Vendredi 29 mars 2024

Environnement

Quand les pneus usés détrônent le bois dans les salons

29/12/2017 2

L’originalité et la durabilité, deux principales caractéristiques des meubles et des pots de fleurs fabriqués à base de pneus usés par Leo Cheko Yafeti, un ’’bidouilleur’’ congolais installé à Bujumbura.

Yafeti, le bricoleur congolais avec un fauteuil à base de pneus

C’est tout près de la jonction de l’Avenue de la Mission avec l’Avenue de l’Université, que cet artiste a implanté son atelier. Sa clientèle a une gamme variée de choix : fauteuils, chaises, pots pour fleurs, canapés, etc.

Pour produire un fauteuil, il faut trois pneus, du fil en nylon, des vis, des mousses, de la colle et de tissus essentiellement du velours. Des pieds de canapé sont également ajoutés.

Un fauteuil moyen est vendu à 100 mille Fbu. D’après lui, ses produits ne sont pas chers comparativement à d’autres meubles en bois sur le marché. La production d’un salon complet prend toute une semaine.

M. Yafeti confie que les jeunes couples apprécient ses œuvres. «Ceux-ci constituent plus de 40% de mes clients. Ils cherchent quelque chose d’original, de spécial et bien raffiné.»

Puis viennent alors les jeunes qui quittent le toit familial pour être autonomes. « Ils ont presque les mêmes aspirations que les jeunes mariés et ont pour la plupart de petits espaces à organiser rationnellement».

A ceux-là, il faut ajouter les familles moyennes à la recherche d’un nouveau décor dans leurs maisons. Enfin, il y a les détenteurs des espaces d’accueils, des tenanciers de bars, des restaurants. «Ils apprécient mes produits.» A huit mois d’activités, ils ont déjà reçus environ trente commandes.

Pour sa part, un futur jeune marié croisé sur place dit qu’il a opté pour ces produits pour trois raisons : «D’abord, ils prennent un petit espace, ils sont légers.» Il ajoute que c’est également pour encourager de nouvelles idées, favoriser l’innovation.

Des vies sauvées

Avec son projet, l’initiateur encadre déjà une dizaine de jeunes dont quatre filles. «En plus de la formation, nous leur donnons mensuellement en peu d’argent pour subvenir à leurs besoins », raconte-t-il, sans préciser le montant. Et la majorité était désœuvrée.

En outre, ce recyclage des pneus usés répond à une triple préoccupation. Tout ce qu’on utilise comme meubles est majoritairement fabriqué à partir de l’arbre.

« Notre but est d’abord de réduire la consommation du bois». Un aspect qui entre également dans la protection de l’environnement. M. Yafeti rappelle que pour s’en débarrasser, ces pneus sont normalement brûlés. «Cela produit une grande quantité de gaz carbonique, c’est très polluant».

Sur le plan sanitaire, il rappelle que normalement, les pneus usés sont jetés ici et là dans la nature. «Ils deviennent de bonnes niches de moustiques, vecteurs de la malaria».

Selon lui, en les recyclant pour fabriquer des fauteuils, des chaises, …, on empêche la multiplication des moustiques. Et par conséquent, il y a des vies sauvées.

Cependant, les défis ne manquent pas. Il cite les difficultés d’organiser des formations supplémentaires pour ses employés, de rencontrer d’autres bricoleurs étrangers afin de profiter de leurs expériences.

La jeune entreprise a besoin également de plus d’espaces pour le stockage des pneus, faire des expositions, etc. «Les moyens financiers font aussi défaut».

Ce diplômé en Droit à l’Université Sagesse d’Afrique en 2014, affirme que l’étape actuelle est le résultat de la patience. L’aventure a commencé en 2015 en pleine crise. Il a dû interrompre ses activités pour retourner au Congo pour quelques mois.

Il est revenu à Bujumbura à la fin de 2015 pour relancer son projet. «Quand je récupérais les pneus, les policiers me regardaient du coin de l’œil. Il y a toujours ces images des barricades avec des pneus en flamme. Je devais leur expliquer mon projet ». C’est en novembre 2016, que les activités ont débuté.

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. roger crettol

    Vu également au Brésil, dans la région de São Salvador de Bahia. C’est une bonne idée !

    • nunu nado

      Mais il faut faire attention aux produits chimiques qui y degagent doucement et lentement qui causent les maladies respiratoires et autres….(surtout aux enfants, personnes agees et malades).

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