Mercredi 10 décembre 2025

Santé

Une longue marche dans la lutte contre le VIH-sida chez les jeunes

10/12/2025 0
Une longue marche dans la lutte contre le VIH-sida chez les jeunes
Eliane Nininahazwe en train de raconter son expérience aux jeunes

Le début du mois de décembre est marqué par des activités de sensibilisation et de rappel sur le sida. Certains jeunes vivant avec ce virus témoignent. Le chemin semble long. Les dégâts que cause la maladie reviennent petit à petit dans les esprits. Le ministère de tutelle appelle les jeunes, en première ligne de mire du virus, à être vigilants.

« Gihanga talent show » est un évènement annuel qui regroupe plusieurs jeunes artistes de la localité de Gihanga au début de chaque mois de décembre. Ces jeunes évoluent dans plusieurs domaines. La danse, la musique, le théâtre, la mode. Tout se passe autour du thème de lutte contre le sida.

Cette année 2025, l’angle le plus développé est le « non à la stigmatisation ». Ils chantent et dénoncent les violences auxquelles font face les malades du sida qui poussent ces derniers au repli sur soi. Ils dénoncent aussi la discrimination qui, selon eux, fait que les malades du sida perdent tout espoir de survie.

Eliane Nininahazwe, organisatrice, fait savoir à la majorité des jeunes venus assister à la compétition qu’elle vient de passer 29 ans avec cette maladie. Elle explique que cette longévité est due à la discipline et au respect des consignes médicales.

Sa présence galvanise la foule. Son énergie qui déborde est tout le contraire de ce qu’on aime raconter sur les malades du sida. Les blagues qu’elle se permet de lancer à la foule suscitent des éclats de rire. « Est-ce que je ressemble à une malade du sida ? Vous ne voyez pas que je suis comme n’importe qui d’entre vous ? » scande-t- elle à la foule.

Elle indique aux jeunes qu’il n’y a rien de mal à côtoyer un porteur du VIH parce qu’il est une personne comme les autres.

« Je ne suis pas malade mais porteuse »

Lyse-Bella Hatungimana, jeune porteuse du VIH-sida

Lyse-Bella Hatungimana, une jeune fille de 25 ans, n’a aucune peur de dire aux jeunes qu’elle a le virus du sida depuis bientôt 3 ans. « Suis-je sur le point de mourir ? », demande-t-elle aux autres jeunes.

Elle refuse catégoriquement d’être appelée une malade du sida. « Je ne suis pas une malade du VIH, même si je le porte en moi. Cela ne veut pas dire que j’en suis malade, je le porte », insiste-t-elle.
Elle raconte que le jour où elle a été informée sur son diagnostic positif du VIH, elle a cru que le ciel lui tombait sur la tête. Mais la chance que peut-être certains jeunes n’ont pas souvent, c’est le soutien de sa mère et de ses proches qui sont des animateurs sociaux. « Je vivais comme tous ces jeunes, insouciante. Je me faisais dépister, comme aimait nous le conseiller ma mère, tous les trois mois jusqu’à ce que les résultats changent du négatif au positif ».

Avant qu’elle ne soit diagnostiquée positive, elle raconte que les infections commençaient à la clouer régulièrement au lit. Elle a alors été obligée d’abandonner l’école. « Ma mère m’a soutenue et c’est elle qui allait prendre mes médicaments. Elle me montrait comment les prendre ainsi que le comportement à adopter ».
Elle souhaite ne plus voir des jeunes qui courent des risques inutiles. « Je me mêle souvent dans la masse de jeunes pour parler avec eux de l’existence réelle du VIH-sida. Je leur prodigue des conseils et je donne des préservatifs aux plus exposés ».

Depuis qu’elle a reconnu les ravages que cause la pandémie, elle fait savoir qu’elle est plus engagée dans la sensibilisation et passe souvent dans les zones chaudes pour s’entretenir avec les travailleuses du sexe. « Les TDS sont très exposées. Elles se droguent pour supporter leur travail et perdent le plus souvent le contrôle. C’est pourquoi j’ai pu remarquer que la plupart d’entre-elles sont porteuses de ce virus ».

Le trafic des ARV, une autre menace

Lyse-Bella Hatungimana parle d’un fait qu’il faut prendre au sérieux, celui du trafic des antirétroviraux (ARV). « Le besoin viscéral d’argent pousse les TDS à vendre les médicaments qu’on leur donne parce que leur marché, quoique clandestin, est devenu florissant ».
Déjà averties sur ce trafic, Lyse-Bella fait savoir que les associations de soutien aux personnes vivant avec le VIH engagent des personnes qui font un suivi régulier de la prise des médicaments par leurs affiliés. « J’aide dans le travail de suivi auprès des TDS. Je vais même dans les centres pour récupérer moi-même les médicaments pour elles ».

Elle avoue ne pas savoir la finalité de ce trafic. Mais, ce qui est sûr, il expose les porteurs du VIH à une mort lente, sûre et douloureuse.
Pour les jeunes, Lyse-Belle appelle à la retenue. Les jeunes devraient faire attention à la débauche qui est la cause de tous les maux. Elle dénonce le comportement de ce qu’elle appelle les « sugar mamy et sugar dady». « Ce sont des femmes ou des hommes d’un certain âge, qui conduisent de belles voitures. Ils viennent prendre les jeunes et leur achètent des fringues, leur donnent de l’argent ainsi que de jolis portables. Ces jeunes doivent faire attention parce que le risque de contamination est là ».

Des chiffres alarmants

Lors de la célébration de la Journée internationale de lutte contre le sida en commune Mpanda de la province de Bujumbura le 1er décembre 2025, sous le thème « Surmonter les perturbations, transformer la riposte au sida », Lydwine Baradahana, ministre de la Santé publique et de la lutte contre le sida a fait savoir que 35% des personnes vivants avec le VIH-sida sont des jeunes qui ont entre 15 et 24 ans.

A l’heure actuelle, elle informe que la grande majorité de Burundais ne crois plus en l’existence de cette épidémie au regard de leur comportement.
Elle ajoute que parmi les femmes et les filles travailleuses de sexe, 31 % sont déjà contaminées. Ce qui est, selon la ministre Baradahana, un risque d’une large contamination.

Plus de 10% des preneurs de drogue par voie veineuse sont contaminés selon toujours la ministre. « Tous ces chiffres font que les cas de contamination augmentent plus particulièrement chez les jeunes qui ont une libido sexuelle élevée ».

Rappelons que le premier cas de VIH-sida a été diagnostiqué au Burundi en 1983 et que la première célébration de la Journée internationale a été lancée le 1er décembre 1988. En 2023, au Burundi, on estimait que 81 250 personnes vivaient avec le VIH et 40 millions l’étaient dans le monde.

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