Samedi 27 avril 2024

Économie

Gouvernement & FOMI : Le désamour ?

Gouvernement & FOMI : Le désamour ?
Gervais Ndirakobuca : « DG, ne m’amène pas des questions techniques ici. Moi je suis venu pour te demander des fertilisants »

Insuffisance ou manque des fertilisants pour la saison culturale A, incapacité de fixer la date de livraison des fertilisants, … le 1er ministre Gervais Ndirakobuca a été ferme avec la FOMI. C’était dans une réunion, du 5 septembre, de préparation de la saison culturale A, 2023-2024. Les DPEAE indiquent que les stocks sont presque vides. Sans donner de deadline, la FOMI promet, de son côté, de rendre disponible les fertilisants.  Néanmoins, une telle situation n’est pas la première.

Par Fabrice Manirakiza & Rénovat Ndabashinze

La séance ne s’est pas bien déroulée pour les cadres de la FOMI, une usine de fabrication d’engrais organo-minéraux et de chaux agricole. « Les Burundais sont compliqués. Il y en a qui pensent qu’on est ici parce que nous n’avons pas autres choses à faire », a déclaré Gervais Ndirakobuca, premier ministre en réaction aux propos de Herménegilde Manyange, Directeur Général adjoint de la FOMI.

Ce dernier, pour expliquer le manque d’engrais avait avancé l’insuffisance ou le manque de la chaux dolomitique et autres fertilisants, le manque des pièces de rechanges de machine importées de la Chine, la pénurie de devises et autres problèmes d’électricité.

M.Ndirakobuca n’a pas mâché ses mots : « Est-ce qu’aujourd’hui, nous sommes en train de chercher des pièces de rechanges ? », a rétorqué M.Ndirakobuca.

Le DG adjoint de la FOMI a, promis que son usine est à l’œuvre pour rendre les engrais disponibles.  Avec des chiffres, Herménegilde Manyange a essayé de défendre sa cathédrale. Il a rappelé que l’an dernier, la demande des fertilisants était de plus de 24 mille tonnes.  « Tout a été livré dans le temps et même ceux qui avaient payés des avances ont été régularisés. Ce qui signifie que la saison s’est bien déroulée. »

Pour la saison 2023-2024, il a expliqué que les chiffres définitifs des besoins en fertilisants leur sont parvenus, à 3 heures, le 4 septembre 2023. « Un mensonge », selon le Premier ministre Ndirakobuca : « Arrête de mentir. Moi j’ai une lettre sur moi ».  Avec quelques chiffres, le directeur général adjoint de la FOMI a essayé de convaincre le 1er ministre : « Dans la lettre du 11 août 2023, la demande est de 41 mille tonnes de Imbura, Totahaza ou urée 11 mille tonnes. »

Là, M. Ndirakobuca lui a demandé de ne pas continuer à perdre son temps.  Courageux, le DG adjoint de la FOMI ne s’est pas arrêté. Il a décidé de poursuivre son argumentaire. Il a précisé que sur une demande de 39.047 tonnes du fertilisant ‘’ Type Imbura’’, 25.285 tonnes sont déjà produits, soit 64,76%.

Avant de terminer à donner des précisions sur la quantité déjà disponible du fertilisant dit Totahaza, M. Ndirakobuca l’a interrompu de nouveau : « Attends. Ne ramène pas le mot Totahaza. J’ai dit que dans tout le pays, on va utiliser urée.  Vous ne le savez pas ? Dans tout le pays, on utilisera urée. »

Ce qui n’a pas empêché le DG adjoint de la FOMI de poursuivre sa plaidoirie : « Mais, dans la lettre qu’on nous a donnée… »  Avant de se recadrer : « Excellence 1er ministre, j’ai bien noté ce que vous dites. Mais, la lettre écrite par le ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage, dit que pour le riz, dans tout le pays, on va utiliser urée. Vous comprendrez que pour d’autres cultures, on peut utiliser Totahaza. Mais, comme vous le dites, nous prenons bonne note. »

En ce qui est de l’urée, M. Manyange a signalé que la quantité demandée est de 19.601 tonnes alors que dans la lettre du ministère, c’était 11.000 tonnes.  Et pour Bagara, a-t-il mentionné, c’est 2079 tonnes. « Actuellement, 146 tonnes sont disponibles, soit 7,5 % », a-t-il précisé.

Et de façon globale, M. Manyange a indiqué que pour cette saison culturale, on a besoin de 60.728 tonnes alors que pour la précédente saison, on a utilisé 47 mille tonnes, soit une augmentation de 13.728 tonnes, environs 30 %.   Il a ainsi promis que son usine est à l’œuvre pour que ces 60 mille tonnes soient remises aux agriculteurs dans les meilleurs délais.

