Vendredi 29 mars 2024

Editorial

Exécution des projets. La bonne gouvernance doit s’imposer

10/03/2023 12
Exécution des projets. La bonne gouvernance doit s’imposer

« Sur 188 millions de dollars alloués aux projets financés par la Banque Mondiale au Burundi de juillet 2022 à juillet 2023, seul le décaissement de 59,6 millions de dollars, soit 31,2% des projections, a été effectué jusqu’en février 2023 ». La représentante du groupe de la Banque mondiale et le ministre des Finances ont constaté que l’exécution des projets dans le cadre de partenariat pays (CPP) accuse de mauvaises performances.

La réalisation du projet Energie solaire des communautés locales (Soleil) est tellement insatisfaisante à telle enseigne que sur un engagement total de cent millions de dollars, 88,9 millions ne sont pas encore décaissés sur une période allant de juillet 2022 à février 2023. A quatre mois de l’échéance…

Pour la Banque mondiale, les retards dans la mise en œuvre des projets affectent la réalisation des objectifs du CPP et limitent l’impact sur la vie des populations. « Un indicateur qui n’est pas atteint est une occasion ratée pour impacter la vie des nécessiteux », soulignera Hawa Cissé Wagué, la représentante de cette institution de Bretton Woods.

Qu’est-ce qui manque pour que les fonds alloués aux différents projets soient totalement décaissés ? Y a -t-il une commission de suivi-évaluation des projets ou des programmes soumis aux partenaires pour pouvoir apprécier la progression des activités en cours de réalisation ? Des questions qui me taraudent.

Le développement économique durable va de pair avec l’efficacité de l’État. Les partenaires internes ou externes ont des exigences auxquelles le gouvernement doit répondre de façon adéquate.

Ils réclament notamment une gestion plus saine des affaires publiques, la transparence, une plus grande efficacité au niveau du développement, l’obtention des résultats concrets. Le président de l’Observatoire de la lutte anti-corruption estime que le Burundi perd énormément d’argent et son image est ternie car les partenaires techniques et financiers discutent entre eux et se passent le message. « Si l’échéance d’exécution du projet arrive sans que l’argent soit décaissé, il retourne à l’expéditeur et il n’y a pas de report. Ce sont des devises en termes de centaines de millions dont le pays aurait pu profiter, au vu de leur rareté en ce moment, qui partent en fumée »

Les autorités semblent avoir la volonté d’identifier les raisons à l’origine du retard et de la mauvaise performance dans l’exécution des projets et tirer les conclusions qui s’imposent. « Le recrutement ne doit plus se baser que sur les compétences et les performances et pas sur d’autres considérations », dixit le ministre des Finances. Des experts recommandent aux autorités de faire des pieds et des mains dans la bonne gouvernance, maillon faible qui met en perdition l’exécution des projets.

Parmi les solutions que la Banque mondiale propose, il y a des formations sur les procédures de passation de marchés, de gestion financière et de sauvegarde environnementale et sociale. Pour cette institution monétaire une bonne gouvernance n’est pas un luxe. Il s’agit d’une nécessité vitale pour le développement.

Forum des lecteurs d'Iwacu

12 réactions
  1. Jereve

    Je ne comprends pas comment on peut échouer à réaliser à 100% un projet aussi simple que le projet Énergie solaire. D’abord l’identification est évidente: nous souffrons en général de la sous alimentation énergétique. Pas besoin d’être Einstein pour le constater et le mettre sur papier. Les millions de dollars sont là pour acheter des panneaux solaires et autres matériels, et aussi pour payer les techniciens. Les lieux pour implantation peuvent des fois poser problèmes, car certaines personnes rechignent à céder une partie de leurs terrains. Mais il y a d’autre part des milliers de personnes qui sont prêtes pour cela. Il y a aussi la main d’œuvre des populations qui peut être sollicitée lors des travaux communautaires. Bref, toutes les conditions peuvent être remplies en peu de temps pour implémenter le projet et donner la lumière aux populations. Il faudra qu’on nous explique comment le gestionnaire à qui on a confié ce projet a réussi à laisser filer des millions de dollars sous notre nez et notre barbe.

  2. Stan Siyomana

    1. Alors que les differents ministeres et institutions burundais ont l’habitude de declarer qu’ils ont execute leur plan d’action a plus de 90-95%, c’est vraiment choquant d’entendre que « « Sur 188 millions de dollars alloués aux projets financés par la Banque Mondiale au Burundi de juillet 2022 à juillet 2023, seul le décaissement de 59,6 millions de dollars, soit 31,2% des projections, a été effectué jusqu’en février 2023 ».
    2. Ca me rappelle les tricheries dans les rapports economiques en Union Sovietique/URSS ou j’ai etudie de 1971 a 1977.
    « L’économie planifiée, comme l’a montré l’histoire, s’est avérée être une vaste supercherie. Les économistes, comptables, politiciens soviétiques ont souvent falsifié les chiffres de la production pour répondre aux exigences nécessaires ou rééchelonné les plans : par exemple, le sixième plan quinquennal (1956-1960) a été remplacé par un « plan septennal », etc. Au total, il y a eu 13 plans quinquennaux dans l’histoire de l’URSS – le dernier d’entre eux a été mis en place en 1989. Mais à partir de l’après-guerre, toute cette planification n’a été mise en œuvre que sur papier – le pays et ses habitants vivaient dans une réalité souvent dure et tourmentée, aux antipodes de celle rêvée par les fonctionnaires des bureaux gouvernementaux… »
    https://fr.rbth.com/histoire/85544-plansquin-quennaux-urss

    • Jean Bosco P

      @Stan, remarque que la situation dont tu decris a tendance a se passer dans les societes qui a comme gouvernement qui est l’operateur principal economique. Le Burundi a besoin de vraiment avoir moins de gouvernments et plus de prives.

