Mardi 17 juin 2025

Société

Redéploiement des enseignants : des doutes dans sa mise en exécution

17/06/2025 0
Redéploiement des enseignants : des doutes dans sa mise en exécution
Le ministre François Havyarimana : « Le retour des redéployés constitue une instruction à respecter scrupuleusement »

Le retour des redéployés annoncé par le ministère de l’Education nationale suscite des doutes parmi les enseignants. Néanmoins, certains ont accueilli à bras ouverts la note y relative même si elle ne concerne que quelques-uns. Les enseignants appellent à son respect.

La note du 22 mai 2025 portant retour des redéployés adressée aux directeurs provinciaux de l’Education par le ministère de l’Education nationale et de la Recherche scientifique a été bien accueillie par les enseignants même si certains craignent des magouilles.

B.E., un enseignant d’une école de Bukinanyana dans la province de Cibitoke fait savoir que le redéploiement a toujours été annoncé mais qu’il n’a jamais été en faveur des enseignants bénéficiaires.

Il donne l’exemple d’un enseignant de la commune Murwi de la province de Cibitoke qui a été redéployé vers sa commune d’origine à Matana mais qui n’a fait qu’une seule année avant d’être redéployé de nouveau dans la province de Karusi encore plus loin des siens.

Il affirme qu’avec le salaire d’un enseignant, il est difficile de joindre les deux bouts du mois pour deux ménages puisque le couple est désormais séparé. « Je ne peux pas me permettre un stock en vivres de tout un mois avec mon salaire », déplore-t-il.
Les déplacements lui coûtent les yeux de la tête. « Un aller-retour me coûte 50 000 BIF, sans parler de cette situation de manque de carburant ou ces frais de transport qui peuvent aller jusqu’à 100 000 BIF. On est obligé de tout faire pour être près de la famille. »

La note demande aux directeurs provinciaux qu’au lieu de proposer des remplaçants de la même commune, il faille proposer ceux qui sont sur la liste d’attente dans la commune où travaille l’enseignant désirant le retour pour que ce dernier puisse retourner dans sa commune d’origine.

Un autre enseignant estime que la mesure en soi est une bonne chose. Il demande plutôt que sa mise en application soit concrète malgré qu’elle ne concerne pas tous les enseignant désireux de retourner travailler là où résident leurs familles.

Selon lui, il y a toujours des enseignants ou des directeurs provinciaux qui risquent de contourner la mesure en faveur de ceux qui n’ont pas été redéployés auparavant. « Ceux qui sont séparés de leurs familles sont nombreux et ils désirent une mise en application qui est profitable d’une manière concrète. »

Le redéploiement a été et reste toujours préoccupant

Pour la Fédération nationale des Syndicats du secteur de l’enseignement et de l’éducation du Burundi, Fenaseeb, la question concernant le redéploiement ne date pas d’hier et reste d’actualité.

Selon Antoine Manuma, les premiers enseignants ont été redéployés en 2016 et ensuite en 2017. Il explique que beaucoup d’enseignants ont été mutés dans des coins éloignés de leurs familles. « Cela a entrainé une grande perturbation dans les ménages. Ce qui a donné l’image de séparation ou de divorce des couples. »

Antoine Manuma : « Il s’agit d’un grand soulagement pour les enseignants après 9 ans de calvaire »

Pour le représentant de la Fenaseeb, depuis 2016, les enseignants et leurs familles mènent une vie très difficile. « Il y a ceux qui n’ont même pas la possibilité de voir leurs familles à cause de la cherté de la vie notamment ce manque de carburant qui a entrainé une montée vertigineuse des tickets de transport. Il y’en a aussi qui ont été mutés dans des endroits qui ne leur sont pas favorables. »

Il fait remarquer qu’« il est difficile par exemple pour un enseignant de Bururi de s’adapter à Karusi, ou celui de Mwaro à Kayanza. Eux et leurs familles en souffrent énormément », explique-t-il.

Il fait en outre savoir que suite à cette mesure de 2016, nombreux sont ceux qui n’ont pas pu tenir. Ils ont préféré abandonner le métier d’enseignant. Il demande que ceux qui ont résisté depuis lors puissent voir leurs souffrances allégées et soient ramenés prester près de leurs familles.
« Nous avons à maintes reprises plaidé auprès du ministre, mais nous avons constaté à chaque fois une mauvaise volonté à cause du manque criant d’enseignants », souligne-t-il.
Il trouve injuste que depuis ces redéploiements, il existe toujours ceux qui n’ont jamais été rappelés pour des remplacements dans leur milieu d’origine. « Nous n’avons jamais compris le motif des redéploiements. »

Les redéploiements, pour Antoine Manuma, ont été une action de mauvaise foi. Ces mesures, selon lui, pouvaient se faire dans une entente qui pouvait faciliter l’enseignant et sa famille.
Pour la Fenaseeb, la mesure actuelle arrive à point nommé. Seulement, il faut la revoir là où elle stipule qu’à chaque fois qu’il y a des départs, 50% seront des redéployés retournés et 50% de nouveaux enseignants recrutés. Il fait savoir que la vie que mènent ces enseignants est pénible.

Il propose que le nombre d’enseignants retournés soit revu à la hausse et que les nouveaux soient affectés dans leurs milieux de provenance. « Ce serait un grand soulagement pour ces enseignants après 8 à 9 ans de calvaire. »
Il estime que 9 ans suffisent pour vivre une séparation et propose la poursuite des négociations dans l’intérêt des enseignants, de leurs familles et des élèves. « Un enseignant mal en point ne pourra jamais bien dispenser son cours et la répercussion sera désastreuse sur l’enseignement. »

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