Depuis plus de trois mois, les producteurs de café des communes Mpanda et Bubanza attendent toujours le règlement de leurs ventes. Une situation qui menace la scolarisation des enfants, l’accès aux intrants agricoles et alimente une colère grandissante contre le système de paiement jugé défaillant.
Dans les collines caféicoles de Mpanda et Bubanza, la grogne monte. Les producteurs qui ont livré leurs cafés en mars 2025 n’ont toujours pas reçu leur argent. Un retard qui met leurs familles dans une situation intenable. « Chaque année, c’est le même problème. Nous livrons notre café mais nous ne sommes payés qu’après de longs mois d’attente. Quand enfin l’argent arrive, il ne nous sert plus à rien », s’indigne un cultivateur de Mpanda.
Pour beaucoup, cette attente interminable compromet la rentrée scolaire et les empêche d’acheter les engrais chimiques nécessaires pour préparer la prochaine saison culturale.
Du côté des coopératives, on explique que les lenteurs sont liées à la réforme du mécanisme de paiement. Désormais, les producteurs doivent passer en effet par un compte bancaire, une microfinance ou les services de transfert mobile comme Lumicash ou Ecocash. « C’est une transition nécessaire pour plus de transparence et de sécurité », souligne un responsable, tout en reconnaissant que la mise en œuvre se fait difficilement. Mais, cette explication ne convainc guère les caféiculteurs. « Peu importe le système. Ce qui nous intéresse c’est d’être payés à temps. Nous travaillons dur. Le café rapporte des devises au pays et pourtant, nous sommes les derniers à en profiter », s’insurge un producteur de Bubanza. Certains vont jusqu’à menacer d’abandonner la culture du café si la situation perdure.
Une filière déjà en crise
Ces retards de paiement risquent de fragiliser davantage une filière déjà en crise. Le café demeure pourtant l’une des principales sources de devises pour l’économie burundaise. Si les producteurs venaient à se détourner de cette culture, l’impact serait lourd tant sur leurs revenus que sur l’équilibre économique nationale.
Entre promesses de réformes et frustrations sur le terrain, la filière café burundaise semble à la croisée des chemins. Les caféiculteurs de Mpanda et Bubanza, eux, continuent d’attendre le fruit de leur labeur









On accuse souvent les gens de crime de sabotage de l’économie nationale. En voilà un bon exemple : ne pas rémunérer à leur juste valeur et à temps les paysans qui produisent du café, source de devises dont on a tant besoin. Si on veut saboter l’économie, il n’y a pas moyen de s’y prendre autrement.