Suite aux manifestations des habitants de la ville d’Uvira en République démocratique du Congo (RDC), les mouvements de va-et-vient à travers la frontière Gatumba-Kavimvira avaient été momentanément suspendus. Le 9 septembre 2025, la frontière a été réouverte. Des commerçants et voyageurs saluent la décision.
Il est 11 h sur le poste-frontière Gatumba-Kavimvira. Des véhicules en provenance du Burundi qui vont s’approvisionner en carburant traversent la frontière en masse. Les commerçants en provenance de la RDC commencent à entrer avec leurs marchandises. Toutefois, les craintes ne manquent pas car les voyageurs ressortissants du Burundi sont moins nombreux que ceux qui entrent.
Une joie se lit sur les visages des commerçantes et des chauffeurs burundais qui travaillent en RDC qui espèrent retrouver leurs business. Rencontrés au centre Gatumba, certains commerçants saluent la décision qu’ils qualifient de salvatrice.
« Je suis très contente. Depuis le premier jour des manifestations dans la ville d’Uvira, même trouver 10 000 BIF par jour était un casse-tête car on a été obligé d’arrêter le commerce. Mais, bientôt, je pourrai retourner faire le commerce et avoir de quoi nourrir mes enfants », se réjouit la prénommée Carine, une vendeuse de légumes dans un petit marché de Kilomoni.
Le commerce dans la RDC est très bénéfique, poursuit-elle, car le franc congolais a une valeur supérieure à celle de la monnaie burundaise. « Des fois, nous rentrons avec des devises. Les Congolais sont nos clients. Je ne peux même pas traverser la frontière et mettre mes marchandises sur cette route de Gatumba-frontière et faire mon business sans toutefois dépenser. Les Congolais passent tout le temps sur cette route. Mais avec la fermeture, la survie devient dure. »
La prénommée Marie-Claire, commerçante au marché de Kavimvira, prend comme une surprise agréable, la réouverture de la frontière qui lui permet de poursuivre son commerce au Congo après plusieurs jours de chômage. « Je commençais à m’inquiéter pour l’achat des fournitures scolaires pour mes cinq enfants. Dans les quatre jours qui me restent, je vais fournir des efforts dans la vente du haricot à Kavimvira pour pouvoir suivre mes champs de culture à Kilomoni. J’espère que lundi prochain, jour de la rentrée scolaire, mes enfants iront en classe en ordre. »
Des manques à gagner s’encaissent.
Sur le parking des agences Bujumbura-Uvira situé au marché dit « Kwa Siyoni », les portes des bureaux des agences de voyage sont fermées. Le parking est vide. Les chauffeurs sont au chômage. Seuls deux Probox sont à la recherche des clients pour Uvira.
« Je viens de passer une semaine sans travail. Depuis l’arrivée du général Gasita, les Wazalendo ont bloqué les chemins. Dernièrement, ils ont failli me tirer dessus parce que je voulais foncer à l’intérieur de la ville d’Uvira. Ils m’ont obligé de faire descendre mes passagers et de retourner au Burundi », témoigne un des chauffeurs.
Le prénommé Saïdi, un chauffeur également dans une agence de voyage Buja-Uvira n’est pas encore rassuré. Pour lui, même si la frontière est rouverte, des craintes ne manquent pas. « Je ne peux pas me permettre d’y aller brusquement, je vais attendre et voir la situation des autres qui proviennent d’Uvira. On ne sait jamais, les manifestations peuvent se reproduire car le pays est toujours en guerre. »
Du côté des commerçants du marché dit « Kwa Siyoni », le commerce sans les Congolais n’avance pas très bien. La prénommée Amina témoigne. « Les Congolais ne viennent pas, l’argent est difficile à avoir pour nous qui vendons les habits. Personne ne peut acheter un habit avec les fournitures scolaires de ses enfants qui l’attendent. Mais, les Congolais le peuvent. Eux n’ont pas de problème car à leur arrivée, s’ils échangent leurs dollars, ils peuvent s’approvisionner dans tout ce qu’ils veulent. »
Signalons que les manifestations de la population d’Uvira résultent de la nomination par le président de la RDC du général Olivier Gasita Mukunda comme commandant adjoint de la 33e Région militaires des Forces de la RDC (FRDC).
Selon les voyageurs congolais rencontrés sur la frontière Gatumba-Kavimvira, depuis sa prise de fonction, sa présence à Uvira (Sud-Kivu) a suscité des tensions, notamment de la part des groupes armés locaux appelés Wazalendo, qui contestent sa nomination. Ils ont organisé des manifestations, y compris des journées « ville morte ».
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