Mercredi 08 mai 2024

Archives

« Laisser la Somalie à elle seule serait lâche »

05/05/2013 Commentaires fermés sur « Laisser la Somalie à elle seule serait lâche »

Pour le Colonel Gaspard Baratuza, porte-parole de la FDN, le Burundi ne va pas retirer ses militaires de la Somalie malgré la perte d’hommes enregistrée la semaine dernière. Il explique la présence burundaise dans ce pays de la Corne de l’Afrique par la volonté de professionnaliser l’armée et non la recherche de la richesse comme une opinion le fait croire.

<doc1822|left>{Après les affrontements de jeudi dernier, quelle est la situation qui prévaut en Somalie ?}

Les combats se poursuivent, d’ailleurs ils n’ont jamais cessé. Évidemment jeudi, c’étaient des opérations de grande envergure où il fallait chasser les insurgés Al-Shabab du district de Daynille, leur lieu de retranchement, au nord-ouest de Mogadiscio, à une dizaine de kilomètres. C’est là qu’ils préparaient leurs attentats.

{Dans quel état se trouvent les militaires burundais après la mort de leurs compagnons de lutte ?}

Nos troupes ont gardé le moral. Ils ont le soutien des militaires du gouvernement de transition et l’appui de l’Amisom. En outre, ils sont fiers d’avoir conquis le terrain qui était le fief des Al-Shabab. Cet acte montre qu’ils résistent aux attaques et contre-offensives de ces insurgés. L’objectif de l’Amisom étant de mettre ces derniers hors état de nuire, nos militaires restent engagés.

{La semaine dernière, vous annonciez un bilan provisoire de 6 militaires burundais tués. Qu’en est-il présentement ?}

Parmi les 18 militaires blessés jeudi dernier, quatre ont succombé à leurs blessures. On en est donc à dix morts.

{Pourtant, certaines sources font état de plus de 70 militaires burundais tués dans ces combats et quelques enlèvements… }

Ce sont de fausses informations. Les chiffres que je vous donne sont confirmés par l’Union Africaine. Concernant ces enlèvements, je n’ai pas de rapport y relatif.

{En restant en Somalie au moment où d’autres pays africains sont réticents, quel profit en tire le Burundi? }

Aucun. Seulement, les militaires ne peuvent pas refuser l’ordre du gouvernement. Si le Burundi a accepté de déployer des militaires en Somalie, c’est suite à la demande de l’Union Africaine. Nous avons aussi connu un problème similaire à celui de la Somalie et il a fallu que la Communauté internationale nous aide. Si d’autres Etats africains restent
réticents, ils ont leurs propres raisons que nous ignorons.

{Et si cette présence était plus liée au fait que les militaires burundais sont mieux payés en Somalie qu’ici…}

La question financière est reléguée au rang plus que secondaire. Ce n’est pas la recherche de la richesse qui guide nos troupes, plutôt la vocation. Un militaire est prêt à mourir pour sauver des vies humaines. Nous sommes en train de secourir nos frères africains et de professionnaliser la FDN (Force de Défense Nationale) pour qu’elle soit l’une des forces des pays de l’Afrique qui peut être appelée à maintenir la paix là où c’est nécessaire. Notre armée doit rayonner dans la sous-région.

{Les insurgés somaliens menacent d’attaquer notre pays. Avez-vous déjà pris des stratégies ?}

Que ce soit sur le sol somalien ou burundais, des stratégies ont été prises pour protéger la population, les militaires et leurs infrastructures. Au pays, nous préconisons la vigilance, la sensibilisation de la population et la recherche de l’information pour contrer ces menaces. Les Shabab sont des terroristes reconnus au niveau international. Ils ne menacent pas que le Burundi ; ils le font même pour des pays qui n’ont pas envoyé d’hommes chez eux.

{Compte tenu des pertes en vies humaines que le Burundi enregistre en Somalie. Jusqu’à quand allez-vous rester en Somalie ?}

Je ne peux pas dire quand. Laisser la Somalie à elle seule parce qu’on a subi des pertes, ce serait lâche. On va plutôt renforcer le moral de nos troupes en continuant à faire appel à la communauté internationale et d’autres pays africains pour qu’ils emboîtent le pas au Burundi et à l’Ouganda. Malgré les quelques pertes, les résultats ne sont pas moindres. La capitale somalienne a été quand même libérée. C’est un pas très important. Si la Somalie se stabilise, on aura réussi. Ce qu’on aura perdu, on l’aura gagné en sauvant des vies humaines. Mais ce qui est souhaitable, c’est que le Burundi quitte la Somalie après avoir exécuté son mandat avec succès.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

La soif d’aujourd’hui

Au Burundi, pays de tradition brassicole, la bière est reine. Pour la majorité de Burundais, un évènement excluant l’alcool n’en est pas un. Dans la joie comme dans le malheur, en famille ou entre amis, la bière est obligatoire. Elle (…)

Online Users

Total 3 871 users online