Pour la chaux, il a indiqué que la FOMI s’occupe des trois provinces à savoir Gitega, Muramvya et Mwaro.  Avant d’avouer que les chiffres sont encore très bas.

Les défis

Herménegilde Manyange : « Nous voudrions tranquilliser les agriculteurs du Burundi que les fertilisants organo-minéraux leur parviendront à temps et en quantités suffisantes »

Un travail qui n’a pas été aisé selon M.Manyange. D’après lui, la production de la chaux n’a pas été facile à cause des pièces de rechanges qu’on doit importer de la Chine.  « Ce qui nous demandait des devises mais nous espérons que bientôt, nous allons leur remettre la chaux. Je vais ajouter que nous avons aussi un problème d’électricité ».

Avec ces propos, il est vite recadré : « DG, ne m’amène pas des questions techniques ici. Moi je suis venu pour te demander des fertilisants. Tes questions que tu n’as pas évoquées avant, ne les expose pas ici. Sommes-nous venus jouer aux jeux de hasard ici ? »

D’un ton autoritaire, le premier ministre Ndirakobuca ne s’est pas arrêté par-là : « Tu viens de me parler des devises, des pièces de rechange, moi, je n’ai pas d’usine. Ce qui nous lie c’est que la population ait de la chaux. Rien d’autres. Quand tu as manqué ces devises, pourquoi ne l’as-tu pas déclaré qu’il te sera difficile de produire la chaux ? On pouvait chercher ailleurs. Mais, aujourd’hui, quand nous sommes en train de chercher ce qui manque, ne viens pas m’expliquer l’inexplicable. Des prétextes seulement. Ne raconte plus des questions techniques ici, explique-moi ce manque. »

Cependant, M. Manyange va réaffirmer que la situation est telle qu’il vient de la décrire : « Vous m’avez demandé de ne pas mentir et de me comporter en chrétien. En vérité, je pense que c’est ça être chrétien. »

Avec ces propos, les participants à cette réunion ont éclaté de rires.  Humblement, M. Manyange va ajouter que leur préoccupation actuelle est de faire tout pour que ces engrais soient remis aux agriculteurs et dans le temps.

Et le deadline

Ndirakobuca a voulu avoir des dates précises de livraison : « Ecoute, quand est-ce que la chaux sera remis à tous les agriculteurs ? Et je te dis la vérité : la date que tu vas donner, je vais faire le suivi. Si la promesse n’est pas honorée, je saurai quoi faire. »

« En vérité, sans vouloir me mettre la corde au cou, je juge bon de ne pas donner la date. Parce que tout ne se passe pas comme prévu. Moi, je trouve que ce serait me mettre la corde au cou si je dis qu’à telle date, j’aurai tout donné », a répondu M.Manyange.  « En un peu de mots, vous n’êtes pas en train de produire de la chaux ?  Qu’en est-il des fertilisants ? Quand ? », a lancé M.Ndirakobuca.

Là aussi, le DG adjoint de la FOMI s’est gardé d’être précis : « Si je dis la date, ça serait dépasser les limites. Car, si cela ne se passe pas comme prévu, vous m’avez déjà averti qu’il y aura des suites, au lieu de m’exposer, je préfère me réserver. Mais, je réaffirme que nous sommes en train de faire tout notre possible. »

Des arguments rejetés par le N°3 de l’exécutif Burundais : « Tu n’as rien à me promettre. Quand tu dis que tu n’en es pas capable alors que tu es le producteur ! Tu n’es même pas capable de fixer la date de livraison, n’est-ce pas continuer à prendre en otage la population ? »

Comme un maître à son élève, le DG de la FOMI est appelé à vider les lieux : « Que faire ? Lève-toi et dégage la salle et demain, tu me donnes le deadline. Demain.  Tu n’as rien à faire ici. Lève-toi et sors. »

Puis, le premier ministre Ndirakobuca a tenu à vérifier si tous les représentants de la FOMI dans cette réunion sont mis dehors. Pour lui, il y a des gens qui jouent sur la population.

Au DG adjoint de la FOMI, il lui a recommandé de donner la date de livraison des fertilisants, au plus tard, le 6 septembre : « On ne peut céder à ceux qui cherchent à satisfaire leurs intérêts tout en ignorant ceux de la population ».

Au ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage, M.Ndirakobuca lui a demandé de contacter d’autres fournisseurs de la dolomie pour la fournir dans les provinces les plus nécessiteuses : « Il ne faut pas se contenter des promesses vides de la FOMI, pour éviter que la population soit victime ».

