Vendredi 26 avril 2024

Économie

Audience à la Primature : L’Olucome adresse une correspondance pour un suivi des points conclus

12/04/2023 10
Audience à la Primature : L’Olucome adresse une correspondance pour un suivi des points conclus
Gabriel Rufyiri : « Il faut engager des mesures claires en vue de freiner l’inflation qui est en train de prendre une allure inquiétante au Burundi. »

L’Olucome a adressé, le 22 mars dernier, une correspondance au Premier ministre Gervais Ndirakobuca dont Iwacu a eu une copie ce 12 avril. Cette organisation détaille les grands points qui ont marqué leurs échanges lors de l’audience du 14 mars à la Primature. Dans la foulée, l’Olucome demande la mise en œuvre des recommandations issues du Forum sur le développement du Burundi tenu le 18 et 19 novembre 2021 au palais des congrès de Kigobe.

« Olucome vous remercie d’avoir eu confiance en nous en nous invitant dans une audience pour échanger sur les différents points relatifs à la gouvernance du pays dans sa globalité et voudrait faire un suivi sur les points conclus lors de notre rencontre. L’Olucome remercie aussi les institutions publiques qu’il y a des signes d’ouverture envers la société civile. Nous vous remercions que nous avons dialogué à bâton rompu sur quelques sujets qui préoccupent les citoyens burundais », souligne d’emblée Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome.

Dans cette correspondance, M. Rufyiri insiste sur la mise en œuvre des recommandations issues du Forum sur le développement du Burundi tenu le 18 et 19 novembre 2021 au palais des congrès de Kigobe. « Lors du Forum du 18 et 19 novembre 2021, les organisateurs avaient annoncé que le rapport issu de ce forum sera publié sur le site web de ce forum mais jusqu’aujourd’hui ce rapport n’est pas encore publié sur ce site ».

L’Olucome rappelle qu’il a été convenu la mise en place d’une stratégie de mise en œuvre de ces recommandations ainsi qu’une équipe de suivi. Lors de leur audience, dit-il, le chef du gouvernement avait promis de s’y pencher.

Même si les conclusions du premier forum ne sont pas encore publiées, un nouveau forum national sur le développement du Burundi se tiendra du 20 au 21 avril. Le thème retenu est « Burundi pays émergent en 2040, pays développé en 2060 ».

La correspondance revient également sur la question de l’emprisonnement des 5 défenseurs des droits de l’homme des associations AFJB (Femmes Juristes du Burundi) et l’APDH Burundi (Association pour la Promotion des Droits de l’Homme). Un sujet sur lequel une entente a été difficile lors de leur entretien. « Nous vous avons montré que l’emprisonnement des défenseurs des droits de l’homme terni l’image du pays. En plus de cela, les prisons sont surpeuplées. Nous vous avons expliqué que la liberté devrait être la règle et l’emprisonnement l’exception mais au Burundi, c’est le contraire ». Et de rappeler au Premier Ministre que l’observatoire a de l’espoir de la libération de ces défenseurs des droits de l’homme.

A travers cette correspondance, l’Olucome indique que les prisonniers ne mangent pas suffisamment dans certains milieux de détentions raison pour laquelle il a proposé qu’il y ait des sanctions alternatives. Il parle notamment celles relatives aux infractions mineures. Pour lui, les prisonniers constituent une charge pour le pays. « Ils consomment de la nourriture, de l’eau, de l’électricité et d’autres charges sans produire et pourtant ils constituent un capital humain et actif du pays. »

« Les autorités burundaises qui devaient être des modèles »

Un autre point évoqué dans la rencontre et qui préoccupe l’Olucome est la violation de certains articles de la Constitution par des mandataires publics qui ne déclarent pas leur patrimoine lors de la prise et sortie de leurs fonctions.

Il indique qu’en matière de gouvernance et de la lutte contre la corruption, le Burundi a ratifié la Convention des Nations Unies contre la Corruption (CNUCC) et la Convention africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption en date du 18 janvier 2005.

De ce fait, il a mis en place la loi n° 1/12 portant mesures de prévention et de répression de la corruption et des infractions connexes promulguée le 18 avril 2006. « Les autorités publiques burundaises qui devaient être des modèles à suivre par les citoyens burundais dans la lutte contre la corruption n’ont pas encore déclaré leurs biens et patrimoines en entrant et en sortant de leur fonction depuis la promulgation de ladite loi en avril 2006 », déplore-t-il.

Gabriel Rufyiri énumère quelques exceptions des dignitaires qui ont respecté la loi. Il s’agit d’Edouard Nduwimana, Ex-Ombudsman, de Prosper Bazombanza, Vice-Président de la République et Prosper Ntahorwamiye, Porte-parole du gouvernement.

Cela, dit-il, a été fait au premier Gouvernement dirigé par Alain Guillaume Bunyoni. D’après lui, pour le gouvernement de Gervais Ndirakobuca, seul Dieudonné Dukundane, ministre des Infrastructures, de l’Equipement et des Logements Sociaux et l’Ex-Ombudsman Edouard Nduwimana ont déjà déclaré leur patrimoine. « L’article 29 de cette loi anti-corruption burundaise est clair en cette matière. Les articles 95 et 159 de la Constitution du Burundi le soulignent aussi. Nous avons senti que vous avez compris le message ».

