Vendredi 29 mars 2024

Politique

Statut des officiers de l’armée : les mariages inter-catégories et binationaux interdits

29/09/2022 8
Statut des officiers de l’armée : les mariages inter-catégories et binationaux interdits
Alain Tribert Mutabazi : « Le mariage inter-catégorie enfreint aux normes de l’armée et à la discipline militaire »

Devant l’Assemblée nationale ce 28 septembre, le ministre de la Défense nationale a souligné l’interdiction de mariage entre les militaires de différentes catégories et d’un militaire avec un partenaire de nationalité étrangère ou de double nationalité. Des députés divergent sur la légalité de cette mesure.

« Il serait dangereux à l’armée qu’un officier entretienne des relations avec un militaire féminin de catégorie différente. Cette dernière va développer un comportement d’insubordination et de mépris envers ses supérieurs de grade inférieur de celui de son mari », a expliqué Alain Tribert Mutabazi, ministre de la Défense Nationale et des Anciens Combattants, lors de la présentation du projet de loi portant modification du statut des officiers de la force de défense nationale burundaise (FDNB).

Selon lui, certains officiers pourraient user de leur responsabilité et développer des comportements d’abus et d’exploitation sexuels : « Cela pourrait développer une indiscipline notoire et un problème grave au niveau des principes militaires et au niveau du commandement ».

Il rappelle que le mariage inter-catégorie enfreint aux normes de l’armée et à la discipline militaire. Pour lui, la relation à l’armée est d’ordre professionnel et est caractérisée par le respect strict de la hiérarchie.

Le ministre de la Défense nationale indique que les mariages non inter-catégories dont des mariages entre officiers, entre sous-officiers et entre militaires de rang sont plutôt encouragés.

Selon Alain Tribert Mutabazi, les mariages binationaux sont aussi interdits dans l’armée burundaise : « Pour le principe sacré de garder le secret militaire et la confidentialité, un officier ne peut pas se marier avec un Burundais ayant une double nationalité, de peur que ce dernier puisse être tenté de divulguer les secrets militaires ou être utilisé par l’autre nation ». Pour lui, cela engage la protection de la nation et de sa souveraineté.

Pour que les forces de défense nationale aient des officiers patriotes, ajoute-t-il, tout officier qui prendra une autre nationalité sera renvoyé de l’armée nationale immédiatement.

« L’interdiction de ces mariages viole la constitution »

Pour le député Agathon Rwasa, l’interdiction des mariages inter-catégories et binationaux viole la constitution : « La Constitution autorise toute personne à se marier. En matière d’amour, chacun se marie avec une personne qu’il veut sans tenir compte des autres considérations. Cela engage le respect des droits de l’Homme ».

Il rappelle l’article 19 de la Constitution stipule que les droits et devoirs proclamés et garanties par les textes internationaux relatifs aux droits de l’Homme régulièrement ratifiés font partie intégrante de la Loi fondamentale. Pour lui, nulle part n’est mentionné qu’il est interdit de se marier avec une personne d’une nationalité étrangère ou de double nationalité.

Et de signaler que la Constitution interdit seulement le président de la République, le président de l’Assemblée nationale et celui du Sénat d’avoir la double nationalité.

Le président de l’Assemblée nationale, Daniel Gélase Ndabirabe, nuance : « Les mariages inter-catégories peuvent causer l’insécurité pour le pays. Ce n’est pas une question de droits de l’Homme, mais d’incompatibilité ». Pour lui, interdire les mariages des officiers avec les étrangers est une façon de protéger le pays.

Le député Rédempteur Gahitira salue l’interdiction des mariages inter-catégories dans l’armée. Il suggère que des mariages entre les militaires de la même catégorie soient aussi interdites « pour l’intérêt et l’encadrement de la famille ».

Forum des lecteurs d'Iwacu

8 réactions
  1. Jean

    🤣🤣🤣🤣les politiciens Burundais sont marrants , au lieu de se focaliser sur les problemes qui minent le pays , on perd tu temps a voter des lois bidons . Les soldats sont Burundais avec des droits comme les autres vous ne pouvez les dicter qui il faut se marier avec ou pas .

  2. Kibinakanwa

    Payer aux militaires leur petit saaire en $ qu’ils gagnent à leurs risques en Somalie ou en Centrafique.
    Ces autres Lois sont du cirque

  3. Zaire James

    Prière de donner au peuple à boire et à manger au lieu de proposer de loi bidon contre le personnel militaire qui est libre comme tout citoyen!!!

  4. Boya

    je pense que ces 2 dispositions sont inconstitutionnelles et doivent être amendées.

  5. Harry

    Ça fait rire tout cela ! Et les députés, sénateurs et autres qui ont une double nationalité? Le saviez qu’il y en a plein au Burundi ?

    • Ignace Kayijamahe

      Les officiers dans un meme categorie se marient; ce qui est admis. Après une periode donnee, l’un ou l’autre est promu au grade superieur d’un autre categorie. Question: Vont-ils divorcer puisqu’il est interdit par la loi?

      • Yan

        @Ignace Kayijamahe
        Là vous insinuez que celui qui propose cette loi ou ce règlement a improvisé!

  6. Kanyaruguru

    Est-ce que Monsieur Le Ministre s’est basé sur une analyse menée par un bureau indépendant ? Bientôt interdiront-ils les militaires de fréquenter les civils de peur d’être contaminés par l’indiscipline ou par d’autres mauvaises idées ?

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Quelle place pour l’opposition ?

… En juin 2008, un groupe de députés « frondeurs » du CNDD-FDD, avaient été tout simplement exclus du Parlement. Je disais que c’était « un dangereux précédent ».  16 ans plus tard, en 2024, est-ce que le traitement des opposants politiques a changé (…)

Online Users

Total 4 708 users online