Accusant certains médias d’être tombés dans le sensationnel, via son compte twitter, FOMI a tenu à tranquilliser les agriculteurs 24 heures après la tenue de cette réunion : « FOMI juge sensationnelle l’exploitation de la réunion animée par le Premier ministre ce 5 septembre 2023 par certains médias. Nous voudrions tranquilliser les agriculteurs du Burundi que les fertilisants organo-minéraux leur parviendront à temps et en quantités suffisantes. »

Contacté, ce jeudi 7 septembre 2023, M.Manyange trouve qu’il n’y a rien de scandaleux dans le fait que le Premier ministre lui a demandé de sortir de la salle. « C’était pour se remettre au travail. Chaque fois, quand ce qui nous concerne est épuisé, on sort pour aller continuer le travail », a-t-il confié.

Pour l’extension de l’usine, il a indiqué que c’est toujours dans le cadre d’augmenter la production pour satisfaire d’abord le marché interne, et vendre ailleurs pour chercher des devises.

Des stocks presque et/ou vides

D’après les témoignages des différents directeurs provinciaux de l’environnement, de l’Agriculture et de l’élevage (DPEAE), les quantités de fertilisants commandées ne sont pas encore là.

A Muramvya, Ali Kassim, le directeur provincial de l’environnement, Agriculture et élevage, indique que dans le stock, il y a actuellement 71,5 tonnes de chaux agricole FOMI sur 981,3 tonnes commandées, soit 7,2 % : « Pour la culture de pomme de terre. La chaux doit être mise dans les champs au moins deux semaines avant la plantation des semences. Il faut que la FOMI nous fournisse le reste de la commande à temps ».

Cette province connaît aussi le manque d’intrant « Totahaza » alors qu’elle avait passé une commande de 1 556, 3 tonnes à la FOMI.

A Gitega, sur une commande de 3459, 52 tonnes des intrants de type « Totahaza » passée à la FOMI pour la saison culturale A, les stocks de cette province disposent pour le moment 32,2 tonnes seulement.

« Pour l’intrant « Bagara », nous avons commandé 141, 55 tonnes pour cette saison, mais nous avons jusqu’ici reçu 9,6 tonnes dont un taux de 0,06 % », a indiqué Oscar Uwukunda, directeur provincial de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage.

Il déplore aussi l’insuffisance de la dolomie, chaux agricole, produite par cette même usine qui est souvent utilisée au début de la saison culturale A : « Pour la dolomie, nous avons passé une commande de 2 085,8 tonnes, mais nous n’avons que 81, 3 tonnes dans les stocks dont 0, 3 %. Elle devrait être suffisamment disponible au début de la saison culturale A ».

A Mwaro, Libère Nzokirantevye, le directeur provincial de l’Agriculture affirme que l’accès à la chaux dolomitique fournie par la FOMI reste un défi majeur à relever pour la saison culturale A. « Les stocks de la province sont presque vides. Nous devrions avoir déjà commencé à l’utiliser pour bien préparer cette saison culturale. Dans notre province, on cultive souvent la pomme de terre qui nécessite l’application préalable de la dolomie dans les sols ».

D’après lui, les stocks de la chaux sont vides alors qu’on avait commandé 1702, 45 tonnes : « Si rien n’est fait dans l’immédiat, la récolte pour la saison culturale A risque de diminuer considérablement ».

Pour Totahaza et Bagara, les stocks sont presque vides :   « Pour FOMI Totahaza, nous avions commandé 668,62 tonnes, mais nous n’avons rien dans les stocks ».

Une baisse de 40% de la récolte

Lors de l’émission publique du 30 décembre 2022, le président de la République Evariste Ndayishimiye a reconnu que l’insuffisance des fertilisants a eu un impact négatif sur la production. Selon lui, il y a eu une baisse de 40% de la récolte au cours de la saison culturale B de l’année 2022. Il a également reconnu que l’entreprise FOMI est incapable de satisfaire toute la demande des cultivateurs.

Dans la foulée, il a annoncé la création d’une nouvelle usine de fabrication d’engrais. Malgré plusieurs réunions qui se font chaque année, les résultats sont toujours les mêmes. Depuis l’interdiction des importations d’engrais chimiques en 2019 et l’octroi du monopole de leur fabrication à la société FOMI, il y a toujours des grognes des cultivateurs, car cette société n’arrive pas à satisfaire leurs besoins alors qu’ils paient à l’avance.

