Samedi 27 avril 2024

Santé

Alexis Ndayisenga : « La tuberculose osseuse demeure d’actualité surtout dans les pays à forte endémie tuberculeuse »

27/03/2024 Commentaires fermés sur Alexis Ndayisenga : « La tuberculose osseuse demeure d’actualité surtout dans les pays à forte endémie tuberculeuse »
Alexis Ndayisenga : « La tuberculose osseuse demeure d’actualité surtout dans les pays à forte endémie tuberculeuse »

Que faut-il comprendre par tuberculose osseuse ? Quels sont les facteurs qui la favorisent et ses symptômes ? Comment la diagnostiquer, la traiter et la prévenir ? Alexis Ndayisenga, spécialiste des maladies infectieuses, donne des réponses à cette série de questions et à bien d’autres interrogations liées à cette maladie infectieuse.

C’est quoi la tuberculose osseuse ?

La tuberculose osseuse (tout comme la tuberculose pulmonaire) est liée à l’infection par la bactérie Mycobacterium tuberculosis ou bacille de koch. Elle n’est pas assez fréquente mais elle demeure d’actualité surtout dans les pays à forte endémie tuberculeuse.

Ainsi, on distingue la spondylodiscite tuberculeuse aussi appelée Mal de Pott qui en est la forme la plus rependue, et les autres atteintes ostéoarticulaires périphériques. Ces différentes formes de tuberculose osseuse sont issues principalement d’une réactivation de bacilles qui se sont logés dans les os lors de la mycobactériemie initiale.

Quels sont les facteurs qui favorisent la maladie ?

Les facteurs sont multiples notamment l’infection au VIH, la prise des médicaments corticostéroïdes, la prise des médicaments immunosuppresseurs, une transplantation d’organe, une tumeur, un diabète ou une insuffisance rénale chronique.

Quels sont ses symptômes ?

Il y a d’abord un gonflement et des douleurs au niveau d’une articulation ou d’un os ; une forte fièvre et des sueurs nocturnes ; des abcès dans les articulations ou sur les os touchés le plus souvent au niveau de la colonne vertébrale, des hanches et des genoux. Il y a aussi des déformations articulaires ou osseuses ; une raideur des articulations.

En cas des spondylodiscites, le symptôme le plus fréquent, et parfois unique, est la dorsalgie siégeant le plus souvent au niveau du thoracique ou thoraco-lombaire.

A-t-elle des complications comme bon nombre d’infections ?

Les complications sont surtout d’ordre neurologique en cas de spondylodiscite tuberculeuse ou lésion de type œdème ou myélite associées à une collection ou encore à une paraplégie lors d’une compression extradurale de la moelle par un abcès du tissu de granulation ou des débris de la nécrose caséeuse.

L’autre complication est une instabilité mécanique de la moelle sur la destruction ou une subluxation osseuse ou la déformation de la colonne vertébrale par développement d’une cyphose.

Son diagnostic ?

Le diagnostic est parfois difficile du fait de sa faible prévalence et de la faible accessibilité de la population aux moyens de diagnostic. Le laboratoire est aspécifique. Des marqueurs inflammatoires comme CRP et la vitesse de sédimentation peuvent être normaux ou augmenter. Les leucocytes sont le plus fréquemment dans la norme.

Le test à la tuberculose (Mantoux) ou IGRA (Interferon Gramma Release Assays) ne permettent pas de faire la différence entre une maladie active et une maladie latente.

La radiographie peut aussi montrer une destruction des corps vertébraux avec des fractures ou tassements au stade avancé de la maladie.

Le scanner, souvent effectué en première intention avant l’IRM, permet la mise en évidence de foyers de calcification qui est la migration des fragments osseux dans les tissus mous mais il est surtout indiqué pour effectuer la ponction-biopsie nécessaire au diagnostic.

Il y a aussi la nécessité de l’IRM qui permet de révéler plus précocement des anomalies de signal dues à la réaction inflammatoire de la moelle osseuse des corps vertébraux.

Elle définit précisément l’extension dans les tissus mous, la plupart du temps au niveau du mur antérieur de la colonne. A ce titre, l’IRM est l’examen de premier choix.

Le diagnostic définitif repose sur une analyse microbiologique. La présence de granulomes caséeux à l’examen histologique est également suggestive d’une atteinte tuberculeuse et, rarement, l’examen microscopique direct mettra en évidence des bacilles à la coloration de Ziehl-Neelsen. Dans ce cas, une ponction-biopsie vertébrale ou une aspiration de liquide au niveau d’une collection para-spinale doit être effectuée aux fins des analyses.

Son traitement est-il le même que celui de la tuberculose pulmonaire ?

Le traitement médicamenteux de la spondylodiscite tuberculeuse répond aux mêmes règles que celui de la tuberculose pulmonaire avec un schéma thérapeutique qui comprend une phase initiale associant quatre médicaments de première ligne, à savoir isoniazide, rifampicine, pyrazinamide et éthambutol, pendant deux mois, suivi d’une phase de consolidation avec bithérapie, l’isoniazide et la rifampicine pendant quatre à sept mois. Mais, la majorité des experts recommandent une durée minimale d’antibiothérapie antituberculeuse de neuf à douze mois.

Comment la prévenir ?

La prévention est la vaccination par le BCG (Bacille de Calmette et Guérin). Elle est une mesure préventive courante contre la tuberculose. Le BCG est administré en particulier aux nourrissons et peut aider à réduire le risque de développer une tuberculose grave chez les enfants.

Une autre prévention, c’est consulter un prestataire de soins si vous présentez des symptômes, ou faire un test de dépistage de la tuberculose si vous présentez un risque accru, ou encore observer une bonne hygiène ainsi qu’une protection respiratoire lorsque vous toussez.

Propos recueillis par Stanislas Kaburungu

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