Vendredi 26 avril 2024

Editorial

Quand le ministre Ndirakobuca prend la grosse seringue

22/07/2022 5

Le 19 juillet se tient une réunion d’information et de sensibilisation sur la fièvre de la vallée du Rift qui sévit depuis le mois d’avril, décimant les vaches et les petits ruminants au Burundi.
Le ministre de l’Elevage est là. Le ministre de l’Intérieur aussi. M. Gervais Ndirakobuca. Il écoute attentivement les stratégies scientifiques préconisées et les exposés des experts.

Et puis… les scientifiques vont passer un mauvais quart d’heure. Militaire dans l’âme, – il le rappelle souvent -, le ministre Ndirakobuca déclare qu’il ne va pas attendre « la campagne de vaccination annoncée pour le mois d’août par le ministère chargé de l’Elevage ».

Après avoir littéralement tapé du poing sur la table, il fusille du regard et bombarde de questions les cadres du ministère de l’Elevage, venus expliquer doctement « la riposte ».
Ces experts conditionnent la vaccination par les résultats du séro-monitoring et l’établissement d’une cartographie évaluée à 127 millions de francs burundais.

Avec son franc-parler et une pincée d’ironie, le ministre Ndirakobuca prend la parole pour ’’remercier les conférenciers pour les expertises qui montrent qu’ils ont bien assimilé leurs matières à l’école, la science’’. Mais l’heure n’est pas à la science. Mais à l’action. Immédiate.

Imperturbable dans ses décisions, mêmes celles qui sont décriées, pour ne pas dire peu populaires, il veut la vaccination. Sans délai. Ce qui rappelle sa formule restée célèbre : « Même amère, la pilule finit par passer ».
Il rappelle qu’il y a urgence, qu’il veut des réponses, qu’il est militaire, autoritaire, qu’un mois demandé pour des descentes sur terrain et mener des enquêtes préliminaires pour ’’établir une cartographie est un mois de trop alors qu’il y a trois mois que les vaches et les chèvres meurent suite à cette une épizootie’’.

Le ministre Ndirakobuca dit ne pas comprendre le fait d’attendre les financements des partenaires pour mener quelques actions. Selon lui, la vaccination s’impose au plus vite pour sauver ce qui peut l’être sans tarder.
Il confie que ses propres vaches ont été vaccinées, il estime que le prix d’une dose de vaccin est une somme en tout cas « abordable pour un éleveur burundais ».

Le ministre Déo Guide Rurema, en charge de l’Elevage, essayera tant bien que mal de défendre ses cadres et sa cathédrale littéralement assiégée, arguant qu’il faut une ’’complémentarité et qu’il faut éviter d’aller dans une sorte de compétition’’.

Mais tout le monde a compris que la messe est dite. Alea Jacta Est. Le ministère de l’Elevage doit suivre. Qui a raison ? Les experts du ministère de l’Elevage, prudents, avec leurs études, descentes et autres cartographies ou le ministre, partisan d’une réponse immédiate, quasi militaire ? Seul l’avenir nous le dira.

Forum des lecteurs d'Iwacu

5 réactions
  1. Nganyirande

    En effet, si la maladie est connue et la vaccin aussi, que faut-il attendre ?
    Si mes souvenirs sont bons, dans les années 90, il semblerait qu’il y avait une épidémie de méningite ! L’ordre était de se faire vacciner et non de faire des tests d’abord puis vaccinés après.
    Efficacité, efficacité !!!

  2. Gentil

    Merci Abbas! J’ai toujours soif de lire tes édito, mais celui d’aujourd’hui ne cesse de tourner dans ma tête.
    J’aimerais donc savoir si l’on procèdera à la vaccination des vaches et des petits ruminants sans que les résultats issus du laboratoire prouvent de quelle maladie elle s’agit. A mon avis, même si le Ministre Ndirakobuca veut que des gestes urgents de riposte soient posés, il faudrait d’abord penser à leur efficacité face à la gravité de la maladie. Sinon, le pays risquerait de perdre et les moyens et les ruminants.

  3. Gacece

    Un vaccin, avant d’être approuvé pour administration, doit passer par des protocoles rigoureux. Si un vaccin existe pour cette maladie, pour qui se prennent ces « scientifiques » pour le remettre en question?

    Le Ministre Ndirakobuca a raison d’être furieux contre cette bureaucratie inutile.

    Les gens qui ont développé ce vaccin se sont déjà posé toute les questions imaginables et inimaginables que pourraient se poser nos « chers scientifiques » et ils doivent avoir consigné les réponses dans des manuels et notices techniques qui accompagnent le vaccin. Perdre du temps dans des tergiversations injustifiées (absentes des instructions, protocoles et notices des manuels) alors que le remède existe, c’est à la limite criminel.

    On prend le vaccin, on vaccine!… et pas de chichis!

  4. Mafero

    « …les vaches » (du Tout puissant Ministre) ont ete vaccinees… » me rappele un ouvrage d’un eminent ecrivain Africain quand il disait que « les chiens du roi » sont les « rois des chiens »

    • mafero ah,ah… je me rappele bien de lui on se connait depuis Rugari…bonjour honorable Joseph Ntakarutimana

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