Lundi 29 septembre 2025

Santé

Dr Oscar Niyonzima : « La prise en charge des tumeurs cérébrales est chère »

29/09/2025 0
Dr Oscar Niyonzima : « La prise en charge des tumeurs cérébrales est chère »

Les cas de tumeurs cérébrales semblent se multiplier au Burundi. Une trentaine de cas ont été opérés dans un seul hôpital de Bujumbura en six mois. Le traitement n’est pas facile et accessible à toutes les bourses. Dr Oscar Niyonzima, neurochirurgien et enseignant à l’Université du Burundi, faculté de médecine explique cette pathologie.

Que peut-on comprendre par tumeurs cérébrales ?

D’abord, il faut comprendre ce qu’est une tumeur. C’est une prolifération anormale des cellules. Une tumeur cérébrale est une prolifération anormale de cellules formant une masse au sein de l’encéphale, des méninges, des nerfs crâniens, de la moelle épinière ou des structures proches (hypophyse, épiphyse). Cette croissance peut être primitive ou secondaire.

C’est-à-dire ?

Elle est primitive quand elle est d’origine intracrânienne. Par exemple les gliomes, les méningiomes, les adénomes, les hypophysaires, etc. Elle est secondaire ou métastatique quand elle provient d’un cancer d’un autre organe (poumon, sein, rein, etc.).

Même une tumeur non cancéreuse peut avoir des effets graves en raison du confinement intracrânien (augmentation de la pression intracrânienne, effet de masse, engagement cérébral). Les tumeurs peuvent être bénignes ou malignes.

Qu’est- ce qui les différencie ?

Si on parle de tumeurs bénignes, le plus souvent, il s’agit de celles qui, une fois enlevées, opérées, ont un faible risque de récidiver. Elles ne sont pas cancéreuses. Elles ne se propagent pas à d’autres parties du corps.

Pour les tumeurs malignes, appelées aussi agressives, ce sont des lésions qui, même après l’opération, présentent un grand risque de récidiver. Elles sont souvent cancéreuses. Là, vous comprenez que seule la chirurgie ne suffit pas. Souvent, on est obligé d’associer d’autres mesures thérapeutiques notamment la chimiothérapie ou la radiothérapie.

Qu’est-ce que la chimiothérapie ? Et qu’en est-il de la radiothérapie ?

La chimiothérapie est un traitement du cancer qui utilise des médicaments spéciaux pour détruire les cellules cancéreuses ou empêcher leur multiplication. Ces médicaments circulent dans tout le corps par le sang. Ce qui permet d’atteindre même les cellules cancéreuses éloignées de la tumeur principale.

La radiothérapie est un traitement du cancer utilisant les rayons (semblables aux rayons X mais beaucoup plus puissants) pour détruire les cellules cancéreuses dans une zone précise du corps. Les rayons sont dirigés uniquement vers la tumeur afin de limiter les effets sur les tissus sains voisins.

Existent-ils des cas de tumeurs cérébrales au Burundi ?

Il y en a. J’ai fait une étude, il y a une année, sur une période de six mois. J’ai constaté qu’on a opéré dans un seul hôpital, Tanganyika Hospital, plus de 31 cas de métastase cérébrale. Là, c’est une petite étude mono-centrique. Cela sous-entend que si nous pouvions faire une étude sur plusieurs hôpitaux, on pourrait trouver beaucoup de cas.

Quelles en sont les causes ?

Les causes sont les facteurs génétiques (hérédité). Dans certaines familles, il existe une prédisposition : les gènes transmis par les parents peuvent augmenter le risque de développer une tumeur.

Il y a aussi l’anomalie dans les cellules.

Ce qui signifie…

Normalement, les cellules du cerveau se divisent de façon contrôlée. Mais, parfois, elles se dérèglent, se multiplient trop et forment une masse : c’est la tumeur. Ajoutons aussi dans les causes, les rayonnements et les produits nocifs. L’exposition à des radiations fortes (par exemple après certains traitements médicaux) ou à certains produits chimiques peut, rarement, favoriser la formation de tumeurs.

Il y a aussi l’âge. Le risque de développer des tumeurs augmente avec l’âge, car les cellules accumulent plus facilement des erreurs avec le temps.

Je dois signaler que dans la majorité des cas, les causes sont inconnues. La tumeur apparaît sans qu’on puisse dire exactement pourquoi.

Comment se manifestent-elles ?

