Vendredi 11 octobre 2024

Économie

Forum national sur le développement : Des préalables pour atteindre le statut d’un pays émergent et développé

21/04/2023 5
Forum national sur le développement : Des préalables pour atteindre le statut d’un pays émergent et développé
Des participants à la deuxième édition du Forum National sur le développement en appellent à des actions concrètes pour faire du Burundi un pays émergent en 2040

La deuxième édition du Forum national sur le développement du Burundi s’est tenue du 20 au 21 avril au Palais des congrès de Kigobe à Bujumbura sous le thème : « Vision Burundi pays émergent en 2040 et pays développé en 2060 ». Les participants recommandent, entre autres, le consensus national et la transparence pour atteindre cette vision.

« Nous sommes appelés à réfléchir en terme d’Etat. Parfois, l’élite politique et intellectuelle pense que c’est sa vision et cherche à en tirer profit. Ce projet d’émergence est un projet du Burundi, de tous les Burundais et non des individus », a indiqué Guillaume Ndayikengurukiye, expert en sciences politiques et relations internationales.

Il a recommandé un consensus national permettant de créer l’émergence du pays en dehors de toute instabilité : « Il faut une émergence de tous les Burundais dans leur diversité ethnique, politique et religieuse ».

Pour lui, les partis politiques et la société civile doivent prendre leur responsabilité pour parvenir à cette vision d’un Burundi émergent en 2040 : « Ce n’est pas une vision du parti au pouvoir, mais une vision de tous les partis politiques. Toutes les organisations de la société civile doivent y contribuer d’une manière responsable ».

Cet expert en sciences politiques suggère au gouvernement du Burundi de demander régulièrement aux Burundais ce qu’ils veulent et planifier en tenant compte des besoins actuels : « Cela exige un espace politique qui permet à tout le monde de s’exprimer librement ».

Il a, en outre, soutenu que l’engagement du Burundi dans la résolution des problèmes régionaux doit toujours être axé sur les intérêts du pays : « Il faut toujours voir ce que le pays gagne.  Au-delà de l’amitié des peuples, le réalisme fondé sur l’intérêt de la nation doit être toujours prioritaire ».

Pourtant, il a rappelé que l’interdépendance entre les Etats est nécessaire. Pour lui, un souverainisme exagéré risque de constituer un frein au développement du Burundi.

Le politologue Siméon Barumwete est revenu sur la redevabilité et la transparence comme préalable pour atteindre cette vision de Burundi émergent en 2040 et développé en 2060 : « Il faut fournir beaucoup d’efforts dans la lutte contre la corruption pour qu’il y ait restauration de la confiance ».

Pour lui, les partenaires au développement, la société civile et le secteur privé doivent être écoutés et valorisés : « En les écoutant, en les impliquant et en les associant, des politiques publiques peuvent être mises en œuvre facilement ».

Pour Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome (Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques), la mise en œuvre de cette vision doit aligner trois choses : la pensée, la parole et l’action.

Comme préalable pour la réussite de cette vision, il a souligné la cohésion sociale et la paix : « Il faut analyser profondément les raisons derrière les crises politiques au Burundi. On doit d’abord assurer la stabilité politique pour penser au développement durable ».

Quid des objectifs de la vision « Burundi pays émergent en 2040 et développé en 2060 »

« A l’horizon 2040, le Burundi sera un pays paisible, où chacun vit dans des conditions décentes, où personne ne meurt d’une cause évitable, avec une économie compétitive tirée par les secteurs agro-alimentaires et industriels à haute valeur ajoutée et par une exploitation minière au bénéfice de la société ; le tout, dans un environnement naturel préservé et avec la prise en compte du genre et de l’équité », tel est l’énoncé de la vision Burundi émergent en 2040 comme l’a indiqué Salomon Nsabimana, expert en macroéconomie et professeur à l’Université du Burundi.

Selon lui, les indicateurs et la cible de finalité de cette vision prévoient que le PIB/habitant au Burundi passe de 301 dollars en 2022 à 2 000 dollars en 2040 et 4 500 dollars en 2060. L’espérance de vie de la population burundaise devra passer de 60 ans en 2022 à 64 ans en 2040 et à 80 ans en 2060.