      • Stan Siyomana

        @Jean Bosco P
        De toute facon, les cooperatives agricoles que l’Etat burundais ne cesse de promouvoir/financer a travers tout le pays ressemblent un peu aux kolhozes sovietiques (qui ont disparu apres la chute du socialisme a la fin de 1991) .
        « Un kolkhoze (en russe колхоз, [kɐˈlxos] prononciation) était un système agricole en Union soviétique, où les terres et les moyens de production étaient mis en commun. Il remplaça les artels. Le mot kolkhoze est une contraction de коллективное хозяйство (kollektivnoïé khoziaïstvo), « ferme collective »…
        Les kolkhozes et sovkhozes étaient deux composantes du système agricole, dont l’idée a émergé après la révolution d’octobre 1917 et qui fut officiellement lancé en 1928-1929 sous Staline1…
        Le membre d’un kolkhoze était appelé kolkhoznik ou kolkhoznitsa au féminin (en russe : колхозник ou колхозница). Les kolkhozniks étaient payés en parts de la production du kolkhoze et du profit fait par le kolkhoze, proportionnellement au nombre d’heures travaillées. Les kolkozniks étaient en plus autorisés à posséder des terres, de l’ordre de 4 000 m2, et un peu de bétail… »
        https://fr.wikipedia.org/wiki/Kolkhoze

  3. Stan Siyomana

    1. Vous ecrivez:« Les partenaires internes ou externes ont des exigences auxquelles le gouvernement doit répondre de façon adéquate… »
    2. Mon commentaire
    Normalement quand les gouvernements africains expliquent a leurs populations pourquoi les projets manquent des fonds/ne sont pas acheves, ils rejetent la faute sur ces partenaires et les accusent de ne pas honorer leurs engagements.

  4. Stan Siyomana

    1. Vous ecrivez:«  Un indicateur qui n’est pas atteint est une occasion ratée pour impacter la vie des nécessiteux », soulignera Hawa Cissé Wagué, la représentante de cette institution de Bretton Woods.
    2. Mon commentaire
    Comme Madame Hawa Cisse Wague l’explique, une initiative comme le Projet Soleil-Nyakiriza est tres importante pour le developpement durable et equitable dans le milieu rural au Burundi.
    « Le projet SOLEIL comporte 4 composantes ci-après :
    • Composante 1 : Services Energétiques pour les Ecoles et les Centres de Santé. Cette composante
    est subdivisée en deux sous-composantes ci-après
    o Sous-composante 1.1 : Services énergétiques pour les écoles ;
    o Sous-composante 1.2 : Services énergétiques pour les Centres de Santé.
    • Composante 2 : Services Energétiques pour les Collectivités Rurales ;
    o Composante 3 : Services Energétiques pour les Ménages Pauvres et Personnes
    Vulnérables. Elle est aussi subdivisée en deux sous-composantes ci-après :
    o Sous-composante 3.1 : Fonds pour la distribution de produits solaires autonomes et
    cuisinières propres et efficaces ;
    o Sous-composante 3.2 : Subventions ciblant les Ménages Pauvres et Vulnérables.
    • Composante 4 : Assistance Technique, Renforcement des Capacités et Appui à la mise en œuvre
    du projet… »
    https://documents1.worldbank.org/curated/en/900491579614842478/pdf/Labor-Management-Procedures-Solar-Energy-in-Local-Communities-P164435.pdf

  5. Kanda

    Au Burundi, la vérité est que ce ne sont pas des compétences qui manquent, mais c’est la bonne volonté qui manque combinée à la mauvaise foi ou l’ignorance des décideurs. Si l’on rentrait dans les listes des participants du Forum national sur le développement du Burundi du 18 Nov 2021, il y a assez des têtes qui peuvent bien piloter ces projets. Mais, comme tout est politisé, on ne confie pas les missions aux personnes qu’il faut. Le pouvoir doit réaliser l’évidence : le développement, ce sont des compétences, pas le fanatisme. Et même au CNDD-FDD, sûrement qu’il y a ces compétences, mais on leur fait moins confiance. Les décideurs veulent toujours placer des gens qui vont piller le projet pour financer leurs pistons et le parti. Cela doit cesser. Sinon le Peuple sera éternellement dans la misère et le gâteau que les politiciens se partagent va se rétrécir avec toutes les conséquences.

  6. Rududura Claver

    c’est triste, dommage, ridicule aussi. Le pays manque tellement de devises. L’inflation est à son comble, la valeur du franc bu dégringole. Et voilà, l’argent que les bailleurs nous donnent pour les projets retournent chez eux faute de technocrates capables de les exécuter. On va où?????

  7. Mwidogo

    Le gouvernement inclut des criteres comme l ethnie. Critere o combien subjectif et malsain.
    Il y a aussi la protection d un parrain puissant.
    Le bailleur n’est pas necessairement dispoisé a subir de telles injonctions.
    Il y a un projet financé par des institutions internationales donné à un Monsieur qui n a meme pas terminé les Humanités.

    • Margarita

      Je connais le projet😇😅😅

    • Stan Siyomana

      @Mwidogo
      Il y a un certain Kadigiri Danny explique lui-meme comment il a eu de bons boulots au Burundi dans les organisations internationales en faisant croire aux gens qu’il avait des diplomes et comment il detournait des fonds.
      https://www.youtube.com/watch?v=NbOEw-zCJK8&t=3s

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