Livraison des quantités insuffisantes de fertilisants, retards récurrents et manque de transparence dans leur distribution, … Telles sont quelques-unes des lamentations des agriculteurs. L’administration provinciale se dit préoccupée par ces retards. Elle recommande à la Fomi de produire les fertilisants en quantité suffisante et de les livrer à temps.
L’obtention et la distribution des engrais chimiques restent préoccupantes pour les agriculteurs. Dans certaines communes de la province de Butanyerera, les premières précipitations sont déjà enregistrées. Pourtant, les agriculteurs attendent impatiemment les fertilisants pour semer pendant la saison culturale A.
« Quand nous apprenons qu’il y a eu livraison des engrais chimiques, nous nous précipitons pour payer une avance. Il arrive que certains agriculteurs soient servis, d’autres non. Des fois, nous recevons des quantités insuffisantes qui ne peuvent pas couvrir les étendues cultivées », se lamente Claudette Nduwimana, de la colline Kagoma, en commune Ngozi.
Elle dénonce la distribution tardive des engrais, les agriculteurs pouvant attendre plus de deux mois pour être servis. Pour elle, les conséquences ne manquent pas. « Quand nous semons sans y mettre des fertilisants, la production diminue ».
Il s’agit de la même préoccupation du côté de Virginie Nibigira de la colline Gikingo, en commune Kiremba. Cette agricultrice, membre de l’association « Twitezimbere II » et de la coopérative « Shirimberikawa », ne cache pas son ras-le-bol. « Nous avons des difficultés pour obtenir les engrais chimiques. Il y a ceux qui n’ont pas encore eu les quantités commandées les saisons culturales précédentes, surtout l’engrais de type urée qui est utilisé pour le maïs ».
Des inquiétudes grandissantes
D’autres agriculteurs déplorent le manque de transparence dans la distribution des engrais chimiques. Certains sont frustrés par le fait qu’ils payent des avances mais ne reçoivent pas les quantités commandées. Ils font observer que les plus nantis reçoivent de grandes quantités aux dépens de ceux qui ont un faible revenu. Ils pointent du doigt certains bénéficiaires qui spéculent en revendant à plus cher les fertilisants obtenus. Ils réclament aussi que les avances payées soient remises, une fois qu’ils ne sont pas servis.
« Nous demandons à l’autorité compétente de bien organiser la distribution des fertilisants afin qu’il y ait un peu d’ordre et de transparence. Surtout, il faut que cette distribution se fasse à temps et en quantité suffisante » tout en déplorant qu’il arrive des fois où la distribution se fasse après le semi. La conséquence directe est la chute de la production.
Jean Niyonzima, chef de la colline Gikingo, fait part des mêmes inquiétudes que ses administrés. « Certains agriculteurs s’interrogent à quand ils vont recevoir les engrais chimiques du moment qu’ils ont les bordereaux de paiement depuis une longue période. Il y a des bordereaux qui datent des saisons culturales précédentes et qui ont perdu leur validité. Quid de la remise des avances ? »
Les autorités provinciales tranquillisent
Emile Kubwimana, directeur du Bureau provincial de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage (BPEAE) dans l’ancienne province de Ngozi, invite les agriculteurs à payer l’avance pour les fertilisants à utiliser pendant la saison culturale A. Le communiqué du ministre de l’Agriculture précise que l’opération a commencé le 15 septembre pour se clôturer le 29 septembre.

A propos des lamentations des agriculteurs qui disent ne pas avoir les quantités commandées, M. Kubwimana explique que cela est dû à l’augmentation des agriculteurs et des espaces cultivés.
Selon lui, plusieurs groupes de gens ont embrassé le secteur de l’agriculture dont les fonctionnaires, les opérateurs économiques et les confessions religieuses qui exploitent de grandes étendues.
Il ajoute que certains agriculteurs peuvent faire des commandes pour deux saisons culturales en même temps. Ce qui met en difficulté l’entreprise Fomi. L’offre reste faible par rapport à la demande.
« De telles lamentations ne peuvent pas manquer d’autant plus que les agriculteurs sont devenus nombreux et par conséquent ont besoin de grandes quantités de fertilisants ».
Interrogé sur la revente des fertilisants par certains bénéficiaires, Emile Kubwimana ne nie pas les faits. « Il peut arriver que certains grands exploitants vendent le reste des fertilisants non utilisés ».
Pour la saison culturale A, le directeur du BPEAE tranquillise en rassurant que les agriculteurs seront servis à temps.
Ce n’est pas tous les fertilisants qui manquent
Victor Segasago, gouverneur de la province de Butanyerera, se réjouit de l’état d’avancement des préparatifs de la saison culturale A. Il fait savoir que les engrais chimiques sont disponibles dans les stocks avant de préciser qu’il reste à les déplacer vers les zones de distribution. Il encourage les agriculteurs à utiliser aussi la fumure organique.
Cette autorité provinciale trouve fondées les lamentations des agriculteurs mais avec une nuance. « Ce n’est pas toutes les catégories de fertilisants qui manquent. Au niveau de la Fomi, on produit trois sortes de fertilisants : « Imbura » (récolte), Totahaza (sarcle), et Ishwagara (dolomie). C’est surtout l’urée qui manque ». Il reconnaît aussi les retards enregistrés dans la distribution de cette sorte de fertilisant. « Il y en a même des quantités qui devaient être distribuées pendant la saison culturale précédente qui ne sont pas encore disponibles ».
Interrogé sur la revente des fertilisants produits par la Fomi par certains agriculteurs, le gouverneur de Butanyerera les met en garde. « Les fertilisants produits par la Fomi ne se revendent pas. L’Etat y a investi pour que les agriculteurs qui en ont besoin soient servis ».
Il promet de mener des enquêtes pour débusquer ceux qui seraient trempés dans le commerce illicite des fertilisants.
Le gouverneur de Butanyerera recommande à l’entreprise de produire des quantités suffisantes de fertilisants et de les rendre disponibles à temps.
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