Alors que 39 personnes ont été contaminées par le choléra dont 7 déjà guéries, les habitants de plusieurs collines de la zone Rugombo en commune Cibitoke s’approvisionnent toujours dans des rivières et marigots, faute d’eau potable. Les autorités locales et les acteurs de la santé se mobilisent en urgence pour enrayer l’épidémie.
Une épidémie qui gagne du terrain. Depuis le jeudi 4 septembre 2025, les services de santé de la commune Cibitoke ont confirmé 39 cas de choléra répartis sur six collines de la zone Rugombo. Parmi eux, 7 patients sont déjà rétablis selon les autorités locales et sanitaires.
Sur place, les scènes parlent d’elles-mêmes. Des files interminables de femmes, d’enfants et d’hommes, avec des bidons jaunes sur la tête, convergent vers les rivières Nyakagunda et Nyamagana, ou encore vers les canalisations d’eau destinée à l’irrigation des champs de riz. « Voilà plus d’un mois que l’eau ne coule plus dans nos robinets. Nous n’avons pas d’autre choix que de puiser dans ces eaux sales », témoigne, exaspérée, une mère de famille rencontrée au bord d’une canalisation.
Des habitants livrés à eux-mêmes
Les récits de détresse se multiplient. « Je n’ai pas lavé les habits de mes enfants depuis une semaine. J’ai finalement dû les tremper dans ces eaux polluées et ils sentent mauvais », confie un père de famille. Seuls les ménages disposant de moyens financiers parviennent à acheter de l’eau. Certains paient des jeunes qui transportent l’eau à vélo.
D’autres font venir des véhicules depuis Mugina, à une dizaine de kilomètres, pour des tarifs qui oscillent entre 1 000 et 15 00 FBu par bidon de 20 l. Les plus démunis, eux, n’ont d’autre choix que de recourir aux marigots, au risque de contracter les maladies liées au manque d’hygiène.
La peur grandit de voir l’épidémie s’étendre aux autres collines si rien n’est fait rapidement.
Premières mesures d’urgence
Face à la menace, la Croix-Rouge du Burundi a commencé à désinfecter 39 ménages touchés et prévoit d’élargir l’opération aux zones voisines. Des campagnes de sensibilisation sont également menées avec l’appui des relais communautaires. Le médecin chef de district ai de Cibitoke en même temps directeur de l’hôpital de Cibitoke, Emile Ruzocimana, appelle l’ensemble des partenaires de santé, en particulier Médecins sans frontières (MSF), à intensifier la prise en charge.
Ce dernier annonce avoir déjà renforcé son personnel et augmenté la capacité du centre de traitement du choléra de Rugombo, qui ne peut normalement accueillir que treize patients. Aujourd’hui, il accueille plus du double.
Lors de sa réunion du lundi 8 septembre avec les responsables sanitaires, les ONG et les représentants locaux, l’administrateur de Cibitoke, Éloge Najeneza, a pris plusieurs décisions urgentes, à savoir l’installation des dispositifs de lavage des mains dans les lieux publics, l’interdiction de la vente de nourriture cuite dans la rue, la fermeture des gargotes et bars ne respectant pas les normes d’hygiène, la sanction contre les ménages sans latrines, l’approvisionnement prioritaire en eau dans les quartiers les plus touchés. « La cause principale de cette épidémie est le manque criant d’eau potable. Nous en appelons à la Regideso et aux régies communales pour renforcer l’approvisionnement, car la population de Rugombo et de Cibitoke a fortement augmenté ces dernières années ».
Nécessité d’une réponse durable
Au-delà des mesures d’urgence, c’est la gestion structurelle de l’eau qui reste le principal défi. Tant que l’approvisionnement en eau potable ne sera pas régulier, le choléra risque de réapparaître chaque saison. En attendant, les habitants oscillent entre résignation et colère. « On nous avait promis des autorités proches du peuple. Mais, quand nous souffrons, personne ne vient à notre secours », lâche une habitante, avec un bidon à la main, visiblement épuisée.
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