Vendredi 26 avril 2024

Société

Matana: L’entrepreneuriat comme remède à la dérive d’une jeunesse désœuvrée

23/12/2018 Commentaires fermés sur Matana: L’entrepreneuriat comme remède à la dérive d’une jeunesse désœuvrée
Matana: L’entrepreneuriat comme remède à la dérive d’une jeunesse désœuvrée
Samuel Sibomana : « Il n’est pas facile d’avoir le produit fini sans matériel suffisant. »

Ligalas, prostitution, pauvreté, chômage, consommation de stupéfiants… sont entre autres les défis que rencontrent les jeunes lauréats de l’école secondaire et universités de la commune de Matana en province de Bururi., L’Eglise catholique a regroupé les jeunes chômeurs dans une association. Rencontre.

C’est un ouf de soulagement pour les jeunes chômeurs de la commune de Matana en province de Bururi. Plus de 160 jeunes lauréats de l’école secondaire et universités se sont regroupés au sein de l’Association pour le développement intégral et la promotion des initiatives communautaires (ADIPIC) pour lutter contre le chômage et la pauvreté. La plupart venait de passer plus de trois ans sans travail.

Micheline Niyongere, lauréate de l’école secondaire de l’enseignement général, n’a pas pu avoir les moyens pour se faire inscrire à l’université privée. Depuis deux ans, elle n’avait pas trouvé de travail non plus. Elle n’a pas hésité à se joindre à cette initiative de s’associer avec d’autres jeunes chômeurs : « Non seulement, je travaille en synergie avec d’autres jeunes pour m’auto-développer, mais aussi j’ai pu lancer mon propre projet de faire du commerce de bananes grâce aux connaissances acquises en entreprenariat au sein de l’association ».

Cette jeune fille appelle chômeurs à travailler en association : « Il est temps que les jeunes changent de mentalité. Il n’y a plus de travail au sein des institutions publiques. »
Samuel Sibomana, président de l’association ADIPIC, fait savoir que les jeunes chômeurs de la commune de Matana font face à plusieurs difficultés, notamment les ligalas (rassemblement des jeunes désœuvrés), la consommation des stupéfiants, la prostitution. « Des jeunes gens qui n’ont rien à faire passent tout leur temps au centre de négoce au lieu de penser à des projets pour leur futur ». Et les filles se marient tôt, ou se lancent dans la débauche pour avoir un peu de sous.

Moyens financiers et matériels importants requis

Outre des activités génératrices de revenus, comme le petit commerce (boutique, cafétéria et cantine), la spécialité de l’ADIPIC est de produire des savons solides à base de noix de palme. Après un mois d’activités, ils produisent 1000 pièces de savon par semaine. « Une douzaine de savons se vend à 5000 BIF, la pièce coûte 500 BIF. Et ils sont plus grands que ceux qui sont sur le marché, » souligne le président de l’association. Un client rencontré au marché de Matana reconnaît que les savons produits par ces jeunes sont très appréciés. « Non seulement, ils sont plus grands par rapport à ceux déjà existants sur le marché, mais aussi ils sont de bonne qualité ».

Le président de l’association indique que la production de ces savons exige beaucoup de moyens financiers et matériels. « Les quatre fûts que nous utilisons ont été empruntés à une association qui avait tenté de produire des savons, en vain ». M.Sibomana confie qu’ils étaient arrivés à un devis de six millions de Fbu pour le matériel. Dans l’incapacité à réunir ce montant, ils ont fait recours à un emprunt pour commencer.

Ces jeunes ont commencé avec un capital de moins de deux millions de Fbu. « Les membres de cette association proviennent de neuf petites associations locales de notre commune et chaque groupement a cotisé une somme de plus de 100 mille BIF ».
Les matières premières, surtout la noix de palme, proviennent de la province de Rumonge et de la commune de Nyanza-lac. « C’est là que l’on cultive beaucoup de palmiers à huile.

L’Eglise catholique à la rescousse de la jeunesse

Ces jeunes chômeurs ont pu se réunir grâce au soutien de l’Eglise catholique. Abbé Gervais Godoka, de la paroisse Butwe, commune de Matana, raconte que l’Eglise catholique a pris la décision de se focaliser sur la jeunesse, depuis 2015. « Nous éprouvions beaucoup de difficultés chez ces jeunes pour promouvoir le développement intégral de tout homme». Depuis lors, l’Eglise catholique a pris l’initiative de rassembler tous les jeunes chômeurs de la commune pour les inciter à l’entreprenariat. « Ils étaient exposés à plusieurs difficultés qui ne faisaient pas ’honneur à notre communauté, » raconte l’Abbé Godoka.

Des rencontres avec des natifs de la commune, des administratifs, des chrétiens ont été organisées pour chercher du soutien. Des communiqués sont ont été lus et affichés dans plusieurs endroits. Et plus de 350 jeunes chômeurs ont répondu à l’appel. « Malheureusement seuls 161 jeunes se sont engagés dans ce combat contre le chômage et la pauvreté », déplore l’Abbé Godoka.

Abbé Gervais Godoka : « Les jeunes rencontrent plusieurs défis et doivent créer leur propre emplois. »

Ce dernier signale que l’Eglise catholique travaille de commun accord avec les autorités administratives et l’Eglise anglicane pour soutenir ces jeunes. Des natifs de la commune sont aussi impliqués. « C’est un professeur d’université, natif de la commune, qui s’est proposé pour les initier à l’entreprenariat ». Et d’ajouter : « Nous avons même un comité des sages pour le coach et l’encadrement. » Le président du Conseil communal leur a promis de payer le loyer des bureaux (160 mille par mois) pendant cinq mois.

ADIPIC prévoit aussi de créer une école d’entreprenariat, de se lancer dans des activités agro-pastorales et de produire des craies. « Notre commune possède plusieurs écoles qui ont besoin de craies. C’est une opportunité pour ces jeunes d’en produire et d’approvisionner la localité. L’église anglicane leur a promis une machine qui produit des craies».

Cet homme d’Eglise encourage ces jeunes à travailler en synergie pour partager leurs expériences. « Les membres de cette association possèdent des diplômes de différents niveaux et peuvent s’entraider mutuellement. »

Agathe Nduwimana, administrateur communal, abonde dans le même sens : « Plusieurs réunions sont organisées à l’endroit des jeunes pour les encourager à créer leurs propres emplois. Et plus de 80% des fonds octroyés aux communes (500 millions de Fbu) sont orientés dans les activités de développement entreprises par la population, y compris les jeunes.» Pour elle, cette association aide la commune à encadrer les jeunes, dont certains avaient déjà adopté des comportements indignes.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Le Burundi confronté à une question de survie

Quatre enfants sont morts dans l’ effondrement d’une maison dans la zone Ntamba, commune Musigati, un enfant de trois ans est mort, plus de 300 maisons détruites  après un éboulement sur la colline Gabaniro, commune Muhuta, plus de cinq cents (…)

Online Users

Total 5 533 users online