Dans certains quartiers de Bujumbura, la gestion des déchets ménagers suscite de plus en plus d’inquiétudes chez les habitants. Entre retards dans la collecte, absence de transparence sur les tarifs appliqués par les sociétés chargées de la collecte, les citoyens dénoncent une situation confuse et peu encadrée. Ils s’interrogent également sur le devenir de ces ordures abandonnées dans leur environnement.
« Avant, chaque ménage payait entre 10 000 et 15 000 FBu par mois. Mais, avec les nouveaux contrats, on nous dit de payer entre 20 000, 30 000 et 40 000 FBu », témoigne un habitant du quartier Huriro, anciennement appelé Mutanga Nord de la commune Ntahangwa
Un autre habitant de la même commune déplore l’irrégularité du service de collecte. Il souligne que ces sociétés passent de façon aléatoire alors que selon les contrats signés, elles devraient venir une ou deux fois par mois.
Un habitant du quartier Kibenga de la commune Mugere fait le même constat. D’après lui, les sociétés chargées de la collecte des déchets ne sont régulières que lorsqu’il s’agit d’encaisser les paiements. Il affirme payer chaque mois, alors que ces sociétés peuvent passer jusqu’à deux mois sans venir ramasser les ordures.
Absence de transparence dans l’élaboration des contrats
Outre l’irrégularité du service, de nombreux habitants dénoncent le manque de concertation autour des contrats de collecte. Ils affirment que ces accords sont souvent établis sans leur avis, avec des prix difficilement justifiables.
« Les contrats devraient être négociés directement entre les sociétés de collecte et les habitants. Cependant, certaines sociétés présentent des contrats déjà établis, sans consultation préalable. Cela soulève des questions sur les critères utilisés pour fixer les tarifs et sur la transparence de ces prix imposés. »
Il cite en exemple certains quartiers de la commune Mukaza, comme Bwiza, Jabe ou Nyakabiga, où le tarif est uniformément fixé à 5 000 FBu par ménage et par mois contre 6 000 FBu dans la zone Kamenge, alors que dans d’autres quartiers, le montant dépasse parfois les 15 000 FBu.
Le devenir incertain des déchets non collectés
Faute de collecte régulière par les sociétés agréées, certains habitants se tournent vers d’autres alternatives. De jeunes particuliers se proposent de transporter les déchets en échange d’une petite somme d’argent. Mais, sans suivi ni encadrement, ces initiatives soulèvent des interrogations sur la destination finale de ces ordures.
« Dans notre quartier, des personnes sillonnent les rues en criant, à la manière des vendeurs ambulants de fruits ou de légumes, pour proposer la collecte des déchets. On les entend lancer des appels comme « rya yarara, rya yarara », annonçant ainsi leur service aux ménages. » témoigne une habitante du quartier
Elle raconte qu’un jour, un jeune garçon s’est présenté chez eux pour proposer d’emporter leurs déchets. Mais, plus tard, ils ont découvert qu’il les avait simplement abandonnés devant le portail.
Elle ajoute qu’auparavant, la plupart de ces déchets étaient jetés dans la rivière Nyabagere. Mais, depuis que l’accès à cette rivière a été fermé, elle ignore où ces jeunes les déversent.
Pour J.H., habitante du quartier Sangwe dans la commune Ntahangwa, anciennement appelée Gihosha, lorsque les déchets s’accumulent, ils finissent par les brûler ou les jeter dans les champs.
Dans le quartier Kanyosha, situé dans la commune Mugere, les habitants déplorent le comportement de certaines personnes qui déversent les déchets ménagers aux abords des rivières.
« Parfois, quand l’eau potable manque, nous sommes contraints d’utiliser l’eau de la rivière pour certaines tâches ménagères. Mais, avec tous ces déchets qu’on y jette, l’eau devient encore plus polluée. », témoigne un habitant
Les habitants appellent à une plus grande transparence dans la gestion des déchets ménagers. Ils interpellent les administrateurs communaux afin qu’ils assurent un meilleur suivi de cette problématique, d’autant plus que les sociétés chargées de la collecte des déchets opèrent sous la responsabilité directe des communes.
Des habitants échappent aux contrats de collecte

Selon Nathan Rukundo, président directeur général de Runa B.C, une société chargée de la collecte des déchets ménagers dans cinq quartiers de la zone Gihosha, les tarifs appliqués ne peuvent pas être uniformes pour tous les quartiers ni pour tous les ménages. Il explique que les prix sont fixés en fonction des moyens logistiques à mobiliser, comme la location des véhicules, le paiement des travailleurs, le transport vers le dépotoir de Buterere, ainsi que la taille des parcelles évaluée lors d’une visite préalable.
« Dans le quartier Huriro, par exemple, la majorité des parcelles sont vastes, avec des jardins et des arbres à l’intérieur. Cela implique une production de déchets nettement plus importante que dans d’autres quartiers. »
Plus un quartier produit de déchets, plus les moyens logistiques nécessaires sont importants. Une voiture peut desservir 100 ménages dans certains quartiers, contre seulement 20 dans ceux à grandes parcelles.
Concernant les contrats, il précise qu’une visite des ménages permet d’estimer un prix adapté, suivi d’une discussion avec le propriétaire pour ajuster ce prix avant la signature.
M. Rukundo souligne que certains habitants refusent de signer des contrats avec les sociétés de collecte. Cela entraîne l’abandon de déchets dans des lieux inadaptés.
Il appelle les autorités locales à faciliter le dialogue avec ces ménages et à mettre en place des mesures pour limiter ces pratiques. Pour les retards observés, il évoque des contraintes comme le manque ponctuel de carburant. Il assure qu’une communication est toujours faite auprès des administratifs concernés.
Contacté, l’administrateur de la commune Ntahangwa a indiqué qu’il n’était pas au courant de la situation. Il a précisé avoir entamé des échanges avec les chefs de zone après en avoir été informé.
Quant à l’administrateur de la commune Mugere, elle n’a pas voulu réagir.









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