 62% d’elles ont encore un capital supérieur ou égal à 10 millions de francs. 30% ont un capital variant entre 5 et 10 millions. Et 8% en ont moins de 5 millions BIF.

« Il y a eu des mésententes entre certains communes et les coopératives collinaires sur la gestion des fonds », déplore Servelien Nitunga, directeur général du FONIC lors de la présentation du rapport sur l’évaluation des coopératives collinaires ce 17 août 2021.

Il ajoute que dans quelques communes, l’administration s’ingère dans la gestion des coopératives. « Nous avons reçu les plaintes des coopératives qui s’indignent contre l’ingérence de l’administration. Il y a des administratifs qui imposent les coopératives des projets à initier. Cela perturbe leur gestion ».

D’après lui, les coopératives collinaires investissent exclusivement dans le secteur agropastoral. Il regrette qu’ils fassent face aux épidémies qui déciment leurs bétails ou des maladies qui affectent les plantes.
Selon le directeur général du FONIC, la plupart des coopératives qui ont échoué dans la gestion des fonds ont des leaders incompétents.

Il recommande entre autres l’encadrement et le suivi des coopératives collinaires. « Le FONIC va aider les coopératives en faillite dans l’élaboration des plans d’affaires ».
Et d’appeler tous les intervenants dans le secteur à s’investir davantage dans le développement des coopératives pour un relèvement communautaire effectif.

Des recommandations

Selon Boniface Banyiyezako, gouverneur de la province Cankuzo, les coopératives collinaires devraient être assurées. « Compte tenu des aléas climatiques qui peuvent surgir, il faut que ces coopératives soient assurées pour qu’ils aient accès aux indemnités en cas de perte », propose-t-il.

Le gouverneur de la province Muyinga, Jean-Claude Barutwanayo suggère que l’encadrement des coopératives collinaires soient renforcés au niveau de l’administration communale. Pour lui, il faut qu’il y ait un conseiller dans chaque commune chargée exclusivement de suivi du fonctionnement des coopératives.

Un autre intervenant a émis des doutes quant au bilan de ces coopératives collinaires : « Il y a d’autres organisations qui interviennent dans le secteur agro-pastoral et donnent par exemple du bétail aux coopératives. Je doute que certaines coopératives n’ont pas séparé le rendement des 10 millions du FONIC des aides venues d’ailleurs ». Elle demande au FONIC d’être vigilant dans l’évaluation des coopératives collinaires.

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. Jambo

    L agriculture et l élevage sont subventionnés partout au monde.
    Le gouvernement burundais doit avoir un organe qui les encadre au jour le jour.
    Mon éternelle question: pourquoi led agri éleveurs de Rushubi, Rugazi, Bugarama, Muramvya , Mbuye vendent leur lait à 600 bif/bif alors que le prix à Buja est de 1300 bif / litre.
    C’est un scandale et un vol.
    Fasha abo banyagihugu

    • Stan Siyomana

      @Jambo
      1. Le mot swahili « Maziwa » veut dire lait en français.
      « MaziwaPlus est une plateforme logicielle intégrée assortie d’un système de cuves conçues pour garantir la sécurité sanitaire du lait et sa traçabilité de l’exploitation laitière à l’usine. Le système, alimenté à l’énergie solaire, conserve le lait et assure son refroidissement pendant le transport, tout en évitant les risques de déversement…
      Les cuves sont disponibles en différentes dimensions. Le modèle Maziwaplus Mini est adapté au transport du lait à moto. Il peut conserver jusqu’à 140 L de lait pendant 15 h… »
      https://www.cta.int/fr/blog/all/article/maziwaplus-des-solutions-pour-les-producteurs-laitiers-kenyans-sid0d81a0fd9-8cd0-4899-aeaa-8f843f45beb1

      2. D’après le professeur Alain de Janvry de l’University of California at Berkeley aux Etats-Unis, POUR AVOIR UNE VRAIE CROISSANCE DANS LE SECTEUR AGRICOLE EN AFRIQUE, IL FAUT DES PROGRAMMES QUI VONT COMMENCER PAR PROMOUVOIR SURTOUT « LES MEILLEURS ».
      « In Africa we have been too much held by the issue of poverty of the margin, smallholder farmers, all have to be given a chance. Forget it…
      You have to build on the best, you have to start in investing in the best in areas where you can have supply response. I believe that without growth we are not going anywhere.
      We should build on the best first and then have social policy which is going to accomodate how the growth filters to and incorporates more people… »
      https://www.youtube.com/watch?v=vkjqMjRvP18

