Lundi 06 octobre 2025

Environnement

Rumonge : La protection de ses forêts s’améliore mais, …

06/10/2025 0
Rumonge : La protection de ses forêts s’améliore mais, …
Quelques espèces animales et végétales de la réserve forestière de Kigwena

Sensibilité de la population à la protection de l’environnement, implication administrative, … Les menaces sur les forêts de Rumonge en province de Burunga diminuent petit à petit. Néanmoins, le combat n’est pas encore totalement gagné.

« Aujourd’hui, en cas de feux de brousse, tout le monde se mobilise pour stopper leur progression. Ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. Les gens se cachaient ou faisaient semblant d’être malades pour ne pas aider à éteindre le feu », apprécie Joseph Nyabuntu, un riverain de la forêt de Nkayamba à Rumonge.

Pour lui, cela prouve que les gens sont de plus en plus sensibles à la protection de l’environnement.

Nkayamba est l’une des trois forêts que compte la commune Rumonge. Située sur les collines Nkayamba et Rukinga surplombant la ville de Rumonge, elle s’étend sur 300 hectares selon François Manirambona, gestionnaire des forêts dans cette commune au nom de l’Office burundais pour la protection de l’environnement (OBPE).

M. Nyabuntu se réjouit que dans cette forêt, même les cas de coupure illicite d’arbres ne sont plus nombreux. Il en est de même pour les gens qui s’y introduisaient à la recherche des plantes médicinales.

Dans la forêt de Rumonge, des avancées dans sa préservation sont également visibles. La prénommée Agnès, une habitante de cette localité reconnaît que les gens sont de plus en plus impliqués dans sa protection. « N’eut-été ce changement de mentalité, les feux de brousse qui s’y sont déclarés dernièrement n’auraient pas été vite maitrisés. Mais, tout le monde, des hommes, des femmes, des jeunes, … s’est levé pour intervenir si bien que les dégâts n’ont pas été énormes. »

Ce qui est confirmé par M. Manirambona qui indique que seulement à peu près 1 hectare a été touché par les flammes. Il apprécie fortement la collaboration actuelle entre éco-gardes, population, forces de l’ordre et administration en cas de feux de brousse.

Cette forêt s’étend sur 600 hectares et occupe une grande partie des collines Gatete, Mutambara et Buruhukiro.

Des avancées aussi à Kigwena

La réserve forestière de Kigwena mesure 585 hectares. Elle s’étend sur les collines Gashasha et Cabara. Elle est la plus riche en termes de biodiversité selon M.Manirambona. Il signale qu’elle abrite des richesses végétales et animales très variées. « C’est une forêt péri-guinéenne classée parmi les zones importantes pour la conservation des oiseaux (ZICO) du Burundi. »

D’après lui, l’une de ses deux parties renferme de hauts arbres plantés à l’époque belge en 1958 tandis que l’autre partie accédant au lac est peuplée d’arbres sauvages. Côté végétation, on y trouve beaucoup de lianes qui montent en hauteur. Ce qui fait que la partie basse de la réserve est très froide. On n’y trouve aussi de hauts arbres très anciens mesurant plusieurs dizaines de mètres. « L’humidité fait qu’il n’y ait pas de feux de brousse. C’est l’autoprotection. » Il s’agit aussi d’une forêt ombrophile.

Côté faunique, on y trouve différentes espèces animales : des primates, des crocodiles, des hippopotames, différents types d’autres mammifères, des espèces d’oiseaux dont le vautour palmiste, des serpents, etc.

Là aussi, sa préservation connaît des améliorations importantes. « Il y a quelques années, les riverains étaient souvent en conflit avec les animaux de la réserve. Mais, aujourd’hui, ce n’est pas fréquent. Même quand ces animaux sortent pour chercher à manger, on ne les tue pas comme avant. »

Bien plus, ceux qui partent là-bas à la recherche des plantes médicinales ne sont plus nombreux. Il se réjouit que même les cas de braconnage ont sensiblement diminué.
Il explique que cela est le résultat des séances de sensibilisation et de vulgarisation des lois organisées souvent par l’administration et les responsables environnementaux. « Il y a même des associations qui nous ont octroyé du matériel comme les tenues et d’autres équipements pour les éco-gardes. »

Encore du pain sur la planche

Malgré ces avancées, François Manirambona reconnaît qu’il reste beaucoup à faire pour que la préservation de ces espaces soit très effective. Il déplore par exemple qu’il y a encore certains riverains qui s’attaquent aux singes, aux babouins, … quand ils sortent de la forêt pour chercher de la nourriture. Sans donner le chiffre des animaux tués, il fait remarquer que cela est une preuve qu’il reste à faire en ce qui est de la sensibilisation. « Il faut que les gens sachent que si ces animaux disparaissent, les humains vont aussi suivre. »

Ce responsable cite d’ailleurs quelques menaces persistantes. « Ces forêts du sud du pays sont très proches des habitations des gens, des villages ou des sites de déplacés environnementaux. Alors, pour survivre, il y a ceux qui se rabattent encore sur ces forêts afin d’avoir du bois de chauffage, cueillir des fruits ou couper des arbres pour construire leurs abris. »

D’après lui, d’autres partent à la recherche des plantes médicinales, des champignons, etc.

Renforcer les capacités des gardiens

François Manirambona : « Il faut que les gens sachent que si ces animaux disparaissent, les humains vont aussi suivre. »

« Les éco-gardes se donnent corps et âme mais, sans l’intervention des partenaires pour les appuyer techniquement, matériellement et financièrement, ils restent limités dans leurs actions », avoue M. Manirambona. En ce qui est des besoins en matériel, il parle des bottines, des tenues appropriées, des imperméables en cas de pluies, des gourdins pour le transport d’eau potable, etc. « Nous avons aussi besoin des jumelles et des bateaux pour bien surveiller la partie accédant au lac Tanganyika. » Des bateaux qui assureraient d’ailleurs un double rôle : les patrouilles et le déplacement des touristes. « Car, souvent, les touristes ont besoin d’observer la réserve ou ces autres forêts à partir du lac. Mais, sans bateau, cela devient impossible. »

Il souligne que ces éco-gardes ont besoin aussi des formations dont une formation militaire. « En effet, les malfaiteurs qui s’introduisent dans ces forêts sont quelques fois violents, armés de machettes, de gourdins, etc. Alors, pour les repousser ou les bloquer, il nous faut cette formation militaire. »

Il plaide aussi pour l’augmentation et le rajeunissement du personnel. Car, certains éco-gardes sont âgés et vont bientôt partir en retraite. Il souligne par ailleurs que le salaire reste aussi très bas à voir le travail effectué par ces éco-gardes.

En ce qui est de l’effectif, la situation est critique. « A Nkayamba, il y a seulement deux éco-gardes. A Rumonge, il y a seulement cinq et à Kigwena, nous avons trois éco-gardes. Vous comprenez qu’ils sont tellement insuffisants à voir l’espace et les richesses qu’ils sont appelés à protéger. »

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