Le 23 février 2022 au siège de la société FOMI, Gervais Ndirakobuca, alors ministre de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique, a organisé une réunion à l’endroit des responsables de l’usine FOMI, les gouverneurs des provinces, les directeurs provinciaux en charge de l’agriculture, les distributeurs et les gestionnaires des stocks engrais FOMI dans les provinces. Les échanges portaient sur le manque des engrais de FOMI dans certaines provinces. Le constat était le même : 10 provinces sur 18 n’avaient pas encore atteint le pourcentage de 50% des engrais de FOMI ( Imbura et Totahaza) nécessaires pour le haricot, le riz et des pommes de terre. 

FOMI avait expliqué que, contrairement aux autres années, la commande des engrais chimiques avait beaucoup augmenté de plus de 10 mille tonnes. Gervais Ndirakobuca avait sommé la société FOMI de rendre disponible la quantité manquante endéans 10 jours, car les grognes étaient intenses dans plusieurs provinces.

Le 16 novembre 2022, lors de la réunion du Premier ministre Gervais Ndirakobuca à l’intention des administratifs et des représentants de la société FOMI afin d’évaluer l’état d’avancement des préparatifs de la saison culturale A en cours, il a également remarqué que la quantité des engrais de cette société à savoir Imbura, Totahaza, Bagara et dolomie déjà distribuée aux agriculteurs pour se préparer à la saison culturale A restait insuffisante au mois de septembre 2022.

Elle était à 23%. Herménegilde Manyange, directeur général adjoint de la société FOMI, avait indiqué que sur 50 000 tonnes commandées, la FOMI a déjà produit 17 000 tonnes et qu’elle disposait seulement de 13 700 tonnes de matières premières qui peuvent générer 27 400 tonnes d’engrais dans deux mois et demi. Le Premier ministre a demandé à l’usine FOMI de leur fournir ces intrants dans un délai ne dépassant pas une semaine.

Une bouffée d’oxygène venue de la BAD  

Afin de faire face à ses besoins urgents en engrais pour la campagne agricole dont la première phase a démarré au mois de mai 2023 le Groupe de la Banque africaine de développement a mobilisé, en avril dernier, près de 4 millions de dollars pour permettre au Burundi d’acheter d’urgence plus de 3 000 tonnes d’engrais.

D’après cette institution, les besoins couvrant toutes les phases sont estimés à 145 mille tonnes. Un appui que le ministre des Finances, Audace Niyonzima, a sollicité lors d’une visite au président de l’institution à Abidjan le 7 avril. « Le Groupe de la Banque utilisera deux projets de son portefeuille actuel au Burundi pour pourvoir aux besoins immédiats de la première phase », a indiqué M. Akinwumi Adesina, président de la BAD. De plus, il a souligné que la BAD appuiera également les démarches du Burundi pour explorer les possibilités existantes en matière d’acquisition d’engrais auprès d’autres organismes internationaux tels que le Programme alimentaire mondial. M. Adesina a également encouragé le gouvernement burundais à poursuivre les réformes dans le secteur des engrais. Il a suggéré la mise en place d’un porte-monnaie électronique (e-wallet) pour plus de transparence dans la distribution d’engrais aux bénéficiaires.


Réactions

 

FOPABU : « Mettre fin au monopole »

Pour le Forum des producteurs agricoles du Burundi (FOPABU-Ijwi ry’Abarimyi), ce domaine de fournitures des engrais agricoles a besoin d’être libéralisé. « Le constat est que la FOMI bénéficie de beaucoup d’avantages. Et nous avions déjà fait entendre nos inquiétudes sur les retards répétitifs des fertilisants alors que les agriculteurs font tout pour donner des avances. Aujourd’hui, que le gouvernement vient de constater, via cette réunion, que la FOMI est incapable de donner la date de livraison, il faut que l’Etat prenne en main cette question », analyse Jean-Marie Niyongabo, représentant de ce forum.  « Si réellement FOMI N’est pas capable de donner des engrais en suffisance et à temps, il faut libéraliser et laisser d’autres usines faire ce travail, laisser d’autres investisseurs d’importer des fertilisants », suggère-t-il. 

Ce qui est d’ailleurs le cas. Car, explique-t-il, cette usine a déjà avoué son incapacité de satisfaire la demande des agriculteurs. « Nous avons été abattus. Parce que le DG de FOMI a déclaré que jusqu’aujourd’hui, il ne voit pas quand il pourra rendre disponibles ces fertilisants alors que nous sommes déjà en saison pluvieuse. C’est le moment de nous mettre au travail pour que nous puissions avoir une bonne récolte. C’est la preuve que la FOMI ne tient pas ses promesses ».