Comme les tumeurs cérébrales se développent dans la boîte crânienne qui est inextensible. Dans cette boîte, on y trouve trois composantes : le parenchyme (le tissu fonctionnel d’un organe) cérébral, le sang et le liquide céphalo-rachidien. Alors, les symptômes qui vont se développer seront liés à l’hypertension intracrânienne. Ils sont souvent classiquement au nombre de trois.

Lesquels ?

Il y a les céphalées (les maux de tête), les troubles visuels et parfois les vomissements. En fonction du site ou de la localisation tumorale (parce que chaque zone a sa fonction), c’est possible qu’avec une tumeur qui se développe au niveau frontal, le patient aura un symptôme frontal. Si la tumeur se développe dans la région du langage, dans la zone primaire du langage, il va avoir des troubles du langage, etc.

Y a-t-il une tranche d’âge qui est plus visée ?

Non. Les tumeurs cérébrales n’ont pas une prédilection d’âge. Elles peuvent atteindre toute personne. Mais quand même, c’est plus fréquent chez les personnes âgées. Je dois le dire tout en sachant qu’il y a certains types de tumeurs qui sont souvent rencontrés chez les moins de 15 ans. Il s’agit surtout des tumeurs de la fosse cérébrale postérieure, au niveau du cervelet ou du tronc cérébral. Le plus souvent, c’est surtout chez les enfants.

Les trois types de tumeurs qu’on rencontre sont surtout les glioblastomes ; les meningiomes et les métastases. Ils sont fréquents chez les personnes âgées.

Pouvez-vous expliquer ces trois termes médicaux ?

Les glioblastomes sont des tumeurs cérébrales malignes très agressives. Elles prennent source dans les cellules de soutien du cerveau (cellules gliales). Et les meningiomes se développent à partir des méninges, c’est-à-dire les membranes entourant le cerveau et la moelle épinière tandis que les métastases sont des cellules cancéreuses qui se sont propagées depuis une tumeur primitive vers d’autres parties du corps.

Quid du traitement ?

C’est la chirurgie visant juste l’exérèse (toute opération chirurgicale qui consiste à enlever un organe, une tumeur ou un corps étranger) de la tumeur après l’examen anatomie pathologique au laboratoire. Après avoir vraiment bien analysé le type de lésion, c’est par là qu’on saura c’est quel type de tumeur. Est-ce une tumeur maligne ou bénigne ? Est-ce une tumeur au grade intermédiaire ? Pour les gliomes on a quatre grades. C’est à ce niveau qu’on saura le traitement à administrer.

Le traitement est-il accessible ?

C’est un peu cher. Parce que c’est une chirurgie d’abord qui est plus poussée, qui nécessite une grande technologie. Si ce sont les tumeurs de la base du crâne, ce sont des lésions qu’on doit enlever sous plusieurs matériels surtout le microscope. Dans les pays développés, ils sont obligés d’utiliser la neuronavigation ou la stéreotaxie pour les enlever en surveillant sur l’écran pour ne pas causer des dommages au niveau cérébral. C’est pourquoi c’est très cher. En dehors de cela, il y a ce traitement complémentaire qui paraît aussi cher. La chimiothérapie est aussi chère. J’espère que bientôt, le gouvernement va s’y en employer en mettant en place un service d’oncologie bien équipé. Cela pourra aider certaines personnes surtout les démunies.

Sinon, vraiment, ce n’est pas un traitement accessible à ceux qui n’ont pas beaucoup de moyens.
Même la radiothérapie est chère. Ensuite, il faut souligner que ce n’est pas un traitement curatif d’emblée. Il nécessite parfois des reprises de certaines autres cures après une certaine période. Bref, la prise en charge des tumeurs cérébrales est chère.

Et le coût des soins ?

C’est variable. Il peut se situer entre 10 et 20 millions BIF. Même là, c’est sans compter les frais pour la chimiothérapie et la radiothérapie.

Y’a-t-il moyen de prévenir les tumeurs ?

La prévention tient compte des facteurs de risque. C’est surtout diminuer ou éviter les facteurs de risque. Surtout ne pas s’exposer longuement aux rayons X, éviter ou diminuer la consommation de certains produits chimiques. Si on était dans un pays développé, une famille dans laquelle on détecte une ou deux personnes souffrant de tumeur cérébrale, on devrait faire des examens génétiques pour voir s’il n’y a pas d’autres membres susceptibles de développer ce genre de maladie. L’usage des produits contraceptifs surtout hormonaux devait être modelé.

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