Huit viols, dix-huit cas de violences domestiques, des conflits fonciers sont enregistrés au cours de ces deux derniers mois. Les associations qui luttent en faveur des droits de la femme demandent des mesures fermes pour éradiquer ce fléau.
<doc4323|left>Il y a moins d’un mois, les habitants de la colline Nyambuye en commune de Bukirasazi ont été littéralement stupéfaits de constater que Marie Cimpaye a été amputée de son bras droit par son mari. C’est le dernier cas d’une longue série. Selon Spés-Caritas Shurweryimana, représentante de l’ADDF à Gitega, cette hausse de violence est souvent liée à la consommation excessive des boissons prohibées.
Elle fait savoir que beaucoup de femmes sont battues, les autres sont congédiées avec leurs enfants. « Le comble de malheur, beaucoup de celles qui n’osent pas porter plaintes se sont mariées illégalement. Partant, elles ne peuvent pas retourner chez leurs parents. Même si elles le voudraient, leurs frères qui voient en elles des rivales qui viennent prendre une partie de leurs terres les chassent. Sans avoir où aller, elles souffrent silencieusement dans les foyers peur d’être blâmées », a-t-elle ajouté. Et de déplorer : « Certains cas d’impunité encourageraient ces hors la loi à maltraiter leurs épouses. » Selon elle, la loi sur l’héritage qui n’est pas encore promulguée est l’une des causes qui bloquent le développement de la femme. Shurwerimana demande qu’elle soit légiférée.
Les hommes jettent le tort aux victimes
Aujourd’hui, face à cette situation vécue par certaines femmes, les avis sont partagés. Surtout pour les cas de viol, les uns veulent accuser les femmes et les filles d’être victimes de leur propre comportement. Selon eux, les femmes et les filles ne respectent plus les valeurs culturelles. Elles portent souvent des habits indécents. « Si elle n’avait pas porté ce genre de tenue ou si elle n’avait pas été dehors et seule à telle heure du soir, elle n’aurait pas été violée. » Tels sont les propos avancés par ceux qui prônent le conformisme. Ils proposent comme remède que les femmes restent au foyer et soignent leur accoutrement.
Sur le droit d’hériter, ils mettent en avant l’argument de l’exiguïté des terres. Nombreux sont ceux qui soulignent le caractère inepte d’une telle loi à l’heure où le pays connaît une démographie galopante. Pour d’autres hommes, ces femmes exagèrent sur les faits. Ils pointent alors les associations des femmes qui les dresseraient contre les hommes. « Dans le passé, la femme avait comme conseillère sa mère ou sa marraine. Mais aujourd’hui au lieu que l’affaire reste en famille, il suffit d’une petite dispute pour qu’elle aille droit chez ces associations arguant que ses droits sont bafoués. Leurs avocats te traînent devant la Justice pour que ta richesse soit partagée en deux », s’indigne Gaspard Ndimurwanko. Ce polygame affirme avoir vécu plus de vingt ans avec ses deux épouses dans une entente excepté ces dernières années où l’une d’entre elles l’oblige à légaliser leur union.