Les enjeux de cette vision, a-t-il expliqué, sont une amélioration des conditions et de la qualité de vie de la population avec une croissance démographique soutenable ; une transformation structurelle de l’économie et une accélération de la croissance économique sans entrave à l’équilibre écologique ainsi qu’une prise de décision basée sur l’évidence et une approche de gestion et de financement axée sur les résultats/programmes.

Selon lui, les objectifs de cette vision sont, entre autres, améliorer des capacités institutionnelles de l’Etat ; renforcer l’engagement politique de l’Etat ; développer une agriculture créatrice de richesse et catalyseur de la sécurité alimentaire ; augmenter la production et l’amélioration de l’accès à l’énergie ; améliorer des infrastructures de logistique ; réduire progressivement la dépendance à l’aide ; améliorer l’accès aux soins de santé de base pour tous, développer une éducation de base de qualité et inclusive ; développer le secteur industriel et sa compétitivité ainsi qu’améliorer l’accès à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement.

Pour atteindre ses objectifs, l’engagement de l’Etat est important : « Il faut renforcer l’engagement politique de l’Etat pour la stabilité démocratique, le leadership, la lutte contre la corruption, la transparence dans la gestion publique tout en évitant des troubles sociaux et de l’insurrection à cause de l’insatisfaction collective ».

Forum des lecteurs d'Iwacu

5 réactions
  1. Stan Siyomana

    1. Quand j’ai lu que Madame Irene Kabura (directrice du Bureau des etudes strategiques et de developpement (a la Presidence) qui a organise ce Forum, et sortie de University of Dar es salaam), je me suis demande si elle aurait des liens de parente avec un burundais nomme Kabura (forme en Allemagne ou Belgique) qui travaillait a Dar es salaam dans le secteur du transport et qui aurait invente un cric de garage/Kabura jack dans les annees 1970s. Je n’ai jamais rencontre cet ingenieur.
    2. Le draft de cette vision de 37 ans a venir s’etend sur 29 pages.
    The Kenya Kwanza plan pour 2022-2027 (= manifeste electoral du parti au pouvoir au Kenya) s’etend sur 66 pages.
    Ilani ya Chama cha Mapinduzi kwa ajili ya uchaguzi mkuu wa mwaka 2020 (= manifeste electoral 2020-2025 du parti au pouvoir en Tanzanie s’etend sur 308 pages.
    National Resistance Movement 2021-2026 manifesto (=manifeste electoral du parti au pouvoir en Ouganda) s’etend sur 294 pages.

  2. Stan Siyomana

    Dans la Vision Burundi Pays Emergent en 2040 et Pays Developpe en 2060 le prealable est « Un changement radical de mentalites et de comportements des burundais, afin d’imprimer une dynamique nouvelle a la reconstruction du pays ».
    https://www.youtube.com/watch?v=wPplqHMHng8&t=9696s
    Les modeles de developpement de certains pays asiatiques ont pu profiter des valeurs religieuses (bouddhistes? shintoistes?) datant de plusieurs millenaires,alors que dans notre cher Burundi l’appel de discipline par le president Cyprien Ntaryamira n’a fait aucun echo et l’appel de restitution des biens publics detournes (appel fait par le president Evariste Ndayishimiye) n’a pas produit grand chose.
    Quand on essaie d’etre plus realiste, l’on voit que le nouveau burundais ne va pas apparaitre tout d’un coup au lendemain du forum.
    Je crois que la majorite des burundais etait plus prete a changer de comportement quand le parti Frodebu (sous Melchior Ndadaye) a gagne les elections de 1993 ou quand le parti CNDD-FDD (sous Pierre Nkurunziza) a gagne les elections de 2005.
    L’on dit qu’en Islande (je crois) quand vous perdez votre porte-monnaie, quelqu’un peut vous le remettre sans en avoir rien retire, tandis qu’au Burundi vous pouvez faire un accident sur la route et certaines personnes vont essayer de voler tout ce qui est dans votre poche ou dans la voiture.
    Je devrais faire des milliers de kilometres pour rentrer sur ma colline natale, mais l’on me conseille de ne pas y passer la nuit (en 2018, j’etais d’ailleurs tres choque quand on s’est arrete a un kilometre de chez nous et mon frere a dit au chef de colline « Voici le visiteur dont je vous ai parle.. »/Nabaye umushitsi aho nataye uruzogi, hanyuma ngo iBurundi turi muri cohesion sociale izodushikana mumavision aya nariya.