Ainsi, M. Niyongabo demande au gouvernement de défendre les intérêts des agriculteurs. Il ne comprend pas comment la FOMI est en train de faire l’extension dans d’autres pays alors qu’elle ne parvient pas à satisfaire le marché interne. « En fait, ce sont les agriculteurs burundais qui font vivre cette usine, par des avancées, etc. Alors, comment se permet-elle de vendre ailleurs que les Burundais ne sont pas servis convenablement ? »

D’après lui, cette situation de manque ou insuffisance des fertilisants ne date pas d’aujourd’hui : « Cela fait déjà trois ans qu’on est dans ces problèmes. » Niyongabo trouve que cette situation freine l’aboutissement de la vision du président de la République selon laquelle ‘’ chaque bouche doit avoir à manger et chaque poche de l’argent’’.

Gabriel Rufyiri : « Les intérêts des citoyens sont protégés par le gouvernement »

Parmi les facteurs qui expliquent cette carence récurrente des fertilisants, le président de l’Olucome cite le monopole dont bénéficie l’entreprise FOMI. « L’Olucome n’a jamais cessé de dénoncer cela. Souvent, on donne des marchés à ceux qui sont incapables parce qu’il y a des intérêts des uns et des autres. Du coup, on privilégie le monopole. »

D’après Gabriel Rufyiri, l’entreprise FOMI n’a aucune responsabilité vis-à-vis des citoyens. « Les responsables de FOMI sont des commerçants qui mettent en avant des gains. Les intérêts des citoyens sont protégés et défendus par le gouvernement. C’est le gouvernement qui est responsable, car c’est lui qui a favorisé ce monopole. Les engrais sont subventionnés et le gouvernement est là pour garantir que les citoyens aient de quoi utiliser. » Pour Gabriel Rufyiri, il faut multiplier des usines de fabrication ainsi que les importations.

Le président de l’Olucome déplore aussi le manque de statistiques et comment les utiliser en temps réel. « Si le gouvernement sait d’avance ceux qui auront besoin des fertilisants, la quantité que FOMI va produire, il saura obligatoirement la quantité que les autres hommes d’affaires peuvent importer. Comme nous n’avons pas la culture de planification et de l’utilisation des données statistiques, ça devient problématique. »

Inauguration en grande pompe

L’entreprise FOMI a été inaugurée en septembre 2019 par l’ancien président de la République, feu Pierre Nkurunziza. D’après
le directeur général de FOMI, Simon Ntirampeba, l’usine a été créée en réponse aux problèmes qui existaient dans le secteur agricole burundais. Dans son allocution, feu Pierre Nkurunziza a indiqué que l’usine apporte non seulement au pays l’augmentation de la production agricole, mais aussi apportera une plus-value dans la réduction de la faim, la protection de l’environnement et évitera la spoliation de devises pour l’importation des intrants.

Lors des cérémonies d’extension de l’Usine FOMI, 15 septembre 2020, le président Evariste Ndayishimiye a indiqué que grâce à l’extension de l’usine FOMI, 75 millions de dollars américains qui étaient utilisés dans l’importation des engrais seront alloués à d’autres projets et que 50 millions de dollars US entreront dans les caisses de l’Etat grâce aux exportations du surplus des engrais nécessaires au Burundi.  Il a révélé que grâce à l’extension de l’usine, la production en engrais organo-minéraux passe de 200 à 600 tonnes par jour, soit au moins 150 mille tonnes d’engrais par an.

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. Kibinakanwa

    Question:
    Quid de la qualité:
    Est ce que les engrais FOMI ont les standards internationaux?
    1) FOMI IMBURA dose combien en NPK
    2) Qu’en est il de FOMI TOTAHAZA
    3) Quel % d’azote y a t il dans l’urée vendue par FOMI.
    J ai entendu que l’usine achète de la bouse chez les élèveurs de l’Imbo.
    Note de l’éditeur: Je suis agronome (J ai étudié dans les années 80).

    • Stan Siyomana

      @Kibinakanwa
      Sur son site internet, l’usine FOMI donne la description de ses produits.
      Par exemple pour Totahaza:
      « Fomi-Totahaza est un engrais organo-minéral de couverture essentiellement azoté. Il est conçu et produit pour les céréales et les légumes. Sa teneur en éléments nutritifs est: l’azote à 21%, le potassium à 8%, le calcium à 4% et le magnésium à 2%.
      Fomi-Totahaza est aussi un engrais complémentaire à FOMI-IMBURA. Il s’applique lors du sarclage… »
      https://fomi.bi/front-page/fomi-totahaza/

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