Vendredi 19 avril 2024

Editorial

Pour plus de transparence dans la passation des marchés publics

25/05/2023 3

Le Forum national sur le développement, deuxième édition, tenu du 20 au 21 avril avait pour thème : « Vision Burundi pays émergent en 2040 et pays développé en 2060 ».

Une opinion a qualifié cette vision d’utopie, de rêve, d’illusion. Des optimistes, y compris certains grands chercheurs, estiment quant à eux qu’elle est réaliste, faisable.

Avec un bémol, tout de même. Il ne suffit pas d’avoir un sous-sol qui regorge de minerais ou d’autres ressources à la base du développement, il faut d’abord changer de mentalité, adopter des pratiques qui visent le respect de la chose publique, notamment la transparence dans le processus de passation des marchés publics.

Au Burundi, les marchés publics représentent de véritables enjeux économiques et financiers, voire de développement. Chaque année, une part importante du budget de l’Etat fait l’objet de passation de marchés. Ils sont donc stratégiques pour impulser et soutenir la croissance à travers des projets d’investissement et d’équipement.

Par Léandre Sikuyavuga
Directeur du groupe de presse Iwacu

Hélas, un diagnostic de la gestion des marchés publics dans notre pays laisse entrevoir que les procédures d’attribution manquent souvent de transparence et ne répondent pas toujours à des critères de sélection objectifs.

On a été surpris, à maintes reprises, d’entendre que des barrages, des écoles, des hôpitaux, des routes, bref des infrastructures d’intérêt public n’ont pas été exécutées ou des soumissionnaires n’ont pas été à la hauteur. « Y a-t-il eu des appels d’offres ouverts basés sur une concurrence effective et en toute transparence ? » Cette question se pose à chaque fois que nos autorités sermonnent les soumissionnaires qui ont failli à leurs offres ou les agents publics qui ont donné le marché.

Pourtant, l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) devrait exercer principalement des fonctions de contrôle des procédures de passation et d’exécution de ces marchés. Selon un spécialiste en droit fiscal, il doit y avoir un système intègre des marchés publics basé sur l’égalité de traitement, la concurrence entre les différents soumissionnaires, la transparence dans les procédures et le respect scrupuleux des règles établies. « Le principe est simple : un marché public doit être attribué au soumissionnaire offrant le meilleur rapport qualité/prix ».

Un autre vice souvent dénoncé dans ce domaine est l’impunité. Les sanctions relevant des infractions liées à la législation et à la réglementation dans les procédures de passation des marchés publics ne sont pas appliquées dans leur rigueur. Pour ce spécialiste, tout agent public impliqué dans des manœuvres frauduleuses, quel que soit le degré de son implication ou de la faute commise, devrait être radié définitivement des effectifs, sans préjudice d’éventuelles sanctions pénales.

Les entreprises fautives devraient être exclues de toutes les procédures et soumises aussi à des sanctions pénales. Il propose la création d’un portail électronique « qui vise essentiellement à simplifier et à rationaliser les procédures de passation, à économiser les coûts et surtout à minimiser l’intervention humaine dans les marchés publics afin de réduire tout risque de compromission et de corruption ».

En un mot comme en mille, un système des marchés publics bien conçu constitue un maillon incontournable dans la vie économique, un levier stratégique pour le développement socio-économique en vue d’aboutir aux objectifs des politiques publiques. Si le gouvernement veut atteindre ses objectifs de pays émergent et pays développé, respectivement à l’horizon 2040 et 2060, la transparence, l’efficacité et la responsabilité s’imposent, entre autres choses, dans la passation et gestion des marchés publics.

Forum des lecteurs d'Iwacu

3 réactions
  1. Nsabimana

    Je trouve inadéquate cette considération car déjà la mentalité burundaise se métamorphose vers le développement moral psychologique et économique
    je certifie que ce pari sera atteint
    merci

  2. Maningo Jean claude

    Les organes de contrôle et de régulation des marchés publics doivent rendre opérationnel le journal des marchés publics qui ferait connaître notamment les abus dans la passation des marchés. Il faut également adopter des mécanismes spécifiques pour surveiller les marchés publics ainsi que déceler les fautes commises et les sanctionner. Mais le fiasco du barrage de Mpanda, où les auteurs se la coulent douce, est un mauvais précédent malheureusement.

  3. hakizimana

    Je ne suis pas tellement vieux, mais l’expérience que j’ai me fait douter de voir ce bon siècle dans lequel la transparence sera de mise en ce qui concerne la gestion des marches publics parce que c’est un domaine très sensible. Là ou il y a l’argent , il y a toujours des problèmes et il faudra des hommes intègres, honnêtes et compétents pour ne pas dire intelligents pour résoudre ces problèmes . Dans un passée qui n’est pas très lointain, j’ai eu la chance de participer à la réalisation d’une étude portant sur l’analyse de la transparence dans la gestion des marches publics au Burundi. Le constat est accablant, les conclusions sont alarmantes et les recommandations ne manquent pas mais ces dernières restent lettres mortes. Au vue de ce qui se passe au Burundi, et en considération des exigences pour que l’on puisse parler de bonne gestion des marches publics, il est difficile de soumettre une recommandation allant dans ce sens et espérer obtenir une suite favorable. La question principale que l’on peut poser à une personne abattue comme moi c’est de savoir par quelle voie commencera le changement dans le bon sens? En attendant que les plus optimistes y réfléchissent, reka nje gutondera essence kuri station.

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