    • Stan Siyomana

      D’apres le Forum, en l’espace de seulement 20 ans, donc entre 2020-2022 et 2040, le Burundi va faire des pas de geant. Je trouve ces points-ci tres interessants.
      1. Le taux de fecondite (moyenne de naissances par femme) va passer de 5,5 a 3.
      2. Le PIB/habitant (en dollar americains) va passer de 301 a 2000.
      3. Taux de croissance du PIB reel (%) de 4,6 a 12.
      4. Reserves de changes (en mois d’importations) de 0,89 a plus de 4,5.
      5. Les travailleurs salaries (en % de la population en emploi) va passer de 14,2 a 30.
      6. Taux d’acces a l’electricite (% de la population) de 20,5 a 100.
      7. Population vivant en milieu urbain (% population) de 14 a 40.
      8. Menages connectes au reseau national d’electricite en milieu rural (% population) de 9,1 a 80.
      9. Taux de penetration/population utilisant l’internet (% population) de 21,3 a 90.
      10. Epargne nationale brute en % du PIB de 5,5 a 24.
      11. Menages utilisant des latrines ameliorees non partagees (% du total des menages) de 28 a 90.
      Source: forum-developpement.bi Vision Burundi pays emergent en 2040 et pays developpe en 2060.

  3. Bellum

    @Fred Nzeyimana
    « Aucun developpement n’est possible dans une societe qui a connu le genocide. »
    Finalement vous rejoignez Bagaza que vous fustigez. Pour Bagaza, la seule solution c’est la partition du pays en hutuland et tutsiland puisque les Tutsis n’ont pas le droit a la vie depuis le triomphe du Hutu-power que l’historien francais Jean-Pierre Chretien appelle nazisme tropical. Les evenements de la RDC lui donnent raison, il n’y a aucun avenir pour les Tutsis puisqu’ils sont massacres partout dans les Grands Lacs. Au Rwanda depuis 1959. Au Burundi depuis 1965 et enfin la RDC depuis ces dernieres annees. Qui peut parler de decollage economique dans ces tragiques conditions?

  4. Fred Nzeyimana

    PITOYABLE BURUNDI! Développement impossible. Tant et aussi longtemps qu’on n’aura pas mis une fin de non-retour, au système politique génocidaire anti-développement (itikizabarundi) mis en place par la dynastie des Bahima de 1966 à nos jours! Drôlement. Aucun des intervenants n’en a parlé.

    PAUVRE SEBARUNDI! Bien pire encore! Le président de La République Évariste Ndayishimiye. A démontré son ignorance du concept même de développement. En donnant pour modèle les politiques de Jean Baptiste Bagaza. Un des trois présidents de la dynastie des Bahima. Celui-la même qui a installé le système « I » et « U » discriminant les Hutus dans les écoles. Alors qu’ils font 85% de la population totale. Pour ne pas avancer au secondaire. Le même Jean Baptiste Bagaza qui présidait en 1972, le conseil de guerre du 6 mai. Qui condamnait a mort tous les Hutus éduqués ou ayant quelques compétences. Un conseil qui a légitimé que les biens (maisons et autres propriétés) des « génocides » soient saisis. Ce qui fut fait.
    ADOLPHE HITLER! Imaginez que le chancelier allemand donne pour modèle de développement ni moins ni plus un certain Adolphe Hitler?
    Là-dessus, l’anthropologie ne laisse aucun doute. Aucun développement n’est possible dans une société qui a connu un génocide. Tant et aussi longtemps que ce génocide n’a jamais été arrêté.

    PARDONNEZ-LES . Ils ne savent pas ce qu’ils font. Advenant que je me trompe, dites-moi les raisons profondes qui pourraient expliquer que l’ancien premier Ministre du gouvernement du CNDD-FDD puisse aujourd’hui fuir ce même gouvernement qu’il a contribué a bâtir pendant 18 ans . S’ils (CNDD-FDD) y arrivent en 2040. Ce sera en tout cas sans Alain Guilhaume Bunyoni. Et on verra pour les autres….Je paris que le Burundi occupera en 2040 la derniere ligne en matiere de développement! Cf. Je prend pour emoin la Pyramide des besoins de Maslow!

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