Le président de l’OLUCOME est confiant que sa demande sera mise en application par la primature. « C’est ainsi que notre Observatoire vous a demandé d’engager les membres de votre gouvernement dans la voie du respect de la constitution en son article 95 et la loi portant prévention et répression des actes de la corruption et des infractions connexes. »

Une inflation galopante

« Nous sommes revenus sur l’inflation galopante au pays plus particulièrement sur le récent rapport de la Banque de la République du Burundi (BRB) du mois de janvier 2023 qui indique que l’inflation a atteint 28,6% et certains experts alarment que le prix d’un kilo d’haricots pourrait atteindre 6 000 Fbu au mois de juin 2023 si rien n’est fait. C’est ainsi que lors de notre rencontre, nous vous avons demandé d’engager des mesures claires en vue de freiner l’inflation qui est en train de prendre une allure inquiétante au Burundi. »

Etant donné que l’offre nationale et le manque de devises sont parmi les grands facteurs endogènes de cette inflation, l’Olucome a proposé entre autres mesures de : mettre en place une commission indépendante d’experts en vue de proposer des solutions à court, moyen et long terme dans le but de maitriser cette inflation ; exonérer les produits de première nécessité surtout les produits alimentaires dans les meilleurs délais; interdire formellement les agents et mandataires publics de faire le commerce ; rapatrier toutes les devises reçues dans le cadre de paiement des exportations en provenance du Burundi ; gérer rationnellement et équitablement le peu de devises existantes pour l’importation des produits essentiels dans le pays ; investir davantage dans les cultures industrielles génératrices de devises (essentiellement les cultures du café, du thé et du coton), dans le tourisme et l’exploitation des minerais ; améliorer le climat des affaires selon les indicateurs de Doing business pour attirer plus d’investisseurs étrangers ; etc

Forum des lecteurs d'Iwacu

10 réactions
  1. Jereve

    Ça me surprend agréablement d’entendre qu’au moins quelques dignitaires se sont scrupuleusement conformés à la loi fondamentale en déclarant leur patrimoine. Mais alors, par quel miracle la majorité d’autres dignitaires à-t-elle échappé à cette obligation? Je pense que cette façon d’appliquer la loi de manière aléatoire affaiblit inévitablement la loi, l’autorité et tout le pays.

  2. Kibinakanwa

    Pourquoi les porte parole ou même les caisses de résonnance du système DD ne donnent aucune raison fut elle discutable du refus des Bihangange de déclarer leurs biens à l’entrée en fonction?
    Qu’en disent les Burikukiye, Mutabazi????
    N itegeko ryanditse muri constitution

  3. Gugusse (a.k.a Gigisi)

    Quelqu’un peut-il m’expliquer ce qu’est l’OLUCOME? Qui finance cette organisation? Quels dont ses statuts? Quelles sont les compétences de Rufyiri et de son staff?

    • Jereve

      Vous avez raison de poser des questions sur cette organisation Olucome. Mais quand vous considérez qu’elle a des audiences et des contacts à la Primature, qu’il y a des correspondances par courrier entre les deux… cela devrait vous rassurer du moins quant à la légalité de son existence et ses financements.

      • Gugusse

        Ça ne répond pas à ma question. Leur site web ne contient aucune information, les liens ne fonctionnent pas, et malgré tous mes efforts, je n’arrive pas à trouver les sources de leur financement. Avouez que c’est louche pour une organisation qui prône la transparence. Aucune intention maligne de ma part. Juste une curiosité légitime.

  4. Margarita

    Tout homme raisonable, et tout responsable à priori devait prendre et appliquer à la lettre les propositions de Rufyiri.
    Veux t on dire que les Bihangage qui nous dirigent biyumvira autrement?😉🫠😇

  5. Kanda

    Un autre forum alors que même le premier n’affiche aucun résultat.
    Et pourquoi multiplier les fora/forums qu’on sait qu’on ne va pas les traduire en politiques nationales qui produisent des résultats? Et les experts viendront une deuxième fois, et si c’est le même scénario = forum classé sans suite, sûrement qu’ils ne viendront pas la troisième.
    Entre temps, la pauvreté ne fait que gagner du terrain et rien n’est fait pour changer les choses.

  6. Voltaire Kaziri

    Merci a Rufyiri et a Iwacu.
    Le fait de dire publiquement les gens qui ont déclaré leurs biens est vraiement patriotique.
    Il est intéressant de noter que dans la liste des dignitaires ayant déclaré leurs bienns ne figurent pas:
    1) Le président de la république
    2) Le président du sénat
    3) Le président du parlement
    4) Le premier ministre sortant et l’actuel.

    Lisent l’article ci dessous
    https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230412-burundi-le-fmi-annonce-une-aide-de-261-millions-de-dollars-dans-un-pays-%C3%A0-la-pauvret%C3%A9-end%C3%A9mique.

    Méditez le dernier commentaire

     » Mais « cet accord ne servira à rien tant que la corruption règne en maître dans le pays », a prévenu un économiste burundais. »

    • Samandari

      Merçi à Iwacu, Rufyiri et Kaziri.
      Sans commentaire.
      Bravo aux dignitaires ayant déclaré leurs biens

    • Kanda

      Ce montant, un prêt avec ses conditionnalités bien lourdes, prêt qui n’est même pas encore conclu, c’est 261 millions de dollars américains sur quarante. Pour environ 12 millions de Burundais, c’est à peu près 22 $ à chaque Burundais sur 3 ans et 4 mois. Ce n’est même pas de la perfusion. Probablement que ça servir d’argent de poche de ceux-là qui ne déclarent pas leurs avoirs alors qu’ils devraient le faire.

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