L’Institut néerlandais pour la démocratie multipartite (NIMD), en partenariat avec le ministère de l’Intérieur, a organisé ce jeudi 21 août une conférence-débat à l’Hôtel Royal Palace dans le cadre du projet ARPOG, financé par l’Union Européenne, sur le leadership politique féminin et la gouvernance locale. La rencontre a permis de dresser le bilan de la représentativité des femmes dans les conseils collinaires et de discuter des solutions pour renforcer leur participation aux élections à venir.
L’absence de quotas : un défi pour les élections collinaires
Sous le thème : « Leadership politique et gouvernance locale : impact de l’absence de quotas pour les femmes dans les élections collinaires », la rencontre a réuni acteurs politiques, experts et leaders de la société civile.
Pour Dieudonné Ntanago, directeur pays du NIMD au Burundi : « Il faut que les femmes élisent et se fassent élire ».
Il a exhorté les femmes leaders à mentorer et inspirer la nouvelle génération, et insisté sur l’importance du soutien des conjoints. Selon lui, instaurer des quotas et mener des campagnes éducatives sont essentiels pour briser les barrières culturelles qui limitent la participation féminine.

De son côté, le secrétaire permanent au ministère de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique, Théophile Ndarufatiye a salué les avancées récentes de la représentativité des femmes dans les institutions démocratiques, issues du double scrutin des législatives et conseils communaux. « Les femmes représentent 40 % à l’Assemblée nationale, 46 % au Sénat et 32 % au niveau communal », preuve de « la volonté des instances dirigeantes à respecter les quotas fixés par la Constitution et le Code électoral ».
Il a cependant regretté qu’« aucun quota ne soit prévu pour les élections collinaires », une lacune qui crée « un déséquilibre dans la prise de décision locale ».
M. Ndarufatiye a appelé à « analyser les défis liés à la participation et à la représentativité des femmes dans les conseils de collines et de quartiers ».
Concernant les élections collinaires à venir, il a alerté que « l’absence de quota crée un déséquilibre dans la prise de décision locale ». Il a exhorté les femmes présentes à ce débat de se poser la question de leur participation et de proposer des solutions « convaincantes ».
Les femmes, un moteur de changement

Le panel a réuni députées, experts et membre d’associations de défense des droits des femmes.
Pour Suavis Habarugira, députée de la province de Gitega. « Il est tellement difficile pour une femme de se faire élire. Les freins sont nombreux. Même une fois élues, certaines peinent à terminer leur mandat.
Marie-Concessa Barubike, Coordinatrice de l’AFRABU dans ce débat, a rappelé les chiffres du dernier recensement : « Les femmes sont plus de 6 millions, soit plus de 52 % de la population, contre 5,7 millions d’hommes. Cela doit interpeller : la femme doit être davantage mise en avant. »
Elle a ajouté que là où les femmes sont leaders, les choses progressent. Les femmes s’intéressent à chaque détail. « Il faut donner à la femme la place qu’elle mérite dans les prochaines élections collinaires », a-t-elle souligné.
De son côté, Pascasie Nahishakiye, cheffe de la colline Kaguhu, en commune Gitega, a partagé son quotidien depuis son élection en 2015. « Dans ma colline, la paix dans les ménages, la sécurité et le bien-être de la communauté sont ma priorité ». Elle a cependant reconnu les obstacles : « Je suis la seule femme parmi les cinq élus de la colline. Parfois, mes collègues hommes font tout pour me barrer la route. C’est un véritable parcours de combattante. »
Selon elle, « l’estime de soi et la confiance en la capacité de la femme sont primordiales pour leur émancipation politique ».
Pascasie appelle les femmes à « batailler vigoureusement pour atteindre une grande représentativité politique », tout en exhortant les hommes à « cesser de considérer les femmes comme étant uniquement destinées aux tâches domestiques ».
Pour sa part, Acher Niyonkuru, expert en leadership et professeur d’université, a rappelé les chiffres des femmes candidates aux élections collinaires du 25 août 2025 : « 19 % dans la province de Bujumbura, 20 % à Butanyerera, 22 % à Buhumuza et 23 % à Gitega. » Il a souligné la nécessité « d’harmoniser la loi afin que les femmes puissent pleinement contribuer au développement du pays ».
Sensibilisation et accompagnement : clés du succès
Les participants ont, dans l’ensemble, insisté sur l’importance de sensibiliser l’administration pour favoriser la participation des femmes aux élections locales. L’accompagnement des femmes occupant des postes de responsabilité a été mis en avant afin qu’elles deviennent des modèles inspirants pour leurs consœurs.
En clôture, Dieudonné Ntanago a remercié toutes les femmes engagées en politique et rappelle que : « Pour les élections collinaires, la couleur politique ne doit pas être un obstacle. »
Il a exprimé son souhait de voir les femmes rester indépendantes et libres de toute influence, tout en continuant à exercer un leadership authentique et transformateur, capable de redéfinir la gouvernance locale.
Des perspectives prometteuses
Cette conférence-débat a constitué un moment clé pour impulser le changement en faveur du leadership féminin au Burundi. Elle a mis en lumière les défis à surmonter et ouvert des perspectives prometteuses pour un engagement politique plus égalitaire, inclusif et porteur de progrès dans les collines du pays.
Charte des utilisateurs des forums d'Iwacu
Merci de prendre connaissances de nos règles d'usage avant de publier un commentaire.
Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes, antisémites, diffamatoires ou injurieux, appelant à des divisions ethniques ou régionalistes, divulguant des informations relatives à la vie privée d’une personne, utilisant des œuvres protégées par les droits d’auteur (textes, photos, vidéos…) sans mentionner la source.
Iwacu se réserve le droit de supprimer tout commentaire susceptible de contrevenir à la présente charte, ainsi que tout commentaire hors-sujet, répété plusieurs fois, promotionnel ou grossier. Par ailleurs, tout commentaire écrit en lettres capitales sera supprimé d’office.