Certains habitants de la colline Kabere, zone Mabayi, commune Mugina de la province de Bujumbura appellent à ne pas participer à la violence collective. En plus d’être illégale et injuste, celle-ci affaiblit la société en remplaçant la loi par la vengeance.
Selon l’administration locale et certains habitants, la colline Kabere qui compte 1 614 ménages peut enregistrer jusqu’à cinq cas de violence collective par mois suite notamment à la justice populaire. C’est souvent sur base des accusations de vol et des suspicions liées aux croyances superstitieuses.
Les habitants rencontrés divergent sur l’attitude à adopter en cas de justice populaire. Certains considèrent qu’il faut sévir sérieusement pour éradiquer l’impunité tandis que d’autres privilégient d’alerter les autorités compétentes.
M.K indique qu’il ne peut pas s’empêcher de tabasser un présumé voleur arrêté par une foule. Il affirme qu’il a déjà participé à une bastonnade d’un voleur récidiviste. « J’ai déjà battu un jeune homme accusé de voler des bananes dans un champ. Nous l’avons battu sérieusement. Les forces de sécurité sont intervenues pour le relâcher. Il fallait le corriger car les voleurs traumatisent. »
Un autre habitant fait savoir lui aussi qu’il ne faut pas sauver un malfaiteur. Il indique que s’il trouve une foule en train de violenter quelqu’un accusé de crime, à défaut de participer, il s’en passe. Pour lui, de tels gens méritent d’être corrigés.
Pour d’autres, face à une violence collective contre un individu, l’attitude responsable est de ne pas y participer. Il faut plutôt tenter de l’empêcher si possible, sans se mettre en danger. « La victime doit être secourue en appelant la police pour intervenir. Si la police se retrouve devant une scène de violence, la personne est mise dans un lieu sûr afin de poursuivre les enquêtes. », conseille Evelyne Ndayizeye.
Adrien Ndabashinze va dans le même sens. Pour lui, il est important d’alerter la police et l’administration car, beaucoup de gens innocents sont victimes d’injustice. « Alerter la police, l’administration locale ou des leaders communautaires dès qu’une foule s’en prend à quelqu’un peut sauver sa vie. J’ai sauvé un individu appréhendé en flagrant-délit car il était déjà à l’intérieur de la maison d’autrui. A mon arrivée, j’ai demandé qu’ils arrêtent de le ligoter et laissez aux instances habilitées d’entamer les enquêtes. »
Adopter une attitude responsable
D’après ces habitants, il ne faut jamais participer à une violence collective en l’occurrence la justice populaire. Ils considèrent que c’est une violence illégale et injuste. Cela affaiblit la société en remplaçant la loi par la vengeance. « L’attitude juste, c’est alerter, calmer et protéger en appelant au respect de la loi. »
D’après Chadrack Bakundukize, adjoint du chef de la colline Kabere, chacun doit adopter une attitude responsable et éviter la réaction de masse en cas de violence. Il conseille de ne pas suivre la foule en ébullition et de ne pas relayer ou encourager des accusations sans preuves. « Si une personne est violentée et victime de la justice populaire, il faut lui venir en aide immédiatement ou appeler l’administration et la police pour intervenir avant de mener des enquêtes. »
Selon Brigitte Nshimirimana, experte en consolidation de la paix, beaucoup de gens sont tentés de participer à la violence pour suivre la foule en ébullition. Elle considère que l’attitude responsable est d’être un témoin actif positif pour sauver la vie d’une personne en danger.
Si la situation le permet, il faut rappeler calmement à la foule que la justice populaire est interdite et dangereuse. Le témoin peut appeler au calme, à la justice légale et appeler la police pour intervenir.
D’après cette experte, les leaders communautaires et les administratifs locaux ne devraient pas prendre la violence collective à la légère. Elle trouve essentiel d’organiser des sessions de sensibilisation sur la consolidation de la paix et le respect de la loi.
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