De nombreux cas d’enlèvement des enfants s’observent actuellement dans les différentes communes de la province de Bujumbura. Inquiets, des parents appellent la police à redoubler d’ardeur dans le contrôle de mouvements des gens. Les organisations luttant pour les droits de l’Homme dénoncent ces mauvais comportements.
Certains parents témoignent vivre la peur au ventre suite à de nombreux cas d’enlèvement qui se remarquent ces derniers temps dans la ville de Bujumbura.
Natalie Kamikazi est une mère qui habite dans le quartier Gatunguru de la commune Ntahangwa. Ses deux garçons ont été sauvés de justesse. Avec des visages où se lit la peur, les deux enfants qui avaient été kidnappés par la bonne supportent difficilement les visiteurs. « Depuis le jour où on les a retrouvés à la cathédral Regina Mundi, mes enfants sont traumatisés. Ils ne veulent pas qu’une personne nous rende visite. », fait savoir Mme Kamikazi.
Elle ajoute qu’après cet incident, ses enfants ont passé trois jours sans sortir de la maison. « Pour le moment, ils commencent à l’oublier. Les jours qui ont suivi l’enlèvement, ils ne voulaient même pas jouer devant le portail. Ils me disaient : Dada va nous enlever encore une fois. Dieu merci, leur oncle les a sauvés, sinon ce serait une autre histoire. »
Martin Nimbona, l’oncle qui a sauvé les deux enfants, témoigne que les enfants étaient sur le point de monter dans un bus de transport vers l’intérieur du pays. « Ce jour-là, je participais à une messe d’enterrement à la cathédrale Regina Mundi. Du coup, j’ai aperçu mon neveu devant la porte d’un bus s’apprêtant à monter. J’ai eu le réflexe de demander à ma sœur d’où elle allait avec son fils. Étonnamment, elle m’a dit qu’elle était dans sa chambre. C’est à ce moment que je me suis précipité vers le bus. »
Il trouve que les parents devraient surveiller chaque mouvement de leurs enfants. « Si je n’avais pas été à l’endroit et au bon moment, ma sœur aurait perdu ses deux garçons. Il faut un contrôle sévère dans l’éducation de nos enfants. Si l’enfant sort jouer à l’extérieur, il faut aller vérifier s’il est toujours là. Il faut également avoir les coordonnées des bonnes que nous accueillons chez nous. Parfois, elles ont de mauvais comportements qui peuvent même affecter nos enfants. »
Traumatisant

Parmi les parents rencontrés dans la zone Kamenge de la même commune, certains font savoir que leurs enfants refusent aujourd’hui d’aller à l’école. Pour eux, le gouvernement, à travers la Police nationale devrait intervenir rapidement en cas d’alerte sur un enfant perdu et punir sévèrement les personnes qui font le kidnapping.
« Le kidnapping se multiplie actuellement. On le voit surtout sur les réseaux sociaux. Et cela perturbe nos enfants. Par exemple, mes deux fils refusent aujourd’hui d’aller seuls à l’école. Ils disent qu’ils ont peur d’être kidnappés car je viens de déménager dans le quartier Gahahe. Donc, ils ne maitrisent pas encore le quartier. Je suis obligé de les y amener.
Heureusement que le carburant est disponible maintenant », raconte un parent.
Anitha Ndayikeza de la même localité appelle également à son tour les parents à veiller sur chaque mouvement de leurs enfants. « Il y a des femmes qui laissent à 100 % la garde des enfants aux bonnes. C’est une mauvaise habitude. Moi, lorsque je rentre, je prends toujours le temps de rester avec mes enfants et c’est là où tu peux voir ce qui ne va pas entre la bonne et les enfants. S’il y a à corriger, il faut le faire bien avant. Dans le cas contraire, les résultats peuvent être ces kidnappings. »
Interrogés sur la question des cas de kidnapping, les administrateurs de Ntahangwa et Mukaza répondent qu’ils n’ont pas encore eu les informations sur les différents cas kidnapping dans les rapports qu’ils reçoivent de la part des chefs de zone et de colline. « Nous allons vérifier si cela est vrai », assurent-ils.
« Dénoncer l’attitude de violation des droits de l’enfant »
Fulgence Manirahinyuza, représentant de l’Association communautaire pour la promotion et la protection des droits de l’Homme, ACPDH, note que la question des droits des enfants, d’une manière générale, suscite une inquiétude croissante.

Certains enfants sont victimes de diverses formes de maltraitance, entre autres des coups et blessures excessifs, des viols, des abus sexuels et même des meurtres ainsi que ce phénomène de kidnapping. « Tout cela est souvent réalisé par ceux qui sont chargés de les protéger, comme leurs parents, les bonnes (Abayaya) ainsi que la communauté. »
Pour lui, l’attitude de violation des droits de l’enfant est à dénoncer et combattre fermement, en particulier chez ceux qui punissent les enfants de manière excessive. « Il y a même eu un parent qui a battu et tué son enfant. C’est vrai, ce parent a été condamné par la loi. Mais, cela a des conséquences dans la croissance des enfants et contribue à l’augmentation du nombre d’enfants dans les rues. »
« Eviter de maltraiter les employés domestiques »
Selon lui, les relations entre employés domestiques et employeurs (parents) doivent être bonnes afin de s’assurer que les enfants ne soient pas victimes de la maltraitance en provenance de ceux qui avaient le devoir de les encadrer.
« Il y a des cas où des parents maltraitent leurs employés et, dans certaines situations, nous avons constaté des enfants maltraités par les employés qui se vengent. Soit ces bonnes ne sont pas payées ou elles sont traitées comme des esclaves. Elles tentent alors de déverser leur colère sur les enfants qu’elles élèvent en les battant ou en leur infligeant d’autres sévices. »
M. Manirahinyuza appelle le gouvernement à mettre en place une loi régissant le travail informel afin que toute personne employant un personnel domestique et même les domestiques aient les droits les régissant, notamment le respect des droits de l’Homme sous tous leurs aspects.
Il suggère aussi l’intensification des activités de plaidoyer relatives à la protection des droits humains en général et ceux des enfants en particulier. « Il faut des sensibilisations en ce qui concerne la protection des droits de l’enfant au sein des comités de protection de l’enfance (CPE) dans tous les districts et communes. »






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