  2. Stan Siyomana

    1. Aujourd’hui le Burundi est en train de créer ces coopératives collinaires qui ressemblent plus ou moins aux kolkhozes qui ont été dissous après la désintégration de l’Union Soviétique en 1991 (parce qu’ils auraient été incompatibles avec la nouvelle économie de marché de la Russie).
    « As a collective farm, a kolkhoz was legally organized as a production cooperative. The Standard Charter of a kolkhoz, which since the early 1930s had the force of law in the USSR, is a model of cooperative principles in print. It speaks of the kolkhoz as a « form of agricultural production cooperative of peasants that voluntarily unite for the main purpose of joint agricultural production based on […] collective labor ».
    https://en.wikipedia.org/wiki/Kolkhoz
    2. Par contre en France, il y a un autre modèle de coopératives agricoles qui est compatible avec l’économie de marché et « trois quarts des agriculteurs français adhèrent au moins à une coopérative ».
    « Elle est créée par des agriculteurs afin d’assurer en commun l’utilisation d’outils de production, de conditionnement, de stockage, la commercialisation ou la transformation des produits de leurs exploitations ainsi que leur approvisionnement en engrais et autres intrants.
    Il existe des coopératives agricoles pour tout type de production : lait, céréales, vin, viande, fruits, fromages (fruitière fromagère), légumes, lin, sucre, coton, arachides,… »
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Coop%C3%A9rative_agricole_en_France
    3. A mon avis c’est le modèle de coopérative agricole à la française qui serait plus compatible avec l’économie de marché au Burundi.

    • arsène

      Il faut être réaliste et pragmatique: ces coopératives ne marcheront pas. L’expérience nous l’a déjà montré. Les écrits historiques indiquent que les coopératives faisaient partie du discours de campagne lors de la lutte pour l’indépendance. Il y a eu des coopératives sous Bagaza. Sauf erreur, il y a même eu une école des coopératives (elle figurait sur la liste des écoles à choix à la fin de la 10ème). À peu de choses près, les coopératives étaient initiées par le pouvoir comme elles le sont aujourd’hui, toujours sous un discours nationaliste.
      Le modèle français n’est pas le résultat d’une dynamique politicienne comme c’est le cas au Burundi. En outre, l’on ne peut comparer le paysan burundais au paysan français.

      • Stan Siyomana

        @arsène
        Les Burundais qui sentent en eux-même le besoin de s’organiser en coopératives agricoles devront voir ce qui se fait ailleurs dans le monde (et pas nécessairement en France) avant de choisir le modèle qui leur convient le plus.
        « Les études de la Banque mondiale en 1993, par exemple, reconnaissaient de mauvaise grâce
        le rôle potentiel des coopératives dans le processus de développement mais
        seulement si elles étaient restructurées, dégagées de l’emprise de l’Etat et gérées
        selon des principes conformes à l’économie de marché… »
        https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/—dgreports/—dcomm/—publ/documents/publication/wcms_124472.pdf

  3. Stan Siyomana

    1. « …seuls 62% d’elles ont encore un capital supérieur ou égal à 10 millions de francs. 30% ont un capital variant entre 5 et 10 millions. Et 8% en ont moins de 5 millions BIF… »
    2. Mon commentaire
    a). L’analyse de 13 coopératives agricoles marocaines montre que ce genre de financement PRESQUE EXCLUSIVEMENT PAR LA DETTE EST TRES RISQUEE.
    « Rappelons que le modèle de l’effet de levier financier mesure
    l’incidence positive ou négative de l’endettement, sa formule mathématique
    communément admise est la suivante :
    RFI = RECO. (1 − T) + (RECO − i). L. (1 − T)
    Où :
    RFI : Rentabilité financière après impôt
    RECO : Rentabilité économique avant impôt
    i : coût moyen de la dette
    L : levier, soit Dette/Capitaux Propres
    T : taux d’imposition
    Avec :
    RFI = Résultat Net Comptable / capitaux propres
    Et que
    RECO = Resultat d′Explotation / Immobilisations Nettes + BFR

    Trois cas possibles peuvent se présenter :
    𝑅𝐸𝐶𝑂 > 𝑖 Plus l’entreprise est endetté plus la rentabilité financière est forte
    𝑅𝐸𝐶𝑂 < 𝑖 L’effet de levier a un impact négatif (l’effet de massue)
    RECO = i La rentabilité financière est indépendante de sa structure
    financière.
    13 coopératives de l’échantillon financent leur activité par endettement. Sur la base d’un taux d’intérêt de 9%, deux coopératives uniquement ont arrivées à dégager un effet levier
    positif qui améliore leur rentabilité financière…"

    FINANCEMENT DES COOPERATIVES AGRICOLES …https://eujournal.org › esj › article › viewPDF
    b). Il faut quand même noter que les coopératives collinaires du Burundi ne paient pas d'intérêt sur leur leur dette de 10 millions BIF et le facteur L va être énorme puisque ces coopératives n'ont pratiquement pas d'autres fonds en dehors de 10 millions BIF.

  4. Mugisha

    « …..Selon le directeur général du FONIC, la plupart des coopératives qui ont échoué dans la gestion des fonds ont des leaders incompétents…. ».
    Comment ces « leaders » sont-ils choisis ?

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