Vendredi 15 novembre 2024

Santé

Région Centre/Gratuité des soins : des sensibilisations s’imposent

Région Centre/Gratuité des soins : des sensibilisations s’imposent
Certaines femmes n’ont pas assez d’informations sur ce qui est gratuit et sur ce qui ne l’est pas

Les mères qui bénéficient de la gratuité des soins de santé à Gitega affirment qu’elles sont souvent mal accueillies ou qu’elles sont obligées de s’acheter des médicaments censés être gratuits dans les structures de soins. Les autorités sanitaires demandent qu’elles soient mises au courant de ces irrégularités.

Des mères enceintes ou qui ont des enfants de moins de 5 ans ne sont pas passées par quatre chemins pour déplorer le mauvais accueil qui leur est réservé quand elles se présentent à l’hôpital ou dans un centre de santé. D’après elles, le personnel soignant se montre souvent négligeant à leur endroit.

« Si on ne te dit pas que le médecin a déjà eu le nombre suffisant de patients et que tu reviendras demain, ils te disent que tel ou tel autre médicament n’est pas disponible », raconte une prénommée Anita de Nyabiharage à Gitega. Cette mère de famille indique en outre que la politique de gratuité des soins financée par l’Union européenne en faveur des mères enceintes et des enfants de moins de 5 ans est salutaire mais que sa mise en application est présente beaucoup de lacunes au niveau de plusieurs structures de soins. Elle affirme qu’une patiente ou un patient qui paie l’intégralité des frais de soins est bien accueilli et mieux considéré que celle ou celui qui n’amène que des draps pour être hospitalisé.

« Je pense que la gratuité ne porte pas sur tous les médicaments. Sinon, les médecins ne devraient pas nous orienter dans des pharmacies avec une ordonnance médicale », ajoute-t-elle. La prénommée Jeannette n’est pas loin de cette observation mais tout en apportant quelques nuances. Elle dit qu’elle ne peut pas accuser tout le personnel soignant d’être laxiste mais qu’il existe certaines choses à corriger avant d’ajouter que l’accueil qu’on reçoit est parfois décourageant.

« Si ce n’est pas pour les césariennes où des gens s’appliquent comme il faut, le reste est à discuter ». C’est la même indignation chez le prénommé Patrice, un père de famille de cinq enfants. Il s’insurge en effet contre le personnel soignant qui ne respecte pas la vie d’autrui. Il fait remarquer qu’il suffit que tu sois paysan ou une personne de la campagne pour que les infirmiers et infirmières ne te respectent pas. Il donne l’exemple d’un centre de santé de sa commune où les travailleurs soignent à la place de l’infirmier.

Bien informer les patientes

Certaines bénéficiaires reconnaissent que tout est à expliquer car beaucoup de patientes n’ont pas de connaissances suffisantes sur les types de maladie à soigner ou de médicaments à recevoir gratuitement. Encore que la majorité parmi ces patientes ne soit pas capable de lire. Le personnel soignant doit être aussi recyclé pour ne pas semer le doute dans l’esprit des femmes. Elles proposent que la première chose à faire est de sensibiliser d’abord ceux qui sont directement en contact avec les patientes.

« S’ils te reçoivent, ils ne t’expliquent rien si ce n’est que de te donner une ordonnance pour aller à la pharmacie. Ils ne vous donnent aucune information sur les maladies qu’on ne soigne pas gratuitement ou les médicaments qui ne sont pas gratuits », déplore Dorothée Nzeyimana qui a un enfant de moins de 5 ans. Elle estime qu’il revient à celui ou celle qui a reçu la patiente de l’informer sur ce qui est exigé pour être soigné gratuitement. « Ce n’est qu’après des heures et des heures d’attente et de souffrance qu’on vient te dire que tu ne seras pas soignée gratuitement ou que tu dois t’acheter des médicaments », déplore-t-elle.

« Certains membres du personnel soignants sont très distants et ne se soucient pas de la santé des patientes. Tout se passe comme si nous venions demander la charité. Ils ont besoin des formations en accueil et en communication non violente », indique-t-elle.

Dénoncer les écarts

Pour le médecin chef de District sanitaire de Gitega, Dr Damascène Bayubahe, non seulement des documents sont exigés, entre autres la carte nationale d’identité et l’extrait de naissance, mais aussi toutes les maladies ne sont pas soignées gratuitement.

C’était le lundi 20 mai 2024 à Gitega lors d’une séance de sensibilisation communautaire et de renforcement des connaissances des bénéficiaires sur la politique de gratuité des soins au Burundi. Il ne rejette pas non plus totalement les accusations de certaines patientes mais il leur demande de dénoncer toute personne qui ne remplit pas correctement sa mission dans la mise en pratique de la mesure de la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans.

« Si tu n’es pas bien reçue, dis-le au moins aux agents de santé communautaire. Mais, ce qu’il faut savoir, c’est que toutes les maladies ne sont pas soignées gratuitement que vous soyez enceintes ou un enfant de moins de 5 ans », a fait savoir Dr Bayubahe.

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Singirankabo Jérôme

    Pour ma part je suis toujours surpris de voir les médecins au Burundi prescrire à des personnes sans ressources des médicaments de marque comme par exemple l’Efferalgan® ou le Doliprane® qui sont 10 voir 15 fois plus cher que le générique (dans le cas présent le paracétamol ) alors que c’est exactement la même chose.
    Une sensibilisation (des médecins) s’impose sans doute aussi de ce côté là!

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Respect des morts. A l’école du Mexique

« J’ai obéi à une loi, de ces lois que personne n’a écrites, qui existent on ne sait depuis quand et qui sont éternelles. Ces lois dictent aux êtres humains de traiter leurs semblables avec humanité et de ne pas (…)

Online Users

Total 2 184 users online