Une flambée des prix des fournitures scolaires se remarque à la veille de la rentrée scolaire 2025-2026. Les prix varient d’un vendeur à l’autre. Avec des salaires invariables, des parents fustigent les prix exorbitants qui s’ajoutent à la cherté de la vie. Ils appellent le gouvernement à exonérer les fournitures scolaires importées et à prendre les mesures pour éviter la spéculation.
Les prix des fournitures scolaires ne cessent de grimper comparativement aux trois dernières années. Un cahier de 100 feuilles coûte 3 500 BIF alors qu’en 2023 il était à 1 800 BIF, soit un surplus de 1700 BIF. Le prix d’un cahier de 60 feuilles est passé de 1 200 BIF en 2023 à 2 200 BIF en 2025, soit un surplus de 1 000 BIF.
Pour un cahier de 48 feuilles, un surplus de 500 BIF s’est observé dans une période de 3 ans aussi. Le cahier de 36 feuilles est passé de 800 BIF à 1 500 BIF. Un surplus de 500 BIF est aussi observé pour un cahier de 24 feuilles qui est passé de 700 à 1 200 BIF.
Pour les uniformes, les prix ont également doublé et cela varie aussi d’un vendeur à l’autre.
Le 1ᵉʳ septembre 2025, vers 13h, dans le magasin appelé Plazza, au centre-ville de Bujumbura, les vendeurs de fournitures scolaires attendent les clients. « Les clients ne sont pas nombreux. J’imagine qu’ils vont venir après l’annonce du jour de la rentrée scolaire. En ce qui concerne la montée des prix des fournitures scolaires, on s’approvisionne à un prix élevé. On ajoute un petit bénéfice en calculant les dépenses qu’on a eues pour ne pas encaisser des pertes. Les clients nous blâment pour rien. Les producteurs locaux nous expliquent qu’il s’agit d’un problème de devises pour acheter les matières premières », souligne un vendeur.
Des prix exorbitants
Certains parents rencontrés sur le terrain disent que les prix ont été revus à la hausse et qu’il y a des spéculations chez certains commerçants. « Nous admettons que les conditions dans lesquelles nous vivons sont difficiles, mais les commerçants exagèrent aussi. On dirait qu’ils ne sont pas eux aussi des parents. Les prix du matériel scolaire ont beaucoup grimpé comparativement à l’année passée. Il faut visiter tous les vendeurs pour trouver celui qui vend à un prix bas », se désole l’un parmi des parents qui achetaient les fournitures scolaires.
Caritas Ndayiragije, une quarantaine, mère de quatre enfants tient presque les mêmes propos. Elle fait savoir que cette hausse impactera négativement l’économie familiale. Elle estime que ses enfants vont commencer les classes avec du matériel incomplet. « Les prix ont visiblement monté. Même les couvertures des cahiers qui s’achetaient à 800 BIF la pièce sont vendues désormais à 1 500 BIF. Le kit complet des livres des élèves de la 9ᵉ année s’achète 150 000 BIF et l’élève doit se présenter avec ces livres. Tout le budget va s’épuiser sur un seul enfant. Le peu que j’ai économisé pour les fournitures scolaires, je vais le partager pour tous mes enfants. Dieu seul sait la suite pour leur éducation. »
Pour Mme Ndayiragije, le gouvernement devrait exonérer l’importation des fournitures scolaires, surtout avant la rentrée scolaire. « Les cahiers sont achetés en grande quantité lors de la rentrée scolaire. Le gouvernement devrait voir comment diminuer les impôts et taxes, voire exonérer certaines fournitures scolaires. Si cela pose problème, que le gouvernement fixe le prix des cahiers comme il l’a fait pour le sucre et d’autres produits ! »
Des salaires invariables à actualiser
Sous anonymat, un des parents confie qu’il ne va pas acheter les fournitures scolaires au complet pour ses six enfants en indiquant qu’avec son salaire, il ne sait même pas comment, lui et sa famille, arrivent à joindre les deux bouts du mois.
« Je touche un salaire de 400 000 BIF par mois. Je dois payer le loyer, satisfaire les besoins familiaux, les soins de santé et acheter les fournitures scolaires. C’est impossible avec ces prix. J’avais calculé sur base des prix de l’année dernière et épargné la somme. Mais, sur le terrain, les prix ont flambé. Je vais acheter les cahiers qui correspondent au budget que j’ai et rentrer. »
Pour lui, le gouvernement devrait voir comment actualiser les salaires des fonctionnaires. « Tous les produits ont monté de prix sur les marchés. Même les loyers ont monté. Seuls les salaires restent inchangés. Le gouvernement, à travers le ministère de la Fonction publique, devrait actualiser les salaires en fonction de la cherté de la vie actuelle. »
Réactions
Jean-Noël Nkurunziza : « Le gouvernement doit stopper la spéculation sur le matériel scolaire. »
Jean-Noël Nkurunziza, porte-parole de l’Association burundaise des consommateurs, Abuco, indique que la hausse des prix du matériel scolaire à la veille de la rentrée scolaire est très remarquable.
« Malgré les conditions de transport difficiles, malgré la rareté des devises, l’Abuco a toujours fait ce constat amer. Il y a toujours une spéculation sur les prix des fournitures scolaires faite par les commerçants. Cette situation doit interpeller les autorités en charge du commerce et celles en charge de l’éducation pour prendre des mesures pouvant soulager les parents des élèves, les élèves et même les enseignants. »
Il estime qu’un enfant qui part à l’école sans matériel scolaire au complet ne suit pas bien les cours. Par conséquent, les résultats scolaires ne sont pas satisfaisants. « En classe, sans matériel scolaire au complet, ça devient difficile de bien étudier pour l’enfant et de bien enseigner pour l’enseignant. Cela peut même contribuer aux mauvais résultats à la fin de l’année. »
Le porte-parole de l’Abuco propose que si les commerçants continuent la spéculation, les établissements scolaires, à travers le ministère de tutelle, devraient rendre disponible aux différentes écoles le matériel scolaire afin de sauver la situation. « Il faut que le gouvernement, à travers le ministère de l’Éducation, prenne des mesures pour que cette spéculation s’arrête. Que le gouvernement stoppe la spéculation sur le matériel scolaire afin d’éviter que cette dernière n’affecte l’éducation ! »
Jean Samandari : « Le gouvernement doit soutenir les familles défavorisées »
Jean Samandari, représentant légal de la Coalition éducation pour tous, Bafashebige, indique que la coalition s’inquiète vivement de l’augmentation des prix du matériel scolaire à la veille de la rentrée. « Cette situation risque de pénaliser les enfants issus des familles vulnérables, en particulier en milieu rural. Elle pourrait entraîner des abandons scolaires. »
Bafashebige appelle le gouvernement burundais à prendre des mesures urgentes pour réguler les prix, soutenir les familles défavorisées et prévenir toute spéculation sur les fournitures scolaires. Elle recommande également de distribuer gratuitement les kits scolaires aux élèves en situation de pauvreté avant d’encourager les partenaires à renforcer leur appui à l’éducation inclusive.
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