Le Centre d’alerte et de prévention des conflits (Cenap) a organisé ce vendredi 25 juillet un atelier à l’endroit des femmes leaders. Aux côtés de certains responsables publics et d’acteurs masculins engagés, elles ont été appelées à s’impliquer davantage dans la vie publique, malgré les nombreux freins culturels et sociaux.
Réunies sous le thème : « Mukenyezi, uruhara rwawe rurakenewe mw’iterambere ry’aho ubaye no mu gihugu cose » (Femme, ton rôle est crucial dans le développement communautaire et national), elles ont échangé sur les défis qui freinent leur épanouissement et leur pleine participation politique.
« Lorsqu’une femme se développe, sa famille se développe, et son pays également », a souligné Liberate Nahimana, présidente du Cenap. L’objectif de la rencontre était clair : mettre en lumière les obstacles spécifiques et chercher des réponses concrètes à ces défis.
Désiré Nitunga, directeur général pour la coordination des ONG et de la promotion des libertés publiques au ministère de l’Intérieur, a rappelé que les femmes constituent plus de 53 % de la population nationale, soulignant leur poids dans l’avenir du pays.
Il a salué les efforts du gouvernement, avec des objectifs de représentation ambitieux : plus de 40 % de femmes dans la future assemblée nationale, au moins 30 % dans les conseils communaux et au Sénat.
Mais, sur le terrain, la dynamique est encore timide. Lors de ces échanges sur la participation de la femme dans la vie politique du pays, François Bizimana, commissaire à l’éducation électorale et à la communication à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), a révélé que la part des femmes candidates inscrites sur les listes électorales du double scrutin précédent reste largement insuffisante.
« Que les hommes changent de mentalité »

« Dans la province de Butanyerera, seules 20 % des candidatures sont féminines ; à Gitega, 23 % ; à Buhumuza et Burunga, 22 % ; et à Bujumbura, seulement 19 %. La moyenne nationale ne dépasse pas les 30 % », a-t-il indiqué.
Pour lui, cela reflète un problème plus profond : « Les femmes ne peuvent espérer accéder à davantage de postes décisionnels si elles n’osent pas d’abord se porter candidates. Avant d’occuper des fonctions de pouvoir, il faut oser prendre cette première décision ».
Alphonsine Ndikumana, l’une des panélistes, a rappelé que les blocages sont souvent d’ordre culturel. « Les traditions burundaises, encore fortement ancrées, freinent l’implication des femmes dans la gestion des affaires publiques », a-t-elle regretté.
Elles ont aussi évoqué la pauvreté, le manque de moyens logistiques ou financiers, ainsi que la domination masculine au sein des ménages. Certaines ont dénoncé les résistances des époux, peu enclins à laisser leurs femmes briguer des mandats politiques, par peur d’être relégués à l’arrière-plan.

« Tant que les mentalités des hommes ne changeront pas, le chemin restera encore long pour le développement des femmes », ont affirmé plusieurs participantes.
François Bizimana les a exhortées à sensibiliser les électeurs à voter pour les candidates aux prochaines collinaires à leur retour dans leurs communautés. « Si vous vous engagez sérieusement, je suis convaincu qu’elles seront élues », a-t-il affirmé.
Cet atelier du Cenap, qui a rassemblé des femmes leaders issues de toutes les provinces, s’est achevé sur un appel fort à la confiance, à l’engagement et à la solidarité féminine pour briser les barrières qui entravent encore leur plein épanouissement dans la sphère publique.
Charte des utilisateurs des forums d'Iwacu
Merci de prendre connaissances de nos règles d'usage avant de publier un commentaire.
Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes, antisémites, diffamatoires ou injurieux, appelant à des divisions ethniques ou régionalistes, divulguant des informations relatives à la vie privée d’une personne, utilisant des œuvres protégées par les droits d’auteur (textes, photos, vidéos…) sans mentionner la source.
Iwacu se réserve le droit de supprimer tout commentaire susceptible de contrevenir à la présente charte, ainsi que tout commentaire hors-sujet, répété plusieurs fois, promotionnel ou grossier. Par ailleurs, tout commentaire écrit en lettres capitales sera supprimé d’office.